29.11.17

Dans le groupe Onet on licencie les victimes de harcèlement sexuel


Après cinq ans de lutte H. Reinier a été condamnée pour harcèlement sexuel, harcèlement moral et discrimination. Cela met en lumière les pratiques humiliantes contre les travailleuses que l’entreprise permet aux chefs d’équipe. Le patronat peut cependant encore faire appel.
Philippe Alcoy

Le groupe Onet est la principale entreprise spécialisée dans l’entretien de bâtiments et installations industrielles en France. Ainsi, ses filiales sont en charge de la propreté d’un grand nombre de gares SNCF, dont Gare du Nord.

C’est en effet dans cette gare que les faits ont eu lieu en 2012. Des salariées étaient victimes d’attouchements et d’humiliations de la part de leurs chefs d’équipe au quotidien. Comme témoigne Karima, l’une des victimes, dans l’émission de Yann Barthès, Quotidien : « ça a commencé avec mon chef d’équipe qui a commencé à m’attoucher sexuellement, à me frotter avec son sexe quand j’exerçais ma tâche, me disant des mots vulgaires, des insultes […] c’était une souffrance terrible […] Il y avait mes collègues aussi, on était plusieurs femmes et plusieurs chefs d’équipe, des contremaîtres [qui nous agressaient]. […] On a essayé de faire écouter notre souffrance, mais il n’y avait que des rigolades des hommes. […] On n’avait pas de valeur, la femme dans le nettoyage c’était rien du tout pour eux, c’était un objet, ils m’ont dit un jour : si votre mari vous laisse venir ici c’est pour qu’on fasse ce qu’on veut ».

D’abord un collègue de travail homme puis quatre femmes ont signalé cette situation de harcèlement à la direction de l’entreprise mais celle-ci n’a rien fait. Ou plutôt si : elle a commencé par sanctionner le collègue de travail en le licenciant et puis les victimes. Toujours selon Karima : « on a essayé - les quatre femmes - d’aller voir au début notre employeur, nous avions une confiance aveugle. Et une semaine après j’ai été sanctionnée ». Karima a par la suite aussi été licenciée. Les agresseurs par contre sont toujours en poste.

C’est ainsi que le 10 novembre dernier, après cinq longues années, le conseil des prudhommes de Paris a condamné H. Reinier, l’entreprise filiale d’Onet, pour harcèlement sexuel, harcèlement moral et discrimination.

Le conseil a conclu que « ces éléments pris dans leur ensemble, et qui s’inscrivent au surplus, comme l’a relevé à juste titre le Défenseur des droits, dans un contexte de hiérarchisation des fonctions, de division sexuée du travail, au profit des hommes, sur fond de précarité et de dépendance économique, caractérisent des faits de harcèlement sexuel et de harcèlement moral ».

Cette affaire témoigne d’une politique de mépris de la part de cette entreprise envers ses salariés, notamment les travailleuses. A cela on pourrait ajouter différents cas de persécution antisyndicale ou encore des conditions de travail déplorables et des salaires misérables, comme sont en train de dénoncer les agents de nettoyage de Paris-Nord en grève depuis plusieurs semaines. Évidemment, on ne peut pas oublier la responsabilité de la SNCF qui emploie ce sous-traitant pour l’entretien des gares et des trains.

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