A
dix ans du dernier krach économique mondial, que se passe-t-il dans les
bourses internationales ? Alors que le spectre d'un nouveau « Lehman
Brothers » refait surface dans un contexte plus volatile, la chute des
principales places financières rappelle la fragilité de la « reprise
économique » mondiale.
Lundi dernier l’indice Dow Jones de la bourse de New York
chutait de 4,6%, la pire séance depuis 2011 pour Wall Street. Cette
chute a réduit à néant tous les gains financiers à Wall Street depuis le
début de l’année. La nervosité a gagné les milieux financiers.
Rapidement les centres financiers d’Asie et d’Europe ont été touchés :
Tokyo a perdu près de 5%, Hong Kong 5,1%, à Paris la chute mardi a été
de 2,35%, à Francfort de 2,32% et à la City de Londres de 2,64%.
Le plongeon des bourses intervient soudainement après une période de
véritable « euphorie financière ». Rien que depuis l’élection de Donald
Trump, le Dow Jones a gagné 42% de valeur, 14 mois consécutifs de hausse
pour la bourse nord-américaine, un record depuis 1959. Et cette
frénésie a gagné l’ensemble des places financières mondiales. Comme on
affirme dans Les Echos : « la
Bourse du Japon était au plus haut depuis 21 ans. La Bourse de Paris
avait renoué avec ses plus hauts niveaux depuis janvier 2008. Toutes les
actions cotées sur la planète capitalisaient plus de 90.000 milliards
de dollars en fin d’année, davantage que le PIB mondial (…) Les Bourses
ont aussi bénéficié de la très bonne santé des grandes entreprises, qui
enregistrent depuis plusieurs trimestres des résultats confortables et
peuvent être généreux avec leurs actionnaires ».
Cette secousse des bourses mondiales a lieu également au moment où
les indicateurs économiques dans les principales économies mondiales se
trouvent au vert. Les États-Unis se trouvent actuellement dans une
situation dite de « plein emploi » (4,1% de chômage), les salaires
progresseront de 2,9% cette année, l’économie est sortie de la récession
depuis juin 2009.
Alors, qu’est-ce que les investisseurs craignent ? Que ces
indicateurs positifs dans l’économie n’amènent à un retour de
l’inflation et à la fin des politiques généreuses avec le capital mises
en place depuis le pic de la crise de 2008/2009, notamment les très
faibles taux d’intérêts pour les emprunts auprès des banques centrales.
Ces mesures ont recréé un cycle « d’argent bon marché » qui a permis
aux entreprises, et dans une moindre mesure aux ménages, de s’endetter
avec pour résultat une survalorisation des actifs en bourse qui ne
correspondent pas à la production réelle. C’est dans ce cadre que l’on
parle de « corrections » lors de ces chutes dans les bourses.
Cependant, ces secousses boursières révèlent surtout la fragilité des
résultats économiques positifs et que les contradictions de l’économie
capitaliste à la base de la crise internationale n’ont pas été résolues.
Mais elles révèlent aussi que les banquiers et spéculateurs de tout
types ont profité des mesures « ultragénéreuses » de « sauvetage » mises
en place par les Banques Centrales et les gouvernements pour relancer
un cycle de spéculation et que l’heure de la « grande correction »
approche avec la possibilité d’une rechute de l’économie mondiale.
C’est pour cela qu’une éventuelle fin des mécanismes économiques mis
en place pour faire face à la crise crée autant de stress dans le monde
de la finance. Ainsi, se développerait une forme d’exigence de la part
du capital à maintenir une économie soutenue par les États, les banques
centrales et les gouvernements pour pérenniser l’offre d’argent bon
marché, combinée à des politiques de contre-réformes structurelles
contre les acquis sociaux des travailleurs (réformes des retraites, du
marché de l’emploi, coupes budgétaires et des allocations sociales,
etc.).
Le visage parasitaire du capitalisme se révèle de plus en plus
clairement. Cependant, cet état de « finance sous perfusion » a ses
limites : les politiques mises en place pour éviter les krachs
économiques alimentent les conditions qui amènent à de nouveau krachs
(spéculation, survalorisation des actifs financiers grâce à l’argent bon
marché, bulles sur les dettes des États, entre autres).
Évidemment, on ne peut pas affirmer encore que l’on se trouve au
début d’une rechute de l’économie mondiale. Peut-être que les marchés
réussiront à absorber cette secousse. Cependant, celle-ci vient rappeler
que les causes de la crise n’ont pas été résolues et que les
contradictions de l’économie capitaliste amèneront inexorablement à une
nouvelle secousse mondiale, menaçant les conditions d’existence de
millions de personnes. Les capitalistes sont en train de préparer de
nouvelles catastrophes.
Or, le monde aujourd’hui est bien plus « volatile » qu’il y a dix
ans. Le « sauvetage » des institutions financières et des
multinationales a accentué l’endettement des États, les inégalités ont
explosé jetant des millions de personnes dans la pauvreté et la misère.
La conséquence, c’est un profond bouleversement de la vie sociale et
politique : aujourd’hui les régimes dans les pays centraux sont en crise
et sous la pression, à gauche comme à droite, de nouveaux phénomènes
politiques. Aussi, les tension et frictions géopolitiques et militaires
sont incomparablement plus élevées qu’en 2008-2009. Toutes ces raisons
imposent aux travailleurs et aux classes populaires de se préparer dès
maintenant pour affronter les nouvelles attaques qui se préparent.
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