Une
délégation de Révolution Permanente était présente en Grèce pour parler
des Gilets Jaunes, de la situation en France et des défis pour les
révolutionnaires. Le tout dans un contexte grec de campagne pour les
élections générales anticipées.
Comme en 2016 et en 2018, Révolution Permanente
a été chaleureusement invité à participer au festival Anairéseis
organisée par la jeunesse du NAR (Nouveau Courant de Gauche), l’une des
principales composantes du front anticapitaliste Antarsya. Cette fois
nous avons participé à des débats dans les deux principales villes du
pays, Athènes et Thessalonique. Au menu le mouvement des Gilets Jaunes,
le paysage politique français après les élections européennes mais aussi
la crise et les défis de la gauche anticapitaliste en France et en
Grèce.
En effet, les discussions et débats ont eu lieu dans un contexte de
crise politique et d’élections générales anticipées en Grèce après l’échec de Syriza aux élections européennes et locales.
Le tournant néolibéral de ce parti qui se présentait comme une « gauche
anti austérité » a provoqué beaucoup de désillusion parmi les électeurs
de la gauche radicale, voire anticapitaliste, et fait monter la droite
et l’extrême-droite, notamment à la suite du débat autour de l’accord
sur le nom de la Macédoine (devenue « Macédoine du Nord »).
En France la bipolarisation réactionnaire entre Macron et Le Pen
après plus de sept mois de mobilisation des Gilets Jaunes pose des
questions et des défis importants pour les anticapitalistes et les
révolutionnaires. En effet, ces organisations ont été incapables
d’apparaitre comme une alternative politique crédible pour des dizaines
voire des centaines de milliers de manifestants qui ont fait face à la
répression et au dénigrement médiatique et gouvernemental ; des
manifestants dont l’écrasante majorité venait des classes populaires.
Cette situation a fait écho, avec des différences, à la situation
grecque où malgré les trahisons et l’échec complet du néoréformisme au
pouvoir, l’extrême-gauche anticapitaliste n’a pas pu capitaliser le
mécontentement et la désillusion. Au contraire, c’est bien une
polarisation entre Syriza et la droite conservatrice (Nouvelle
Démocratie - ND) qui semble s’installer.
Dans ce contexte, des discussions s’ouvrent au sein de
l’extrême-gauche grecque sur le fait de s’allier électoralement avec des
forces ouvertement réformistes pour recréer un espace à gauche de
Syriza, qui semble avoir pris une grande partie de l’espace électoral de
la social-démocratie du Pasok. D’autres prônent l’indépendance de la
gauche anticapitaliste, notamment dans la perspective que le retour de
la droite au pouvoir provoque un rebondissement dans la lutte de classes
en Grèce. Ce type de discussions se sont également ouvertes en France
après les élections européennes et la débâcle de la France Insoumise qui
a déclenché d’importantes luttes internes mais également dans la gauche
anticapitaliste où, par exemple, Olivier Besancenot défend un pour le
moins ambigu « front permanent de la gauche qui lutte » allant du NPA et
Lutte Ouvrière à des organisations complètement réformistes comme
Générations de l’ex-ministre de François Hollande, Benoît Hamon, en
passant par LFI, le PCF ou les libertaires.
En France comme en Grèce, la situation est aussi marquée par une
montée de l’extrême-droite. A la différence de la France où le parti de
Marine Le Pen est devenu l’une des principales forces politiques du pays
depuis des années, en Grèce l’extrême-droite reste une force politique
importante mais minoritaire. En outre, les caractéristiques de la
principale force d’extrême-droite en Grèce sont assez différentes de
celles du RN : en Grèce Aube Dorée est un parti néofasciste dont
beaucoup de membres sont ouvertement des « voyous » employant des
méthodes de gangsters. Cependant, au cours des mobilisations
nationalistes contre l’accord sur le nom de la Macédoine d’autres forces
d’extrême-droite ont surgi, plus proches du RN et plus « présentables »
qu’Aube Dorée à l’image de Solution Grecque. Cette situation pose
également des défis énormes pour les révolutionnaires pour empêcher que
le poison nationaliste et réactionnaire pénètre dans la classe ouvrière
et dans les classes populaires, profitant des désillusions vis-à-vis de
Syriza et sa politique scandaleuse et antipopulaire.
Les échanges ont été très chaleureux et beaucoup de jeunes et moins
jeunes militants ont démontré beaucoup d’intérêt pour la situation en
France. Nous avons échangé sur l’importance de la lutte de classes dans
nos respectifs pays pour créer de l’espoir parmi les travailleurs et les
jeunes sur la lutte contre les politiques destructrices des
gouvernements capitalistes. Nous avons également souligné l’importance
des médias au service de la classe ouvrière et des luttes comme Révolution Permanente
pour, entre autres, contrer les discours dominants et la désinformation
qui, par exemple, en Grèce faisait passer le mouvement des Gilets
Jaunes pour un « mouvement d’extrême-droite », reprenant le discours du
gouvernement Macron.
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