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la tradition des hommes d’État français, Macron a exposé un discours
colonialiste et impérialiste au Burkina Faso, au milieu de
manifestations et répression contre sa venue. La veille, un véhicule de
l’armée française avait été visé par une attaque. Trois civils ont été
blessés.
Ce lundi 27 novembre, Macron a débuté sa tournée en Afrique par
le Burkina Faso. Il se rendra également en Côte d’Ivoire et au Ghana. À
Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, Macron a tenu une conférence
devant huit cents étudiants. Son objectif était de convaincre cette
jeunesse burkinabée, de plus en plus hostile à la présence de l’armée
française et de ses conseillers sous prétexte de combattre la menace
terroriste située au Sahel (région située dans le Nord du Burkina Faso),
mais aussi à la spoliation des ressources naturelles du pays par les
multinationales hexagonales.
Lundi soir, deux heures avant son arrivée, des individus encagoulés à
moto ont lancé une grenade contre un véhicule français dans le nord
d’Ouagadougou. Ils n’ont pas atteint leur cible, mais ont blessé trois
riverains, dont un grièvement. L’attaque n’a pas été revendiquée.
Cette attaque montre les tensions qu’il existe entre la France et le Burkina Faso. Le discours de Macron, à première vue, se voulait un éloge de la jeunesse africaine : « Le Burkina est l’emblème de l’aspiration démocratique de la jeunesse africaine ». Mais les jeunes du Burkina ont posé plusieurs questions sensibles via internet. Ils dénoncent le « pillage des ressources » par les entreprises françaises, ainsi que la présence militaire qu’ils considèrent comme une cause et non une conséquence des attaques djihadistes.
Plusieurs centaines de manifestants à l’extérieur du campus, fermé
aux étudiants à cause de la visite du président français, ont également
exprimé leur opposition au système du « Franc CFA » qui permet à la
France d’avoir un contrôle sur la monnaie nationale et représente un
instrument de la domination impérialiste dans les ex colonies
françaises. Ils ont protesté contre le pillage impérialiste et contre le
néocolonialisme. La police a fortement réprimé la manifestation.
Sur la question du franc CFA, Macron a lancé une provocation directe,
cynique : « Ce sont les États africains qui sont dans la zone franc qui
sont les maîtres de leur destin et qui peuvent totalement choisir. Donc
n’ayez pas ce discours de revendication qui a des accents
postcoloniaux, qui ne sont pas ceux de votre génération (…) il n’y a pas
un Français qui utilise l’or du Burkina Faso (…) Parce que de l’autre
côté j’ai des contribuables français qui viennent me dire « pourquoi
vous continuez à mettre de l’aide publique, avec mes impôts, dans les
pays d’Afrique (…) ». N’ayez pas sur ce sujet une approche bêtement
postcoloniale ou anti-impérialiste. Ça n’a aucun sens, ce n’est pas de
l’impérialisme, c’est pas vrai ».
L’hypocrisie a continué quand Macron a abordé la question de la
démocratie en lançant : « Le président de la République Française n’a
pas à expliquer dans un pays africain comment on organise la
constitution, comment on organise les élections ou la vie libre de
l’opposition ». Si la France n’avait pas des milliers de soldats
déployés sur l’ensemble du territoire africain anciennement colonisé par
Paris (et bien au-delà), ce discours aurait pu avoir quelques chances
de paraître sincère. Et l’histoire des interventions directes de la
France en Afrique n’est que trop connue, comme on le voit actuellement
au Mali, au Tchad, en Centrafrique ou encore en Côte d’Ivoire, pour ne
nommer que ces pays.
Alors que l’État impérialiste français continue de mener des
interventions militaires dans le continent africain, qu’il soutien les
multinationales hexagonales dans la spoliation des ressources africaines
qui maintiennent une grande partie du continent dans la soumission et
la dépendance, que l’État français maintient une politique ultra
restrictive en termes d’immigration et à l’intérieur de ses frontières
un racisme d’État violent, Macron entend étaler son arrogance et son
cynisme impérialiste lors de sa tournée. Il prétend comme ses
prédécesseurs continuer à assurer les business juteux pour les
capitalistes français et assurer à l’impérialisme une place géopolitique
stratégique.
Face à cela, c’est la solidarité internationaliste avec les
travailleurs et la jeunesse burkinabée et africaine qui doit se
développer en France . Une jeunesse burkinabée d’ailleurs de plus en
plus révoltée et consciente de l’oppression impérialiste française. En
effet, comme assurait un manifestant : « nous sommes sortis nombreux ce
matin pour signifier à Macron et à la France que le Burkina qu’ils ont
connu dans les années 1960 et 1980, n’est plus le même Burkina (…) Il
faut que la France comprenne une bonne fois pour toutes que
l’apprentissage que la jeunesse burkinabée a eu, les exploits que nous
avons faits pendant l’insurrection [de 2014] (…) ce n’est pas les
académies françaises qui nous ont enseigné cela, notre insurrection
vient de nous-mêmes ».
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