Alors
que le mois du Ramadan est considéré le mois le plus sacré pour les
musulmans, au Yémen déchiré par la guerre, il semble mettre sur le
devant de la scène les souffrances d’une population frappée par la
famine et une épidémie de choléra ravageuse.
La rupture du jeun du Ramadan est un moment marqué en général
par la convivialité. Dans certains quartiers populaires en France on
peut même observer les rues se remplir le soir de façon inhabituelle.
Les pâtisseries exposées dans les terrasses de restaurants et
boulangeries, des kebabs, se mêlent aux plats traditionnels. Un moment
très spécial de la journée et de l’année.
Mais rien de tel ne peut être observé cette année au Yémen où la
population est déchirée par la guerre ; où 17 millions de personnes font
face à la famine ; et où depuis avril plus de 530 personnes sont mortes
de choléra et où l’on compte 65 000 autres cas suspects.
Dans un tel contexte, le jeun du Ramadan perd complètement de son
sens, rattrapé par la misère et la maladie massives. Au contraire, le
jeun rend explicite, de façon plus aigue, cette situation catastrophique
pour la population. Comme le résume Fatima, une yéménite de 58 ans, à Al Jazeera, « on fait le jeun la journée et on meurt de faim la nuit ».
Dans ce mois de Ramadan, comme le reste de l’année, les principales
inquiétudes pour des millions de personnes au Yémen sont de trouver
quelque chose à manger pour leur famille, échapper à la misère totale et
tout simplement espérer éviter les épidémies mortelles telles que le
choléra. Encore dans les mots de Fatima : « j’ai besoin de nourriture
pour ma famille et je dois payer [80 dollars] de loyer. J’ai deux
angoisses permanentes : la faim et l’expulsion ».
Un autre yéménite, Mohamed al-Mokhdari, habitant la capital du pays,
Sanaa, déclare dans le même article d’Al Jazeera : « Manger de la
viande, du poulet et suffisamment de légumes et fruits est devenu un
rêve en ce Ramadan ». Les gens sont contraints de se limiter à consommer
des biens basiques comme du riz, du sucre, de la farine…
Ce mois de Ramadan au Yémen expose également l’hypocrisie des régimes
monarchiques et dictatoriaux de la région, notamment celui de l’Arabie
Saoudite. Ces régimes, profondément réactionnaires, prônent une lecture
« rigide » de l’islam. Or, ce sont ces régimes qui sont en train
d’imposer des souffrances inouïes à cet autre peuple, majoritairement
musulman, au Yémen. C’est l’Arabie Saoudite et ses alliés régionaux,
soutenus et armés par les puissances impérialistes, qui depuis deux ans
affament les masses yéménites dans une guerre réactionnaire.
Ce sont ces régimes qui se prétendent garants de la « lutte contre le
terrorisme » dans la région et en même temps financent des courants
profondément réactionnaires de l’islam politique qui n’hésitent pas à
s’en prendre aux populations locales, elles mêmes majoritairement
musulmanes, au soi-disant nom de l’islam.
La réalité c’est qu’il s’agit de représentants des classes dominantes
capitalistes dans la région, laquais de l’impérialisme, qui utilisent
une rhétorique pseudo-religieuse pour atteindre leurs buts
réactionnaires.
Cependant, ils ne sont pas tout-puissants et comme les masses l’ont
su montrer lors de la vague de processus révolutionnaires du Printemps
Arabe, c’est cette action collective et massive qui les fait peur. Tôt
ou tard les travailleurs et les masses de la région sauront reprendre
leur lutte.
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