Macron
est face à un nouveau dossier « chaud » alors que ses positions restent
fragiles. La suppression de 1000 emplois chez General Electric pourrait
relancer l’impopularité du « président des riches ».
Alors que la droite traditionnelle s’enfonce dans la crise, que
LREM a réussi à nuancer sa défaite aux élections européennes confirmant
une nouvelle bipolarisation (bien que fragile),
et que le mouvement des Gilets Jaunes s’essouffle, l’annonce de la
suppression de 1000 postes dans le site de General Electric (GE) à
Belfort peut très rapidement dilapider les gains fragiles de Macron pour
lancer « l’acte 2 » du gouvernement.
Les temps de l’annonce (deux jours après l’élection européenne), les liens directs entre le président et le nouveau directeur général de GE
et l’implication personnelle d’Emmanuel Macron dans le dossier de la
vente de la filiale énergie d’Alstom au géant nord-américain,
contribuent à faire que ce dossier devienne une grande menace pour le
gouvernement. Les accusations de mensonge et de complicité avec la
direction de l’entreprise nord-américaine (non sans raison) fusent de
partout : salariés, syndicats et même partis politiques d’opposition
pourtant très enclins en général à défendre les intérêts du patronat
contre ceux des salariés.
Le gouvernement en est conscient et a mobilisé dès le début le
ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, et sa
communication pour démontrer qu’il « prend en main » le dossier. Or,
depuis le début Le Maire ne fait que répéter le discours de l’entreprise
sur les soi-disantes difficultés de la filiale turbines à gaz (secteur
le plus touché par les licenciements annoncés) alors que GE a remporté
le contrat de la plus grande commande de turbines à gaz au niveau mondial.
En outre, le ministre affirme que son objectif ce n’est pas d’annuler
le « plan social » mais de faire en sorte qu’il y ait le moins de
« départs forcés » possibles, comme si les licenciements étaient une
fatalité et laissant entendre qu’il pourrait y avoir des négociations
pour des départs soi-disant « volontaires ».
Cependant, même si l’on envoie Bruno Le Maire au front, c’est avant
tout Emmanuel Macron qui est visé par les critiques. En effet, si le
gouvernement n’arrive pas à trouver un compromis avec la direction de GE
et ainsi réussir à « sauver » quelques centaines d’emplois, ce dossier
pourrait devenir une véritable « affaire Benalla de l’emploi ». Et,
comme l’affaire Benalla (qui n’est pas encore terminée), ce dossier
pourrait empoisonner tout « l’acte 2 » du gouvernement. Même si pour
éviter ce scénario le gouvernement peut compter sur l’aide de la presse
nationale qui est en train de tout faire pour nuancer et relativiser
cette catastrophe sociale pour la classe ouvrière non seulement à
Belfort mais pour l’ensemble du pays.
De leur côté, les partis traditionnels du centre, notamment LR, vont
essayer de profiter de ce dossier de façon opportuniste pour gagner du
temps et éviter que Macron et sa formation politique « aspire » une
partie substantielle de son électorat. On les voit déjà entrain de se
présenter comme les « défenseurs des salariés », comme s’ils n’avaient
pas, eux aussi, accompagné la vente d’Alstom à GE en entretenant les
promesses de GE sur la supposée création de 1000 postes de travail. Le
parti réactionnaire de Marine Le Pen tentera également de tirer profit
de cette catastrophe intrinsèque au capitalisme, peu importe la
nationalité des patrons.
Pour ce qui est des travailleurs et des classes populaires, les
licenciements chez GE et les liens directs avec Emmanuel Macron,
pourraient renforcer l’image du « président des riches ». Un élément
très critiqué par le mouvement des Gilets Jaunes à côté de la précarité,
des bas salaires et du chômage. Autrement dit, même si une jonction
entre la « colère jaune » et la résistance face à ce plan social ne se
fait pas tout de suite, elle pourrait alimenter un mécontentement plus
profond et large dans un futur très proche. Et cela d’autant plus si
l’on pense à d’autres plans de licenciements ou menaces de fermetures
d’entreprises qui touchent, par différentes voies, de très près le
président lui-même comme Whirlpool à Amiens, Ford à Blanquefort ou
encore la fusion annoncée entre Renault et Fiat qui pourrait impliquer
la suppression de plusieurs postes de travail en France (mais aussi en
Italie).
Il faut en effet entourer les salariés de GE de tout le soutien du
mouvement ouvrier, du mouvement des Gilets Jaunes, de la jeunesse, des
classes populaires. Il faut rejeter toutes les tentatives opportunistes
de récupération et de canalisation de la colère des travailleurs de la
part des partis d’opposition bourgeoises qui passent leur temps à
déclarer leur fidélité aux intérêts des capitalistes et qui aujourd’hui
veulent faire croire qu’ils s’intéressent au futur des travailleurs.
Pour cela les ouvriers de GE et le mouvement ouvrier devraient défendre
un programme de classe qui pourrait par exemple commencer par exiger
l’ouverture des livres de comptes de GE pour pouvoir vérifier les
affirmations du patronat sur la « baisse des commandes », et cela au
niveau de tout le groupe.
Le gouvernement et la direction de GE mettent en avant cyniquement la
question de la « transition écologique » pour expliquer la supposée
baisse des commandes des turbines à gaz et ainsi légitimer les
licenciements. C’est pour cela qu’un programme ouvrier devrait également
viser la nationalisation sous gestion des travailleurs de l’ensemble du
secteur énergétique pour assurer une vraie transition écologique à
travers la planification en la matière, sans mettre en danger les postes
de travail et en employant tous les moyens économiques, humains et
technologiques pour faire face au changement climatique et aux risques
pour la vie sur la planète.
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