Alors
que le gouvernement et les syndicats devaient se réunir ce mardi 10
octobre, raison pour laquelle la grève de la fonction publique avait été
convoquée pour ce jour-là, le gouvernement a décidé de reporter le
rendez-vous de quelques jours pour « permettre aux dirigeants syndicaux
de prendre part aux manifestations ». Une provocation dans la forme qui
ne cache pas au fond la crainte du gouvernement d’une jonction de la
contestation.
« Comme il y a un appel à manifester le 10 octobre, le ministre
souhaite que les responsables syndicaux ne soient pas contraints de
quitter la manifestation pour venir discuter », a déclaré le
porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. En effet, après le
gazage des travailleurs de GM&S, qui manifestaient contre la venue
de Macron sur leur site, et les déclarations postérieures du président,
le gouvernement semble avoir décidé d’adopter une ligne provocatrice
face aux opposants de ses réformes.
Certains dans la presse nationale saluent le soi-disant « discours de
vérité » de Macron. Ils saluent en réalité son mépris de classe. Mépris
de classe qui ne saura pas cacher l’inquiétude de ce gouvernement face à
une montée de la contestation et un éventuel « tous ensemble » qui se
construise dans la rue.
Les dirigeants syndicaux du secteur ont réagit avec indignation en déclarant que « ce rendez-vous salarial était prévu à 10H30 alors que la manifestation parisienne est programmée à 14H00 ». Par ailleurs ils ont dénoncé le fait qu’ils ont été prévenus de ce report à travers la presse.
Cependant, ces manœuvres et provocations du gouvernement ne semblent
pas pour le moment réussir à décourager les travailleurs. En effet,
cette journée de grève et mobilisation, déposée très loin du 21
septembre, apparaissait comme une manœuvre pour diviser le mouvement de
la part des directions syndicales ; elle participait de ces dates
dispersées déposées depuis la rentrée, séparant le plus possible les
travailleurs du privée et du public. Cependant, plus on s’approche du 10
octobre, plus le caractère de cette journée d’action ; elle devient de
plus en plus interprofessionnelle, regroupant non seulement différents
secteurs de la fonction publique (comme les médecins des hôpitaux qui
appellent à la grève aussi le 10 octobre) mais aussi des salariés de
certaines branches du privé.
C’est en ce sens qu’il a lâché du lest vis-à-vis des routiers,
mobilisés depuis plusieurs jours. C’est dans ce cadre-là aussi qu’il
essaye de faire cette manœuvre du report du rendez-vous avec les
syndicats de la fonction publique sur les salaires : on ne peut pas
exclure que dans le cas d’une mobilisation importante, avec un caractère
interprofessionnel marqué, le gouvernement ne lâche quelques
concessions aux fonctionnaires, comme avait fait Hollande lors de la
lutte contre la Loi Travail 1, pour désactiver ce front.
Cependant, les contre-réformes du gouvernement dans le secteur public
vont bien au-delà de la question des salaires. On parle de 120 000
suppressions de postes de fonctionnaires pendant le quinquennat ; de la
restauration de la journée de carence (mettant fin au remboursement de
la première journée lors d’un arrêt maladie) ; l’augmentation de la CSG,
une mesure fiscale qui va toucher surtout les travailleurs et les
classes populaires au moment où Macon fait des cadeaux aux ultra riches.
Les soi-disant « négociations » du gouvernement ne cherchent qu’à
légitimer ses attaques contre les travailleurs sous une enveloppe de
« concertation ». Ces réunions sont impuissantes pour faire obtenir quoi
que ce soit aux travailleurs. Ce gouvernement arrogant, antipopulaire,
provocateur ne connait qu’un langage : le rapport de forces.
Cela implique une rupture radicale avec la logique du « partenariat
social ». Contrairement à espérer des avancées dans les négociations
avec le gouvernement, les directions syndicales doivent tourner le dos à
ces pourparlers impuissants. Ce qu’il faut c’est construire un front
uni entre les différents secteurs de la classe ouvrière, du public et du
privé, avec la jeunesse, les chômeurs et les précaires, avec les
populations des quartiers populaires. Un front uni qui discute d’un
programme de lutte pour vaincre l’offensive gouvernementale et
patronale, à travers la grève général reconductible jusqu’au retrait des
ordonnances et des différentes attaques contre le monde du travail et
les classes populaires.
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