Il
semble qu’il ne soit qu’une question de temps et de peaufiner les
derniers détails pour que la France lance une attaque contre le régime
syrien en coordination avec les Etats Unis et la Grande Bretagne. Ces
frappes ne peuvent que renforcer les puissances impérialistes et
aucunement aider le peuple syrien. Il faut dire NON aux bombardements
français !
Macron est prêt à se lancer dans des frappes coordonnées avec les
Etats Unis en Syrie en réponse à l’attaque chimique sur Douma attribuée
au régime d’Assad. Le président français, avec son homologue
nord-américain, est à la tête de cette escalade depuis ce weekend. Mais
on se tromperait si on voyait dans cette affaire la poursuite d’un
quelconque « devoir moral » de la part des puissances impérialistes occidentales, notamment de la part de Macron.
En effet, on aurait du mal à expliquer une « reconversion humaniste »
de cet ancien banquier, cet ancien ministre de la flexibilisation du
travail, ce président des riches qui est en train de détricoter un à un
les acquis sociaux des travailleurs et des classes populaires en France.
Emmanuel Macron avait établi une « ligne rouge » en Syrie :
l’usage d’armes chimiques qui déclencherait immédiatement une réponse de
la France. On se demande qui aurait octroyé un tel rôle de « garant des règles justes de la guerre » à la France ou à n’importe quelle autre puissance impérialiste.
La question est qu’une attaque à l’arme chimique a eu lieu à Douma,
dans la banlieue de Damas (même si le régime et la Russie insistent sur
le fait qu’une telle attaque n’aurait pas eu lieu). La France doit « forcément » réagir. Ne pas le faire pourrait avoir des conséquences internationales mais aussi (et peut-être surtout) sur le plan interne.
Sur le plan international, la France a besoin d’exister en tant
qu’acteur incontournable dans le conflit syrien, notamment en pensant à
l’après-guerre et les potentiels marchés qui pourraient s’ouvrir pour
les multinationales françaises dans différents secteurs (BTP, pétrole).
Mais augmenter sa présence et importance dans le conflit syrien peut
servir aussi de levier pour les négociations avec Trump sur le dossier
du nucléaire iranien. D’ailleurs, de ce point de vue l’intervention de
la France contre un allié direct de l’Iran pourrait justement détériorer
les rapports de Paris avec Téhéran, ce qui n’est pas du tout une bonne
nouvelle pour le patronat hexagonal.
Cependant, sur le plan intérieur le président français a de très
grands défis également. En effet, Macron fait face actuellement à un
front de mécontentement et de résistance de plus en plus large. La grève
à la SNCF a connu des premières phases très suivies et elle risque de
s’élargir. A côté de la lutte des cheminots on trouve la mobilisation
dans les universités, étudiants, personnels et enseignants. De plus en
plus d’universités sont mobilisées, en grève et/ou occupées.
Depuis le début de cette semaine se développe également la résistance
à Notre Dame des Landes où les zadistes s’opposent à l’évacuation
brutale du gouvernement. Les affrontements deviennent de plus en plus
durs et de l’aveu des responsables de la gendarmerie et de la
préfecture, la situation pourrait devenir très compliquée.
A cela il faut ajouter la grève chez Air France, la grogne parmi les
retraités, le personnel hospitalier, les EHPAD, à La Poste, parmi les
fonctionnaires, les enseignants du secondaire, parmi tant d’autres.
L’image du président et de son gouvernement sont de plus en plus bas
dans les sondages.
Dans ce contexte, Macron et son gouvernement ont opéré un tournant
répressif pour dissiper l’image d’hésitation qui commençait à
s’installer. C’est dans ce contexte que le président français ne peut
pas reculer face à ses propres engagements, face à ses propres
considérations et menaces. Il devra aller jusqu’au bout de ses menaces
de frappes en Syrie. Autrement, cela pourrait apparaitre comme un signe
de faiblesse.
Mais s’engager dans une attaque en Syrie, face à la « mère des barbaries »
qu’est l’attaque chimique contre la population civile, pourrait
également permette à Macron de dévier l’attention de la population alors
que nous rentrons dans des jours décisifs pour faire passer les
réformes et mater la contestation.
Il reste à voir le type de frappe et d’offensive que la France et ses
alliés mèneront en Syrie et si la rhétorique sera plus importante que
les actions sur le terrain, qui pourraient se limiter à des
bombardements importants mais en fin de comptes symboliques et limités à
quelques installations militaires syriennes (et aucunement contre
l’Iran ou la Russie). Cependant, les risques d’une escalade restent très
grands.
Pour le peuple syrien, principal concerné, ces bombardements
n’annoncent rien de bon. Ils ne vont signifier aucunement la fin de la
guerre, des bombardements contre la population civile et probablement
même pas la fin d’attaques chimiques (même si les responsables de telles
attaques restent encore à élucider).
Pour les travailleurs, la jeunesse précarisée et l’ensemble des
opprimés ici en France, il est fondamental de s’opposer à cette nouvelle
menace d’intervention de l’impérialisme guerrier français. Macron
attaquant la Syrie cherche à renforcer son pouvoir en France ; il
cherche un point d’appui supplémentaire pour écraser la contestation
dans la jeunesse, à NDDL et surtout à la SNCF et dans les autres
secteurs de la classe ouvrière.
Plus que jamais on voit les liens étroits entre la politique nationale et internationale du gouvernement. « La politique extérieur d’un gouvernement est la continuité de la politique intérieure »
disait Trotsky. Pour les travailleurs et la jeunesse la lutte contre
l’impérialisme français n’est pas seulement une tâche internationaliste
de premier ordre, c’est une nécessité absolue pour leur lutte en France
même, contre les capitalistes français et leur gouvernement.
Dans les gares, les universités, dans tous les lieux de travail et d’étude, nous devons dire haut et fort : impérialisme français, hors du Moyen Orient, d’Afrique et de tous les territoires contrôlés ou colonisés par la France !
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