21.6.20

Cette terre des esclaves l’ont labourée


On ne remarque pas toujours l’intense vitalité de la nature dans ces lieux.
Si, on la remarque. Mais tant habitués qu’on est à la vie pénible il arrive de l’oublier.
Au-delà c’est la même terre. Mais au-delà il n’y a pas la même puissance de la nature.
Si, la nature est puissante partout. Mais elle est puissante différemment au-delà.
Le vert domine. Il domine à côté des bleus. Bleu profondeur d’un fleuve marron. Bleu ciel percutant et braise. Bleu du petit matin. Bleu de la jeune soirée. Bleu foncé dans la profondeur de la nuit criblée d’étoiles et d’étoiles en poudre.
Le vert domine sans aucun doute. A côté des oranges. Orange sucré comme les fruits. Orange comme l’intérieur d’une paume de main. Orange, ocre de la terre qui teint les pieds embourbés jusqu’aux chevilles. Orange dans le regard noir.
Le vert est tellement prépondérant. Aux côtés des jaunes. Jaune des terres sèches. Jaune des plantes et fleurs brûlées par le jaune intense d’un soleil impitoyable. Jaune de l’or qui est de l’autre ; jaune de l’or que l’on ne trouve pas. Jaune sur la peau des maîtres.
Tu ne peux pas ne pas voir le vert. Aux côtés des noirs. Nègre. Ebène tristesse. Noirceur des marrons intenses. Noir comme les muscles qui cette terre transformèrent ; muscles que cette terre de Noirs transforma. Des Noirs qui à cette terre furent de force amenés et qui sans autre choix choisirent d’y rester. Et y laissèrent leur marque.
Que du vert, partout. Aux côtés des rouges. Rouge d’une peau jaune brûlée par le feu du jour. Rouge de l’aliment des serpents. Rouge cajou. Rouge brésil. Pau-Brasil. Pernambouc. Rouge commencement. Le rouge des mains laborieuses. Le rouge sur la peau noire par le fouet tatouée. A jamais. Rouge comme la terre. Rouge comme le ciel. Rouge comme les fruits. Rouge comme les cailloux. Rouge comme la mer. Rouge comme la souffrance. Rouge comme la peau. Rouge comme la beauté. Rouge comme la canne à sucre. Rouge comme la nuit. Rouge comme l’eau d’un fleuve marron. Rouge comme le Brésil. Rouge comme le petit matin. Rouge comme les yeux. Rouge comme nos cheveux. Rouge comme notre espoir. Rouge comme l’orange, le noir, le jaune, le bleu, le vert. Rouge comme la liberté. Rouge comme le futur…     

Philippe Alcoy. 

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