23.3.19

Paris. Didier Lallement, le nouveau préfet du « tout répressif »


Didier Lallement arrive avec la double tâche de mater la contestation Gilet Jaune et de « mettre de l’ordre dans la maison policière », et ce avec une main de fer.
Philippe Alcoy

Le nouveau préfet de Paris, nommé par le gouvernement suite au débordement du dispositif répressif mis en place la semaine dernière dans la capitale lors de l’acte XVIII, est un pari sur le « tout répressif ». Et le dispositif militaire mis en place pour l’acte XIX des Gilets Jaunes en est une démonstration scandaleuse. Aux effectifs habituels de CRS, de policiers en uniforme et en civil, aux blindés et aux unités de la gendarmerie, aux canons à eau, à la police montée, entre autres, se sont ajoutés l’armée, des drones et une nouvelle unité d’élite dite « anti casseurs », la BRAV (Brigades de Répression des Actions Violentes). Le tout pour « garantir l’ordre » à Paris.

Et pour vanter tout cela, le réputé très répressif, Didier Lallement a passé en revu ses unités sur les Champs Elysées, désertés de passants mais débordants de camions de la police, d’unités de CRS et de tout un dispositif répressif. Le préfet Lallemant s’est ainsi mis en scène descendant calmement les Champs, l’air martial, regard sévère, saluant « ses hommes ». « Les forces de sécurité intérieures ne doivent plus subir, comme cela a pu être le cas précédemment » a-t-il déclaré ; c’est pour cela qu’il souhaite que les CRS fassent « preuve d’initiative » sur le terrain.

Cet ancien préfet de la Nouvelle-Aquitaine, où il a à son palmarès répressif au cours des derniers mois deux mains arrachés et plusieurs mutilés et blessés graves, arrive donc à Paris pour « rétablir l’ordre » avec une main de fer. Un homme décrit par un ex collègue comme étant « très cassant avec les gens, très blessant. On n’avait jamais vu ça (…) Avec lui, c’est la politique de la terreur ».

Voilà le profil que le gouvernement, les classes aisés et le patronat cherchaient désespérément pour essayer d’endiguer la crise sociale et politique mais aussi la crise au sommet de l’appareil d’Etat. Car Lallement devra aussi diriger d’une main de fer la préfecture de police de Paris, cet « Etat dans l’Etat » qui répond à des logiques et intérêts propres, et qui semble en conflit avec l’exécutif ces derniers temps, rendant la gestion des scandales encore plus épineuse pour un gouvernement embourbé.

Aujourd’hui, le gouvernement et son nouvel émissaire répressif veulent que leur dispositif soit un « succès » et pouvoir crier d’un chant cynique « l’ordre règne à Paris »… sous la botte et l’acier. Ils veulent mater la contestation et avancer pour mettre fin aux oppositions et frictions à l’intérieur de l’appareil de l’Etat.

Cependant, malgré l’énorme dispositif répressif et la nomination d’un « fou furieux » (comme le définissent certains de ses anciens collègues) à la tête de la police de Paris, rien n’assure le succès du gouvernement. Et même en cas de « succès » personne ne peut prévoir le prix politique à payer. La crise du gouvernement continue et la mobilisation des Gilets Jaunes tient malgré la répression et la propagande hostile du gouvernement.

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