15.6.17

Yémen. Un enfant est infecté par le choléra toutes les 35 secondes


Le Yémen est dévasté par la guerre. Sa population, déjà affaiblie par la famine, est de plus en plus anéantie par le choléra : selon l’Unicef, on en compte 250 000 cas en seulement six mois, dont les principales victimes sont les enfants.
Philippe Alcoy

«  L’épidémie de choléra est arrivée au moment où le système était en train de s’effondrer, où la pauvreté s’approfondissait, où la malnutrition atteignait des sommets. Pouvez-vous imaginer ce que la diarrhée peut faire à un enfant qui est déjà affaibli, dont le système immunitaire est au plus bas – des enfants âgés de six mois pèsent à peine 2,5 kilos ? ». Voilà le témoignage déchirant de la docteure Meritxell Relaño, représentante de l’Unicef au Yémen.

La situation est en effet catastrophique. L’épidémie est en train de progresser à vue d’œil. Elle se développe sur le terrain de la dévastation provoquée par la guerre, de la misère et de la famine. Près de mille personnes sont déjà mortes de choléra dans tout le pays.

Selon l’ONG Save the Children, un enfant yéménite est infecté par le choléra toutes les 35 secondes. Deux millions d’enfants sont victimes de malnutrition. « Vous ne pouvez pas imaginer la peur dans les yeux des mères (…). Dans certains cas il y a trois [enfants] par lit », dit la docteure Mariam Aldogani, conseillère de Save the Children.

Car effectivement, les rares hôpitaux qui restent debout sont surchargés. Certaines personnes doivent faire des centaines de kilomètres pour pouvoir faire soigner leurs proches. Parfois elles doivent dépenser toutes leurs maigres économies en taxis pour transporter les malades. Et les ressources pour soigner les patients dans les hôpitaux sont très maigres. Le pays est bloqué ; l’aéroport de la capitale, Sanaa, fermé. Rien n’arrive pour aider la population.

Les gens sont en train de mourir au Yémen. Et ce ne sont pas seulement les bombes. Le choléra, maladie du sous-développement et de la misère, est en train de ravager la population démunie.

Mais cette épidémie meurtrière, n’est pas une fatalité tombée du ciel, une « malédiction ». Elle est le résultat d’une guerre menée principalement par l’Arabie Saoudite et ses alliés mais aussi par des forces liées à l’Iran. Le Yémen est devenu l’un des terrains d’une dispute réactionnaire pour l’hégémonie régionale. Les puissances impérialistes, notamment les Etats Unis mais aussi la France, soutiennent leur allié saoudien et profitent pour faire de juteux business en tant que marchands d’armes.

Ainsi, cette guerre réactionnaire est loin de voir la fin, bien au contraire. Les classes dominantes régionales, ces pétromonarchies parasitaires, promettent plus de guerres et de conflits, notamment après le rebondissement de la crise au Golfe autour du Qatar.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire