Lula
avait jusqu’à vendredi à 17h pour se rendre volontairement à la
justice. Des milliers de militants et sympathisant entendaient
l’empêcher. Pour éviter des affrontements et un possible bouleversement
de la situation politique, la police a refusé d’envoyer des officiers
l’arrêter. Cependant, Lula et ses avocats ont négocié une capitulation
face à la justice putschiste, en dépit de la volonté de ses soutiens.
Le Tribunal Supérieur Fédéral a rejeté la demande d’Habeas
Corpus de l’ex président Lula Da Silva et a confirmé qu’il devra purger
sa peine de 12 ans de prison dans la cadre de sa condamnation pour
corruption. Cette condamnation de l’ex président brésilien du Parti des
Travailleurs (PT) s’inscrit dans le cadre du coup d’Etat Institutionnel
commencé en 2016 et mené principalement par le pouvoir judiciaire et
les secteurs du patronat brésilien ouvertement pro-impérialiste.
La condamnation de Lula est complètement arbitraire et vise à
empêcher que celui-ci se présente aux élections présidentielles
d’octobre prochain, où il aurait de grandes chances de l’emporter. Lula
et les ex membres de ses gouvernements et de son parti sont clairement
empêtrés dans des affaires de corruption, plus ou moins importants,
depuis des années. Cependant, on se retrouve clairement aujourd’hui dans
une manœuvre politique antidémocratique, qui s’exprime par la célérité
et la légèreté en termes de preuves avec laquelle le cas de Lula a été
traité mais aussi par la « sélectivité » des cibles des enquêtes.
L’opération anticorruption « Lava-jato » sert en effet comme un
instrument puissant du pouvoir judiciaire pour refaçonner le régime
politique brésilien. Avec des enquêtes et des investigations pour
corruption ciblées très précisément, « Lava-jato » a servi pour mettre
de côté certaines figures politiques que cette faction du patronat
brésilien estimait « indésirables » pour servir leurs objectifs. Ainsi,
c’est avant tout des dirigeants du PT qui sont mis en cause dans un
régime politique fondé sur la corruption endémique qui touche l’ensemble
des partis pro-patronaux.
Dans ce contexte, et malgré la stratégie conciliatrice et légaliste
du PT, des centaines de milliers de soutiens de Lula à travers le pays
seraient sans doute prêts à se battre pour empêcher qu’il soit
emprisonné. Hier soir au siège du syndicat de la métallurgie dans la
banlieue ouvrière de São Paulo où depuis jeudi se trouve Lula, des
milliers de personnes ont entouré le bâtiment pour empêcher que la
police arrête l’ex président.
Lula avait jusqu’à vendredi 17h (heure brésilienne) pour se rendre à
la justice et commencer à purger sa peine. Lula a dans un premier temps
refusé de se rendre de lui-même à la police et a exigé que l’on vienne
le prendre au siège du syndicat. Un geste symbolique certes fort (c’est
dans cette région que Lula est devenu une figure nationale lors des
grèves ouvrières des années 1970 sous la dictature) mais que l’entourage
de Lula n’a pas voulu présenter comme une « résistance » face à la
justice.
Lula qui devait s’adresser à la foule ne l’a pas fait et a finalement
préféré de négocier avec la police de se rendre volontairement samedi
après une messe en hommage à son ex épouse décédée en 2017. Selon la
presse Lula voudrait éviter qu’il y ait des affrontements entre la
police et ses supporters. Le gouvernement et le pouvoir judiciaire
putschiste veulent également éviter ce scénario qui pourrait être
catastrophique pour leur image.
Ainsi alors que la mobilisation contre l’arrestation de Lula aurait
pu devenir un évènement politique majeur et de lutte contre le Coup
d’Etat institutionnel, le PT préfère désamorcer le mouvement pariant sur
la voie légale, totalement aux mains des putschistes pro-impérialistes.
Les syndicats liés au PT comme la CUT ont également évité de préparer
tout plan de lutte dans les lieux de travail avec des assemblées,
grèves et piquets pour faire face à l’avancée réactionnaire.
En effet, la condamnation de Lula au Brésil est une manœuvre
politique qui n’implique pas simplement Lula et le PT. En effet, si
l’arrestation de Lula se passe sans grand encombre pour le « parti
judiciaire », ce serait un coup pour l’ensemble des classes populaires
au Brésil car la bourgeoisie et l’impérialisme auront obtenu une
victoire politique très importante dans leur objectif de refaçonner le
régime politique brésilien. Il s’agit d’une bataille politique de
classe, malgré et en dépit du PT et de Lula.
Pour le mouvement ouvrier, pour la jeunesse précarisée, pour les
classes populaires et la population Noire opprimée dans les favelas, il
est fondamental de s’opposer à l’arrestation de Lula non juste pour
défendre Lula en soi mais pour défendre les droits démocratiques
fondamentaux que les putschistes remettent en cause aujourd’hui. Le
patronat et les impérialistes, à travers le pouvoir judiciaire, veulent
imposer qui les travailleurs et les classes populaires doivent élire en
octobre prochain.
La condamnation de Lula ne renforce nullement la « lutte contre la
corruption » mais l’appareil répressif et le pouvoir putschiste au
Brésil. Au contraire, la mobilisation de la classe ouvrière et des
classes populaires pourrait commencer à mettre un frein à cette avancée
réactionnaire. La lutte pour les droits démocratiques et contre la
condamnation arbitraire de Lula pourrait ouvrir un scénario de lutte de
classes qui échappe au contrôle de la direction du PT et des
bureaucraties syndicales liées à celui-ci. C’est bien pour cela qu’ils
essayent de mettre fin à la mobilisation populaire qui s’est développée
malgré eux. Réussiront-ils ?
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