L’actualité
grecque (plans d’austérité à la chaîne, résistances sociales et
« nouveaux » phénomènes politiques) est une anticipation de ce que
pourrait se passer dans le reste de l’Europe. En ce sens, il est
fondamental que l’ensemble du parti puisse s’emparer du débat.
C’est une question essentielle pour la formation des camarades, pour les discussions avec notre milieu, mais aussi, et avant tout, pour s’opposer aux amis français de la direction de Syriza, la direction du Front de Gauche. Celle-ci nous propose une nouvelle mouture de l’anti - libéralisme à la « gauche de la gauche », alors que ce dont nous avons besoin, c’est d’une orientation révolutionnaire qui soit à la hauteur de la situation et utile aux luttes de notre classe.
Ecrasés par les politiques appliquées par des
gouvernements PASOK/Nouvelle Démocratie ou « techniques » aux ordres de
la Troïka, beaucoup de jeunes et de travailleurs grecs radicalisés, à la
recherche d’une alternative, ont opté pour Syriza aux élections de mai
et juin. Mais le mouvement politique emmené par Tsipras et qui est
arrivé à nouveau en seconde position aux élections de juin représente
avant tout une alternative électorale, dans le cadre du régime et sans
mettre en cause l’UE. Alors que les grèves, les mobilisations, les
occupations et les affrontements caractérisent la situation depuis 2010,
la période pré-électorale a marqué clairement une « pause » dans cette
dynamique. Ainsi, même si les résultats de Syriza témoignent des
expectatives d’une partie des masses à l’égard d’un potentiel
« gouvernement de gauche », ils montrent surtout une canalisation sur le
terrain électoral et institutionnel des résistances populaires. Syriza
présente en effet un programme de réformes dans le cadre des
institutions bourgeoises nationales et européennes : renégociation des
mémorandums, « audit citoyen » pour payer seulement la partie
« légitime » de la dette, contrôle public des banques, proportionnelle
intégrale aux élections, etc. En outre, à l’approche des élections de
juin, Syriza a modéré de plus en plus son discours et son programme.
Alors que plusieurs courants politiques,
impressionnés par le résultat électoral de Syriza, nous invitent d’une
façon ou d’une autre à soutenir ce projet réformiste, il nous semble
indispensable, au contraire, de soutenir une option révolutionnaire,
politiquement indépendante, luttant pour gagner à cette perspective de
larges couches du prolétariat et des secteurs populaires, pour que la
classe ouvrière devienne politiquement capable de disputer l’hégémonie à
la bourgeoisie sur la société, une option dotée d’un programme
résolument opposé à la conciliation de classes prônée par le réformisme.
Les révolutionnaires sont les seuls à défendre un
programme articulé autour de mesures d’urgence (annulation unilatérale
de la dette et des mémorandums), combinées à des mots d’ordre
transitoires (nationalisation des banques et des entreprises
stratégiques, sans indemnités ni rachat, sous contrôle des travailleurs,
échelle mobile des heures de travail, etc.). Ceci suppose d’avancer la
perspective d’un gouvernement des travailleurs. L’enjeu est que le monde
du travail tire la conclusion qu’il faut lutter pour la prise du
pouvoir, basée sur l’auto-organisation des travailleurs, les meilleures
traditions de la démocratie ouvrière et la destruction des institutions
bourgeoises.
Pour que les masses avancent dans cette direction, il
est urgent d’en finir avec les divisions imposées au mouvement ouvrier
par les bureaucraties syndicales et les directions réformistes. Il faut
lutter pour construire un front unique de toutes les organisations
politiques et syndicales des travailleurs, avec liberté d’expression
pour les tendances du mouvement ouvrier. C’est la seule façon
d’appliquer le « marcher séparément et frapper ensemble ». Ce front
constituerait un pôle d’attraction pour des millions de travailleurs,
mais aussi de larges secteurs des classes moyennes ruinées. Une telle
dynamique pourrait favoriser le surgissement d’organes de contre-pouvoir
alternatifs à celui de l’Etat bourgeois. C’est uniquement ainsi que les
révolutionnaires pourront réellement lutter contre l’avancée des
tendances réactionnaires et fascistes
La tâche fondamentale des militant-e-s en Grèce, mais
aussi dans le reste de l’Europe, c’est de préparer cette alternative
révolutionnaire à l’austérité tout en luttant pour l’unité des
travailleurs. A l’inverse, certains préfèrent semer des illusions
vis-à-vis de phénomènes électoraux réformistes incapables de renverser
la vapeur contre le patronat et la bourgeoisie, ce qui conduit les
masses droit dans l’impasse. C’est en ce sens que la Grèce est un
laboratoire de la lutte des classes.
Christian F. (78), Philippe (93), Laura (93)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire