"Urubu utopico", Dom Cadres - 2017 |
Le battement des ailes d’un
corbeau remplissant le silence du calme ambiant m’a distrait. Le vent, filou,
en a profité pour tourner la page de mon livre sans que je m’en aperçoive. Le
vol de l’oiseau de mauvais augure m’a fait penser aux Urubus de la terre où je
suis né et qui m’a expulsé. Aucun regret, juste un ou deux regrets. Ici le vent
est plus froid, mais capable de feindre un souvenir. Le corbeau est beau. Je
l’aime bien. Le vol des Urubus me fascine. Ces ailes déployées au vent,
contraste sombre de ciel bleu chaleur. Et le planer éternel. Volaille de
liberté. Etre un oiseau, qui plane et voyage sans demander rien à personne,
combien de fois en ai-je rêvé. Revenons à nos moutons. Les corbeaux donc.
Mauvais augure ? J’aime les corbeaux, résolument. Peut-être parce que l’on les
a désignés comme mauvais, méchants. A moi ! Ils volent aux côtés des orques de
ciel et se font respecter des piverts. Ils écrasent les colombes, stupides.
Blancheur d’une paix cynique. Tes maîtres ont leurs dents bien aiguisées. Je
reprends ma lecture, à la page tournée par le vent quand j’observais la couleur
du corbeau voler au-dessus de ma tête et au loin. Ca parle de couleurs. Ca
parle d’orques. Ca parle d’urubus. Ca parle de colombes. Ca parle de dents
aiguisées. Le ciel est si chaud là où je suis né. Heureusement les arbres sont
grands et vont jusqu’au plafond. Les urubus regardent le ciel et ce bleu à la
chaleur intense. Mais les corbeaux profitent du vent tout là-haut, où personne
ne parle de ce qu’ils augurent. As-tu déjà imaginé les dents aiguisées des
colombes de la paix ? Le noir est une couleur chaude. Le vent continue à
s’amuser et à faire tourner mes pages dans tous les sens. D’un trait je
souligne tout. Alliance des orques de ciel, des corbeaux, des urubus, des piverts
et de toutes les vermines de l’air. Complot coloré pour jouer une mauvaise
passe à la blanche et colombine colombe. Retourner au travail il nous faut, ou
pensez-vous que les dents aiguisées vont s’alimenter seules ? Le dernier écho
du dernier battement d’ailes me ramène à moi-même ; le vent fatigué de jouer
remet les pages à l’endroit ; l’Urubu retourne dans un recoin de souvenir,
médecine des nostalgies de toutes les couleurs…
Philippe Alcoy
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