Dans un discours de défaite, où le président français n’avait pas grande chose à dire, un message ressort avec force : crise ou pas, les portes de l’Europe resteront fermées aux réfugiés afghans. L’extrême-droite a été entendue.
Le discours d’Emmanuel Macron sur la situation en Afghanistan a sonné comme une reconnaissance de l’échec de 20 ans d’occupation impérialiste. Dans cet exercice, le président français a surtout tenté de glorifier la participation française dans une intervention néfaste qui a coûté la vie à autour de 241 000 personnes, dont 71 000 civils, depuis 2001. En effet, la participation française (de 2001 à 2014) selon Macron « était utile et était notre honneur ».
Cependant, face à l’échec évident le président français a laissé entendre que la responsabilité pour le retour de Taliban au pouvoir revenait notamment aux Etats-Unis suite à de successifs engagements de retrait de la part de Donald Trump et Joe Biden. Poursuivant en ce sens, il a remarqué également que depuis 2014 la France n’était plus présente militairement en Afghanistan. Autrement dit, cette défaite ne serait pas celle de la France.
Cette question est très importante car Macron veut éviter à tout prix tout ce qui pourrait le priver de soutien alors que la course pour la présidentielle est lancée. Alors que Biden, dans la continuité des politiques de Trump, a négocié le retrait des Etats-Unis d’Afghanistan, l’effondrement fulgurant de l’Etat afghan et le retour des Taliban frappe durement son image. Il sera vu comme le président nord-américain sous lequel les Taliban sont revenus au pouvoir. Macron a voulu s’assurer de ne pas être entaché par une telle situation.
Mais le message principal du discours d’Emmanuel Macron était ailleurs. Il a en effet expliqué que la France était en train d’évacuer les ressortissants français depuis l’Afghanistan mais aussi des collaborateurs de l’armée française pendant toutes ces années d’occupation. Selon Macron, au moins 600 citoyens afghans et leurs familles ayant travaillé avec la France et dont leurs vies seraient menacées auraient été accueillies en France au fil des années.
Cependant, tout en affirmant soutenir les personnes partageant les « mêmes valeurs » que la France, le président français a été très clair quant aux possibles flux migratoires causés par la crise en Afghanistan : « l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants… ».
En clair, alors que Macron fait des louanges hypocrites à ceux et celles qui se battent contre les atrocités des Taliban, promettant le soutien de la France, « en même temps » il leur ferme la porte des frontières européennes à la figure. Là il s’agit d’un discours qui reprend complètement la petite musique réactionnaire que répètent depuis 24h les responsables politiques de l’extrême-droite et de la droite dure.
Peu importent les images de personnes désespérées accrochées aux avions en pleine piste de décollage tentant de fuir le pays. Peu importe la crainte de la population face à de possibles violences de la part des Taliban. Peu importe le sort de simples salariés qui durant ces 20 dernières années ont trouvé un travail auprès des missions étrangères et qui aujourd’hui craignent pour leur sécurité. Les dirigeants des Etats impérialistes européens, comme Macron, cherchent avant tout de satisfaire les franges les plus réactionnaires de la population, en réaffirmant un racisme envers les réfugiés.
Selon Macron, avec la chancelière allemande Angela Merkel, un plan anti-migratoire est en discussion, qui va impliquer sans aucun doute la collaboration de régimes néfastes comme celui en Iran, au Pakistan (qui a longtemps permis aux Taliban de s’organiser sur son sol) et immanquablement celui d’Erdogan en Turquie. Très probablement le modèle que Macron et Merkel ont en tête est semblable de l’accord avec la Turquie, où l’UE « sous-traite » la protection de ses frontières à des Etats de transit des réfugiés.
Sur un plan sécuritaire global, Macron a plaidé pour une large collaboration au sein du Conseil de Sécurité de l’ONU, incluant la Russie mais sans mentionner la Chine. Macron et les impérialistes craignent de perdre beaucoup de terrain dans cette région, où la Chine et d’autres États de la zone comme l’Iran (et même la Russie) pourraient profiter pour repousser les intérêts des puissances impérialistes occidentales. Il est probable que Macron et d’autres dirigeants européens tentent de diviser ce nouveau partenariat qui est en train de se mettre en place entre la Russie et la Chine en Asie centrale. Il n’est aucunement garanti que cette manœuvre marche.
La victoire des Taliban ne représente en aucun cas une bonne nouvelle pour le peuple afghan ni pour les luttes d’émancipation dans la région et à travers le monde. Cette situation terrible où le travailleurs et les masses afghanes doivent choisir entre une occupation impérialiste ignoble et un retour des Taliban réactionnaires a été provoquée par les impérialistes. Aujourd’hui la classe ouvrière, la jeunesse et les classes populaires en général en Europe plus que jamais doivent se montrer solidaires des réfugiés afghans et de tous les réfugiés.
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