La
domination des puissances impérialistes, dont la France, sur l’Afrique
n’a fait que rendre plus vulnérable le continent face aux épidémies et
aux crises économiques.
Le Mali vient d’enregistrer ses deux premiers cas de Covid-19
dans le pays. Les alarmes se sont activées dans le pays immédiatement.
Une femme de 49 ans et un homme de 62 ans revenant de France ont été
testés positifs. Ils ont été mis à l’isolement. Mais l’inquiétude des
habitants et des autorités est palpable. Parallèlement, le Burkina Faso
vient de déclarer sa première mort des suites du Coronavirus. Bien que
le nombre exact d’infectés soit très difficile à établir sur l’ensemble
du continent (on estime le nombre de cas avérés à au moins 720 et à 20
les morts), il est certain que les nombres y sont moins grands qu’en
Europe. Cependant, ce qui inquiète le plus c’est la totale impréparation
structurelle, due au sous-développement de ces pays, pour faire face à
une épidémie de ce type.
Des populations fragilisées par un sous-développement structurel
Au Mali, il y a eu des déclarations contradictoires concernant les
infrastructures sanitaires. Ainsi, dans un document on répertoriait
seulement un respirateur artificiel dans l’ensemble du pays ; mais le
ministre de la santé affirme qu’il y en a 56 et 37 lits de soins
intensifs, ce qui contredit les déclarations du premier ministre B.
Cissé qui, lui, parle d’à peines une vingtaine de lits. Concernant le
gel hydroalcoolique le pays dispose seulement de 500 000 litres, possède
59 thermomètres infrarouges et seulement 2 000 kits de tests.
Comme on voit, les conditions ne sont aucunement réunies pour faire
face à une crise sanitaire d’ampleur. Et cette situation est loin de se
limiter seulement au Mali. L’ensemble des pays africains sont dans une
situation où les systèmes sanitaires ne pourront pas répondre à une
urgence comme celle qui s’abat sur l’Europe. Rien que sur le nombre de
médecins : alors que l’Italie compte 41 médecins tous les 10 000
habitants (et on voit dans quelle situation dramatique se trouve le
pays), en Afrique il faut compter à peine 1 médecin tous les 10 000
habitants.
Parallèlement aux problèmes structurels quant aux infrastructures
sanitaires et au manque de personnel et de matériels hospitaliers, il
faut mentionner les millions de personnes fragiles face au virus. On
compte en effet plus de 24 millions de personnes qui vivent avec le VIH
et qui par conséquent ont un système immunologique faible ; des millions
de personnes sont atteintes également de tuberculose, sans compter les
millions de personnes qui sont mal nourries. Tous ces facteurs les
exposent face à une éventuelle épidémie de Covid-19 sur le continent.
Dépendance économique en temps de crise
Mais l’Afrique n’est pas seulement menacée par une possible
catastrophe sanitaire ; elle est menacée également par les conséquences
économiques catastrophiques liées à la pandémie dont l’épicentre est
aujourd’hui l’Europe. Selon la Commission Economique pour l’Afrique de
l’ONU, la croissance africaine pour cette année va tomber de 3,2% à
1,8%. En plus, l’arrêt de l’économie dans les principaux pays
impérialistes est déjà en train de provoquer la dévaluation de certaines
monnaies nationales, ce qui aura des conséquences directes sur le
paiement des échéances des dettes nationales. Le ralentissement de
l’économie chinoise aura également des conséquences sur la demande des
matières premières africaines. Un autre effet du ralentissement de la
production dans les pays centraux pour le continent c’est la baisse des
montants d’argent transféré par les travailleurs migrants.
Nous voyons que le sous-développement de l’Afrique expose des
millions de vies face à l’urgence sanitaire que traverse la planète.
Mais ce sous-développement africain n’est pas le fruit du « hasard » ou
de « lois naturelles ». C’est le résultat d’années, de siècles, de
domination coloniale et impérialiste, dont la France a été, et est
toujours, l’un des principaux acteurs. La poignée de puissances
impérialistes qui domine la planète a maintenu le continent africain
dans un sous-développement complet à travers la spoliation systématique
de ses ressources naturelles, à travers l’exploitation de la main
d’œuvre de ses populations, à travers le partenariat avec des classes
dominantes locales réactionnaires complètement à la merci des intérêts
des capitalistes étrangers, tout en maintenant un contrôle féroce sur
les exploités dans leurs pays.
