Deux
balayeurs noirs devant Matignon en attendant la fin du « mystère » sur
la nomination du nouveau premier ministre : plus qu’un hasard, tout un
symbole d’une société d’exploitation et d’oppression que Macron se
prépare à gouverner.
Le « live » en politique offre parfois des images
déconcertantes, symboliques, bizarres même. Un des exemples les plus
choquants de ces dernières années est peut-être l’image de George W.
Bush se faisant maquiller et coiffer, en live pour toute la planète,
juste quelques minutes avant d’annoncer l’invasion nord-américaine en
Irak en 2003. C’était une image qui révélait le cynisme de
l’impérialisme et l’insouciance avec laquelle son personnel politique
décide de la vie ou la mort de milliers de personnes.
Sur un tout autre plan, cette image de deux balayeurs noirs devant
Matignon vient briser un peu de la « mystique » d’une nomination si
mystérieuse. La réalité d’une société divisée en classes et raciste qui
« dérange » l’opération de Com’.
C’est une scène qui rappelle, simplement mais brutalement, qu’aussi
bien à Matignon qu’ailleurs dans les grandes entreprises, dans les
services publics, partout, ce sont les travailleurs qui font « tourner
la machine ». Et pourtant ce ne sont pas les travailleurs qu’on est venu
voir. On ne veut pas les voir d’ailleurs. On ne doit pas les voir.
Encore moins ceux qui font des tâches aussi « insignifiantes » que le
ménage. Encore moins s’ils sont Noirs.
Ils doivent rester à leur place. Et leur place n’est pas devant les
caméras, même par « hasard ». Mais si on ne doit pas les voir, les
montrer, ils doivent être là. Ils doivent faire leur travail. Et se
taire. Et obéir.
Car le gouvernement qui sera nommé portera avant tout un programme
profondément pro-patronal, hostile aux travailleurs et aux classes
populaires, un programme qui vise à accentuer l’exploitation et les
oppressions structurelles du capitalisme français, dont le racisme. Et
c’est précisément cela que cette scène, fruit du hasard, exprime.
Effectivement, parfois il y a des images qui en disent plus que les
mots.
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