Restaurer
l’image de la France comme « superpuissance » est une façon pour Macron
de renforcer son gouvernement face à la contestation sociale dans
l’hexagone. C’est en ce sens que le président français a affirmé avoir «
convaincu » Trump sur la politique à mener en Syrie face à l’attaque
chimique. Trump a tout de suite démenti. En temps de Fake News…
La très longue interview de Macron face à Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin a commencé par le bombardement de la coalition occidentale en Syrie
dans la nuit de vendredi. Dossier très bien maitrisé par le locataire
de l’Elysée. Macron a appris par cœur le discours pour justifier
l’agression impérialiste. La complaisance de ses interlocuteurs sur ce
sujet a évidemment aidé le président français. Mais dans ce dossier
Macron réservait, aux plus de 3 millions de spectateurs, une petite
« surprise ».
Macron a ainsi affirmé : « Il y a dix jours, le président Trump,
disait : les Etats Unis d’Amérique ont vocation à se désengager de la
Syrie. Nous l’avons convaincu… Nous l’avons convaincu qu’il était
nécessaire d’y rester. (…) Nous l’avons aussi convaincu qu’il fallait
limiter ces frappes aux armes chimiques alors qu’il y a eu des
emballements médiatiques par voie de tweets… ».
Macron serait ainsi non seulement un homme d’Etat qui « tient ses
engagements » en matière de respect des « Droits de l’Homme » en Syrie,
il est même capable de « convaincre », voire de « diriger »,
l’indomptable et politiquement incorrect président de la principale
puissance impérialiste, Donald Trump.
La réponse de la Maison Blanche ne s’est pas faite attendre. Sa
porte-parole Sarah Sanders a en effet affirmé dans un communiqué : « la
mission américaine n’a pas changé – le président a été clair sur le
fait qu’il veut que les forces américaines rentrent à la maison le plus
vite possible. Nous sommes déterminés à écraser totalement Daech et à
créer les conditions qui empêcheront son retour. En outre, nous
attendons de nos alliés et partenaires régionaux qu’ils prennent une
responsabilité accrue, à la fois militairement et financièrement, pour
sécuriser la région ».
Macron aurait-il (encore) menti ? En tout cas, les raisons pour que
les Etats Unis reportent le départ de leurs troupes du sol syrien et
pour qu’ils limitent les frappes à des objectifs bien précis en essayant
d’évier une escalade sont bien plus importantes que tous les discours
du président français.
Pour les Etats-Unis, partir de la Syrie serait clairement reconnaître
la victoire d’Assad et ses alliés, notamment la Russie. Cela aurait
pour conséquences d’affaiblir encore plus la position des Etats-Unis
dans la région, et cela sans parler des conséquences au niveau des
rivalités régionales. L’utilisation d’armes chimiques, avérée ou pas,
était effectivement un bon prétexte pour Trump pour revenir sur sa
décision, au moins temporairement, sans que cela apparaisse comme un
recul.
Quant à éviter l’escalade, il paraît évident que, par-delà les
discours guerriers et les « phrases assassines », personne ne veut
aujourd’hui aller vers un affrontement aussi dangereux entre puissances
régionales et internationales. À tel point que les ailes les plus
agressives de l’establishment nord-américain se montraient plutôt déçues
des frappes, qui essentiellement sont une répétition de celles de
l’année dernière mais avec plus de missiles lancés et impliquant
d’autres puissances impérialistes.
Macron a insisté dans son interview pour présenter l’agression
impérialiste en Syrie comme un « succès » total. Faudrait encore se
demander quel était l’objectif. Car la réalité c’est que les
conséquences de ces frappes seront très limitées. Ni logistiquement, ni
géopolitiquement ni même moralement, Assad et ses alliés n’ont vu leurs
positions être ébranlées. Ils pourront ainsi continuer leurs massacres
contre le peuple syrien.
Cependant, même si par rapport aux annonces de la part des
gouvernements occidentaux, ces frappes ont été très limitées, les
travailleurs et la jeunesse doivent dénoncer haut et fort cette
agression impérialiste. Ces puissances n’ont rien à faire du sort du
peuple syrien ; elles poursuivent leurs propres intérêts et objectifs,
géopolitiques et aussi sur le plan de la politique nationale de chaque
pays. Ces interventions militaires ne font qu’empirer la situation.
C’est pour cela qu’il faut exiger le retrait immédiat de toutes les
puissances régionales et internationales de la Syrie, seule façon de
mettre fin à cette guerre réactionnaire.
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