Alors
que les prix du pétrole chutaient, les menaces du président américain
ont enthousiasmé le marché et les prix sont repartis à la hausse. La
crise pousse l’impérialisme à adopter une attitude plus agressive.
« J’ai donné l’ordre à l’US Navy d’abattre et de détruire toute
embarcation iranienne qui harcèlerait nos navires en mer » a tweeté le
président nord-américain, Donald Trump, mercredi dernier. La menace
répondait supposément à des provocations iraniennes la semaine dernière
quand des navires légers iraniens se sont rapprochés dangereusement de
bateaux nord-américains. Le lendemain, le général iranien Hossein Salami
répondait en déclarant à la télé nationale : « j’ai ordonné à nos
forces navales de détruire toute force terroriste américaine dans le
golfe Persique qui menace la sécurité des navires militaires ou non
militaires de l’Iran ».
Ces nouvelles menaces et échanges virulents entre les deux pays ont
très rapidement fait réagir les marchés, notamment les investisseurs du
secteur du pétrole, provoquant une hausse du prix du baril. Les
nouvelles tensions au Moyen Orient ne sont pas les seules raisons
évidemment pour cette reprise de confiance des marchés, les perspectives
d’une plus forte baisse de la production y ont joué un rôle important.
En effet, alors que lundi et mardi le prix du baril a chuté
à des niveaux historiquement bas, les entreprises du secteur avaient
besoin d’annonces et de décisions qui fassent remonter le prix du baril
afin de regagner un peu du terrain perdu. Ainsi, comme on peut le lire
dans le Financial Times : « Les
analystes ont déclaré que les gains [du prix du pétrole] étaient dus en
partie au fait que le président américain Donald Trump a ordonné aux
navires de guerre américains d’attaquer tout navire iranien qui
représentait une menace. (...) Mais Warren Patterson, responsable de la
stratégie des matières premières chez ING, a déclaré que les nouvelles
tensions géopolitiques n’offriraient qu’un soutien limité aux prix du
pétrole en raison des préoccupations concernant l’offre excédentaire du
marché. "Étant donné la surabondance du marché pétrolier, il est
difficile d’envisager un soutien durable au marché, à moins que la
situation ne s’aggrave encore", a déclaré M. Patterson ».
Autrement dit, les capitalistes sont en train de voir dans un conflit
plus dur entre les États-Unis et l’Iran un moyen pour sauver leurs
intérêts, voire de faire plus de profits encore. En effet, dans un
contexte de pandémie où l’économie est au ralenti, où la demande de brut
a chuté d’entre 20 et 35 %, le blocage (au moins temporaire) de la
production et de l’exportation dans cette région stratégique de
l’industrie pétrolière pourrait faire baisser la pression sur les
compagnies nord-américaines. N’oublions pas que le blocage du détroit
d’Ormuz serait un obstacle non seulement pour les exportations
iraniennes mais aussi pour la plupart des pays exportateur du Golfe.
Cependant, l’hostilité des États-Unis envers l’Iran relève d’intérêts
stratégiques dans la région, le régime des ayatollahs représentant un
obstacle relatif pour les plans nord-américains au Moyen Orient. Ainsi,
c’est depuis plusieurs mois que les relations entre les deux pays se
dégradent menaçant de plus en plus d’aller jusqu’au conflit ouvert.
Après la sortie unilatérale des États-Unis de l’accord sur le nucléaire
iranien en 2018, il faut ajouter l’assassinat du général Qassem Soleimani en janvier dernier.
Cette fois un autre élément qui a pu alimenter l’attitude plus
agressive de Trump c’est le fait que mercredi même le régime iranien
annonçait avoir lancé avec succès pour la première fois un satellite
militaire. Ce lancement représente effectivement une avancée
technologique pour l’Iran qui avait tenté de lancer des satellites
civils ces dernières années mais sans succès. Selon les autorités
iraniennes, ce satellite, baptisé « Noor » (lumière), allait être
utilisé pour des la communication et l’information militaire. Cependant,
les militaires nord-américains craignent que cela soit utilisé pour
améliorer les capacités militaires iraniennes par exemple avec des
missiles de longue distance ou dans le cadre de son programme nucléaire.
Il est évident que le gouvernement nord-américain savait que les
menaces de Trump pouvaient aider à faire monter momentanément le prix du
pétrole. Mais ce serait très superficiel d’en rester là. La crise
sanitaire du Covid-19 combinée à une crise économique qui s’annonce très
grave est en train d’accentuer les tensions internationales. Les
différentes puissances impérialistes vont non seulement tenter de
renforcer leurs positions mais de gagner des parts de marché, des accès à
de sources de matières premières en déplaçant leurs concurrents ou les
obstacles pour leurs buts stratégiques. Cela se traduira par une
politique étrangère plus agressive et par une plus forte tendance à
l’interventionnisme. Dans ce contexte, aujourd’hui plus que jamais, un
affrontement ouvert avec l’Iran devient une possibilité plus que
tangible.
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