On
connait le fléau des réfugiés provoqué par la guerre civile syrienne :
près de la moitié de la population a été obligée de fuir, parfois vers
l’étranger, parfois vers d’autres régions du pays. Mais on parle bien
peu d’autres phénomènes tout autant dramatiques de la population
syrienne, comme le retour du travail infantile.
La semaine dernière, le journal Al-Monitor, spécialisé dans le Moyen Orient, publiait un article pointant la montée du travail infantile dans les zones « libérées » en Syrie.
En effet, au fur et à mesure que la situation dans certaines régions en
Syrie semble retrouver une stabilisation partielle, même si la guerre
continue, la vie quotidienne reprend doucement. Au milieu des ruines et
de la destruction, des réfugiés retournent dans leurs villes, des
commerces rouvrent.
Entre les ruines et la pauvreté ressurgissent également des fléaux
comme le travail infantile. La guerre a fait des ravages et beaucoup
d’adultes sont morts laissant des familles entières sans référent
économique. C’est pour cela que beaucoup d’enfants sont en train de
quitter l’école ou l’ont déjà quittée pour aller travailler et assurer
la survie économique de leur famille.
Les journalistes d’Al-Monitor se sont rendus dans les villes
d’al-Bab, Marea, Azaz and Jarablus, sous contrôle de l’Armée Libre
Syrienne et ont constaté que des enfants de 7 à 17 ans étaient embauchés
pour travailler dans tous type de magasins et de professions : depuis
des magasins alimentaires et fast-foods jusqu’à des ateliers de couture,
menuiseries, dans la réparation de voitures, entre autres. Les enfants
travaillent en général au moins 12 heures par jour, six jours par
semaine pour un salaire d’entre 40 et 60 dollars mensuel.
Un responsable d’une menuiserie où travaillent six enfants de moins
de 15 ans a déclaré au journal : « [ces enfants] doivent prendre une
grande responsabilité pour fournir les nécessités de base
quotidiennement à leur famille et payer le loyer. Chaque enfant gagne 50
dollars par mois, et des enfants arrivent tous les jours me demandant
du travail ».
C’est une situation de misère profonde où les enfants sont poussés et
obligés d’aller gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de leur
famille. Cependant, des patrons tirent profit de cette situation. Comme
c’est dit dans l’article : « les patrons emploient des enfants réfugiés,
qui acceptent des bas salaires et de longues heures de travail car ils
sont désespérés ».
Le travail infantile n’est pas seulement en train de se répandre
parmi les couches les plus désespérées et pauvres en Syrie, elle fait
des ravages également parmi les enfants syriens réfugiés dans les pays
voisins comme le Liban. En août dernier le journal qatari Al Jazeera a
publié un long reportage également sur le travail des enfants syriens au Liban, en parlant d’une « génération perdue ».
Dans ces pays d’accueil la situation matérielle des enfants réfugiés
est très difficile et souvent ils sont la cible de racisme et
d’exclusion. Les populations locales parfois craignent que l’arrivée des
enfants réfugiés dégrade les conditions d’étude des enfants locaux et
les écoliers réfugiés peuvent être victime de harcèlement. La misère et
ces conditions difficiles d’accueil a pour résultat que seulement 50%
des enfants en âge d’aller à l’école y sont inscrit et que pour une
grande partie d’entre eux, ils ne seront plus à l’école à partir de 9 ou
10 ans.
En effet, l’abandon de l’école pour le travail et le poids de la
responsabilité de devoir apporter l’argent nécessaire pour satisfaire
les besoins familiaux peuvent avoir des conséquences psychiques et
physiques très graves sur ces enfants travailleurs. Et cela sans compter
la violence à laquelle ces enfants sont exposés.
Le retour du travail des enfants est effectivement une conséquence
tout à fait logique pour un système basé sur l’exploitation et le profit
maximum. Et quand ce système est en décomposition, les phénomènes de
misère humaine sont également très décomposés. Au contraire des
politiciens des capitalistes comme Angela Merkel qui vient d’annoncer
une réduction du nombre de réfugiés accueillis sur le sol allemand pour
solder une alliance de gouvernement, les travailleurs et les classes
populaires de l’Europe devraient redoubler la solidarité avec le peuple
syrien martyrisé.
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