Une crise sanitaire aggravée par la présence impérialiste
Nous disions que la France a joué et joue un rôle très particulier
pour maintenir cette situation néfaste pour les travailleurs, les
paysans et l’ensemble des opprimés africains. Non content avec la
spoliation des ressources naturelles africaines, l’impérialisme français
maintient une présence militaire permanente dans plusieurs pays du
continent justement pour assurer le contrôle des matières premières
nécessaires pour les multinationales hexagonales mais aussi pour
s’assurer la domination de régions géopolitiquement stratégiques face
aux autres puissances. Ainsi, entre la présence permanente dans des
bases officielles et celle des missions comme « Barkhane » au Sahel, la France déploie plus de 9000 soldats en Afrique, spécialement dans le territoire de ses ex colonies.
Les indépendances africaines, quand elles n’ont pas été sabotées
depuis l’intérieur par des agents de l’impérialisme français, n’ont pas
du tout remis en cause la domination économique, politique et militaire
de l’ancienne puissance coloniale. Au contraire, la politique coloniale
visait, entre autres, à empêcher que les territoires colonisés puissent
devenir autonomes économiquement et se développer. De cette façon, les
indépendances n’ont signifié que la « liberté de l’esclave à mourir de
faim », et les nations indépendantes sont restées totalement dépendantes
vis-à-vis de la France.
L’un des mécanismes de cette soumission ont été les dettes auprès des
institutions internationales comme la Banque Mondiale ou le FMI ou
directement avec l’ex pays colonisateur. Dans le cas de la France nous
pouvons mentionner le « système Franc CFA » qui permet à Paris d’avoir
le contrôle direct sur les monnaies nationales de ses ex colonies.
De cette manière, face à l’épidémie qui menace l’Afrique, nous voyons
que l’impérialisme français n’est nullement part de la solution mais au
contraire partie intégrale du problème. Ce sont les années de
domination et de soumission des pays africains qui les rend plus
vulnérables face aux crises qui les menacent.
La présence militaire française et celle des autres puissances
impérialistes dans le continent mérite une mention à part. Non seulement
cette présence militaire permanente est source d’arbitraire, de crimes,
de violences, de violences sexistes et sexuelles, d’humiliations ; mais
en plus, dans le contexte actuel, elle peut même devenir source de
contamination des populations locales. En effet, le Djibouti a confirmé
la semaine dernière son premier cas de Covid-19 qui n’était autre qu’un
Espagnol membre d’une mission militaire. Combien de temps encore pour
que des militaires déployés en France arrivent infectés dans l’une de
leurs missions à l’étranger, contaminant la population locale ?
C’est pour cette raison qu’il faut exiger plus que jamais le retrait
de toutes les troupes françaises d’Afrique et de tous les territoires où
elles se trouvent déployées pour protéger les intérêts des grandes
fortunes, les mêmes qui sont responsables de la destruction de l’hôpital
en France et qui exposent des millions de personnes aux dangers de
l’épidémie.
Le mouvement ouvrier français doit également exiger l’annulation de
la dette des pays africains. Ces dettes ont déjà assez provoqué la mort
de personnes sur le continent.
En France même nous sommes face à une crise de la gestion de
l’épidémie très importante. Alors que des millions de personnes sont
confinées, d’autres sont obligées d’aller travailler pour produire des
biens aucunement prioritaires en ce moment. Et cela alors que les
hôpitaux manquent de masques, de gel, de respirateurs, de lits, de
personnels. Si le contrôle ouvrier pourrait imposer des conditions
d’hygiène pour protéger la santé des travailleurs ainsi que la
transformation de la production pour répondre à la crise sanitaire, il
pourrait également être un premier pas pour construire la solidarité
internationale et qu’aucun pays ne manque du matériel nécessaire pour
faire face à l’épidémie.
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