Dans
 tout le pays des centaines de milliers de femmes se sont mobilisées 
contre le candidat de l’extrême-droite misogyne et raciste, Jair 
Bolsonaro. Le PT et la droite essayent de capitaliser sur ce rejet de 
l’extrême-droite de la part des femmes.
Samedi dernier, des centaines de milliers de femmes et d’hommes
 ont envahi les rues des principales villes brésiliennes. C’est le rejet
 de Jair Bolsonaro avec ses discours machistes et racistes qui a 
déclenché cette réelle déferlante populaire. Tout avait commencé sur les
 réseaux sociaux où des groupes de femmes contre le candidat avaient 
atteint les 2 millions de membres. Les manifestations de samedi sont 
donc la traduction dans les rues de ce rejet.
(Rassemblement à Rio de Janeiro)
C’est une nouvelle très encourageante pour le mouvement de femmes 
dans ce pays qui n’avait pas connu de telles mobilisations pour les 
droits des femmes depuis très longtemps, voire qui n’avait jamais vu des
 mobilisations de femmes d’une telle ampleur.
Ce mouvement contre le candidat de l’extrême-droite mais aussi contre
 le machisme en général, pourrait devenir un point d’appui pour les 
femmes d’un pays où l’avortement est encore illégal, où les violences 
conjugales font des milliers de morts tous les ans, où le machisme 
quotidien est banalisé et où, derrière les images folkloriques de « la 
femme brésilienne » vendues à l’internationale, se cache une forte 
répression et un contrôle féroce et réactionnaire du corps et de la 
sexualité des femmes (ainsi que des personnes LGBT, bien évidemment).
(Image de la manifestation à Belo Horizonte)
(La manifestation à Brasilia, capitale du pays)
Les différents candidats rivaux de Bolsonaro, à commencer par 
Fernando Haddad du Parti des Travailleurs de Lula, ont senti le tournant
 et le rejet très important parmi les femmes du candidat 
ultra-réactionnaire (67% d’opinions défavorables parmi les femmes). 
Maintenant, ils essayent de capitaliser sur ce rejet pour canaliser des 
voix vers leurs candidatures.
Des candidats aussi réactionnaires que Geraldo Alckmin du PSDB 
(droite), qui a soutenu activement le coup d’Etat institutionnel contre 
Dilma Rousseff et dont la candidate à vice-présidente est une grande 
propriétaire terrienne qui réprime les ouvrières rurales et les 
populations indigènes, a soutenu le mouvement.
De son côté le PT profite du fait que le mouvement ait adopté de mot 
d’ordre « #EleNao » (Pas lui) pour tenter d’obtenir un soutien tacite à 
sa candidature comme étant celle du « moindre mal » avec des chances de 
battre Bolsonaro dans un éventuel second tour.
En ce sens, Flavia Valle, candidate du Mouvement des Travailleurs Révolutionnaires au parlement fédéral de l’Etat de Minas Gerais, a déclaré lors de la mobilisation à Belo Horizonte : « nous
 défendons la nécessité que la lutte contre l’extrême-droite et contre 
le putschisme passe par la défense d’une solution anticapitaliste, 
indépendante du PT et de sa politique de conciliation avec les 
putschistes et les patrons. Nous appelons les femmes qui veulent 
poursuivre la bataille contre ce coup d’Etat institutionnel à exiger que
 les syndicats et les mouvements féministes luttent pour un mot d’ordre 
d’urgence : une Assemblée Constituante libre et souveraine qui commence 
par débattre le non payement de la dette ; l’égalité de salaire entre 
hommes et femmes, entre Noirs et Blancs et la titularisation de tous les
 salariés sous-traitants ou contractuels dans les services publics, sans
 concours ; la révocation des contre-réformes du gouvernement putschiste
 de Michel Temer et celles des gouvernements antérieurs ; le droit à 
l’avortement légal, sûr et gratuit et la satisfaction de toutes nos 
revendications. (…) Dans le capitalisme il n’y a pas de moindre mal pour
 les femmes, c’est pour cela que nous nous battons pour ces idées dans 
la perspective d’un gouvernement de travailleurs qui exproprie les 
grands capitalistes et socialise les moyens de production au service de 
la majorité ».
(Banderoles de l’organisation féministe Pão e Rosas dans la 
manifestation à Belo Horizonte où l’on peut lire « Pour d’une solution 
anticapitaliste, indépendante du PT et de sa politique de conciliation 
avec les putschistes et les patrons »)
Le camp de l’extrême-droite a aussi essayé de répondre aux 
manifestations massives de femmes notamment avec leurs propres 
rassemblements et marches pro-Bolsonaro. C’est le cas à São Paulo où 
quelques milliers de personnes ont marché dans la mégalopole 
brésilienne. Non seulement le nombre de participants n’était pas 
comparable à ceux des mobilisations de la veille mais la forte pluie a 
mis très rapidement fin à la démonstration de soutien au candidat.
Cependant, le fils du candidat, Eduardo Bolsonaro, a eu le temps de 
faire une démonstration du machisme et le mépris de leur courant 
politique. Ainsi, en s’adressant à la foule il a déclaré, en faisant référence aux manifestations de la veille : « les
 femmes de droite sont plus belles (!) que les femmes de gauche. Les 
femmes de droite ne manifestent pas avec les seins en l’air, elles ne 
défèquent pas pour manifester. C’est-à-dire que les femmes de droite 
sont plus hygiéniques que les femmes de gauche ».
D’autres tentatives désespérées ont été faites sur les réseaux 
sociaux essayant de dire que les images diffusées par les anti-Bolsonaro
 étaient des fakes, ce qui a été démenti par la presse très rapidement.
(Image de la mobilisation à Natal, dans le nord-est brésilien)
Quoiqu’il en soit, ces mobilisations de femmes, contre 
l’extrême-droite machiste, homophobe et raciste, sont en train de 
démontrer la force et la potentialité du mouvement dans les rues, et 
cela non seulement contre Bolsonaro mais contre l’ensemble de 
politiciens capitalistes et conciliateurs et leurs plans. Comme 
l’explique Maira Machado, également candidate du Mouvement 
Révolutionnaire des Travailleurs au parlement fédéral de l’Etat de São 
Paulo : « les centaines de milliers de femmes qui ont pris part aux 
mobilisations dans tout le pays ont démontré que, si l’on lie nos 
revendications à celles de la classe ouvrière, nous pouvons déclencher 
une force inarrêtable contre l’extrême-droite et les capitalistes. Le 
détestable Bolsonaro veut nous réduire en esclavage, nous les femmes 
travailleuses, les noires, les LGBT. Nous devons l’affronter avec la 
force de la rue, des usines, des universités, dans les grands services 
publics. Pendant ce temps, le PT essaye de mettre en place un pacte de 
conciliation avec les putschistes, pour se présenter comme l’alternative
 pour la bourgeoisie (…) Le renforcement de l’extrême-droite se 
poursuivra même après un éventuel gouvernement Haddad. Une 
extrême-droite qui défend la dictature militaire et la torture, ne se 
combat pas à travers le vote. Et encore moins avec le vote pour un 
soi-disant ‘moindre mal’ ».






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