Ce dimanche, le parti Fidesz de Viktor Orbán a remporté les élections législatives avec plus de 49% des voix.
Ce score, avec celui de son allié, le parti démocrate-chrétien
(KDNP), permettra au FIDESZ d’Orban d’obtenir 133 sièges sur 199 au
Parlement. Grâce à cette majorité, Viktor Orbán est sûr de pouvoir se
faire élire premier ministre une troisième fois par le Parlement.
Bien que Viktor Orbán ait été élu premier ministre de 1998 à 2002, il
devient surtout célèbre à partir de 2010, lorsqu’il est une seconde
fois élu premier ministre, au milieu d’une profonde crise politique et
économique qui a provoqué l’effondrement de la social-démocratie
hongroise. Il se fera une nouvelle fois élire en 2014.
Durant ces huit années, il lance des attaques contre les libertés
démocratiques, contre la liberté de presse, mais il prend aussi de dures
mesures d’austérité contre les travailleurs et les classes populaires
hongroises. Pendant ces mandats les politiques racistes contre la
population Rom sont également un axe important de la politique d’Orban
au pouvoir.
Lors de la « crise migratoire » en 2015, il en a profité pour achever
la transformation de son parti, qui de base était plutôt libéral, en un
parti « illibéral », conservateur et xénophobe. Orban devient l’une des
figures de la vague de dirigeants « populistes » de droite qui ont
commencé à émerger en Europe à la chaleur de la crise économique
internationale. Il a accentué parallèlement le caractère autoritaire de
son régime.
Il a fermé les frontières de la Hongrie sous prétexte que le pays est
envahi par les migrants alors que les migrants ne font que passer par
la Hongrie pour aller en Allemagne. Il refuse les quotas de réfugiés
imposés par l’Union Européenne, et arme des milices d’extrême droite
pour qu’elles patrouillent sur les frontières. Sa politique s’explique
aussi par des facteurs internes. Depuis l’effondrement de la
social-démocratie, le seul parti d’opposition face à Orban a été le
Jobbik, le parti néo-nazi hongrois qui a fait 19,6% à la dernière
élection législative. Même si ce dernier a connu un certain
« recentrage », la pression de son discours antisémite, profondément
anti-Rrom, xénophobe, a fait qu’Orban déploie plus brutalement sa
politique réactionnaire pour ne pas perdre des voix dans les franges les
plus radicalisées de l’électorat.
La classe ouvrière, les classes populaires, la jeunesse précarisée et
les opprimés en Hongrie n’ont pas eu d’expression lors de ces
élections. Les exploités n’ont pas de représentation politique.
Cependant, cela ne veut pas dire qu’Orban est tout-puissant ou que le
seul moyen de le contrer ce serait à travers la confiance en des forces
politiques libérales ou néo-fascistes comme le Jobbik.
Bien que la Hongrie soit l’un des pays de l’ancien « bloc
socialiste » qui a reçu la plus grande quantité d’investissements
étrangers et qui a vu un grand nombre d’entreprises multinationales y
ouvrir des usines, notamment de l’industrie automobile allemande, chaque
année des milliers de jeunes et de moins jeunes quittent le pays pour
trouver un futur meilleur ailleurs.
Ainsi, même si Orban développe un discours nationaliste
réactionnaire, il est incapable de mettre fin à la dépendance de son
pays vis-à-vis des aides européennes et surtout des investissements des
capitaux étranger. La faille de l’obranisme viendra peut-être du malaise
provoqué par ce décalage entre les discours populistes et démagogiques
et la réalité de la vie de millions de travailleurs et de jeunes
précarisés. Un réveil de la jeunesse combiné à l’action des travailleurs
dans ces entreprises multinationales pourraient devenir tôt ou tard la
force sociale capable de mettre fin aux politiques réactionnaires
d’Orban en Hongrie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire