17.6.19

Brésil. Une forte grève générale contre la réforme des retraites de Bolsonaro


Vendredi dernier, des centaines de milliers sont descendus dans les rues brésiliennes pour lutter contre la réforme des retraites de Bolsonaro et sa politique néolibérale. Et ce en dépit de la trahison de principales centrales syndicales du pays.
Philippe Alcoy et Tatiana Lima
Ce 14 juin a eu lieu une importante grève général au Brésil. La grève s’inscrit dans la continuité des mobilisations contre les attaques de Bolsonaro contre le budget de l’éducation qui a aussi jeté dans la rue plus d’un million de manifestants, notamment des jeunes. Ce vendredi, plusieurs secteurs ont arrêté le travail, tels que les transports, les postiers et les et les raffineries (10 sur les 12 raffineries du pays étaient à l’arrêt complet et des routes ont été bloquées). Dans certaines entreprises du privé il y a eu des arrêts partiels aussi, notamment dans le secteur automobile.

Une mobilisation qui démontre que parmi la jeunesse et les travailleurs il y a encore beaucoup d’énergie pour s’opposer à Bolsonaro et ses politiques néolibérales et réactionnaires. Une énergie qui pourrait être mobilisée pour imposer une défaite cruciale à un gouvernement en pleine tourmente après les révélations sur la connivence entre l’ex juge et actuel ministre de Bolsonaro Sergio Moro et le procureur qui menait les accusations contre l’ex président Lula dans le cadre de l’opération « Lava-Jato ».

Cependant, encore une fois, les directions syndicales ont tout fait pour contenir la colère et mater la mobilisation dans l’œuf. D’abord, elles n’ont élaboré aucun plan de bataille sérieux contre la réforme. Certaines centrales syndicales, les plus à droite, ont même déclaré ouvertement soutenir la réforme des retraites de Bolsonaro. D’autres, comme la CUT (dirigée par le PT) ont appelé les travailleurs à rester « chez eux » au lieu d’aller manifester. Cette politique répond aux intérêts des gouverneurs d’Etat, membres du PT, qui défendent une réforme des retraites « adoucie ». De cette façon, les directions syndicales au lieu de profiter pour affaiblir le gouvernement réactionnaire de Bolsonaro, sont en train de lui permettre de gagner du temps.

La répression était également au rendez-vous. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et placés en garde à vue, comme cela a été le cas des étudiants et les travailleurs de l’Université de Sao Paulo qui ont été violemment attaqué par la police. Les travailleurs du métro de Sao Paulo qui se sont mis en grève ont été également menacés de licenciement et amendes par le gouverneur, violant tout droit de grève.

Si la journée de grève générale a été importante, elle aurait pu être encore plus massive sans les politiques divisionnistes et conciliatrices des directions syndicales et de la direction de l’UNE, principale organisation étudiante, qui ont essayé de séparer les luttes des travailleurs et des étudiants. Au contraire, aujourd’hui plus que jamais, quand la connivence entre la justice brésilienne et les intérêts impérialistes a été clairement révélée, que le gouvernement se trouve dans une crise interne, ce serait le moment de renforcer la résistance et même de préparer l’offensive contre les plans destructeurs des capitalistes. Pour cela, l’auto-organisation des travailleurs et de la classe ouvrière dans les lieux de travail et d’étude est fondamentale, notamment pour dépasser les obstacles imposés par la bureaucratie syndicale et la politique conciliatrice des partis comme le PT.

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