La
chanson de Kopp Johnson en hommage au mouvement en cours fait bouger
plus d’un Gilet Jaune sur des rythmes africains, affirmés avec fierté.
De quoi effrayer les militants d’extrême-droite qui veulent s’approprier
la mobilisation…
« Ma-cron démission, Ma-cron démission, j’ai dit, Ma-cron démission… ».
C’est au rythme martelé du slogan devenu un mot d’ordre de masse lors
du mouvement des Gilets Jaunes que Kopp Johnson commence sa chanson. Et
l’on se sent déjà entrainé par le son ; les hanches se mettent (presque)
automatiquement et machinalement à bouger, à condition évidemment
d’être du bon côté de la barricade…
« J’ai voulu mettre l’essence / c’est trop cher ! / J’ai payé les
taxes / C’est trop cher ! / Faut cotiser par-ci / C’est trop cher ! /
Faut cotiser par-là/ C’est trop cher ! (...) Y en a marre / Y en a marre
/ Je vais manifester donc je mets mon Gilet Jaun-é ». Des paroles
simples et un rythme entrainant qui touchent direct, là, quelque part
dans le corps, où la colère et l’humour insolent se mêlent, donnant
l’énergie vitale de toute lutte contre un pouvoir arrogant.
Le côté décalé, presque surréaliste, mais aussi la force de ce
morceau, c’est précisément le fait de mélanger un sujet de mobilisation,
soi-disant principalement de la « France rurale » et périurbaine, la
« France française de souche », à une autre réalité bien française
aussi : sa population africaine ou d’origine africaine. Et le cocktail
est explosif.
Pour le moment, ce mélange se limite à l’art, mais socialement il
pourrait être un cauchemar. Non seulement pour les « petits fachos » çà
et là, mais surtout pour le gouvernement et le patronat. En effet, cette
chanson, au-delà du côté festif et original, exprime plus ; elle
symbolise une unité entre les exploités et opprimés de la « France
profonde » avec les exploités et opprimés venus d’ailleurs, ou dont les
parents (voire arrière-parents) sont venus d’ailleurs.
C’est cela justement leur cauchemar. Alors qu’à certains endroits,
des militants d’extrême-droite distillent dans le mouvement leur venin
xénophobe et raciste, rendant service aux classes dominantes françaises
en cherchant à diviser, on imagine que cette chanson, aussi symbolique
qu’elle soit, ne doit pas les faire trop rire.
Le grand Jean Ferrat chantait « Ma France », où il décrivait cette
France populaire, ouvrière ; cette France des révolutions mais aussi des
contre-révolutions menées par les représentants des puissants ; celle
des mineurs, des travailleurs. Cette France populaire est composée aussi
des millions de travailleurs et travailleuses immigrés ou d’origine
étrangère, proche ou lointaine. C’est l’unité de cette France populaire
et ouvrière là que ces puissants craignent. C’est en ce sens que l’appel du Comité Adama à manifester samedi aux côtés des Gilets Jaunes est si progressiste.
Peut-être que la chanson de Kopp Johnson, à sa façon, aidera aussi à
rompre quelques préjugés qui peuvent exister dans le mouvement des
Gilets Jaunes !
Vidéo :
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