Méconnu
du grand public, Edouard Philippe, le nouveau premier ministre, devait
incarner le « renouveau » de la politique française avec Macron. Il
semble pourtant déjà accumuler des vieilles habitudes de la caste
politicienne française.
L’annonce du nom du premier ministre a pris un tournant
« mystérieux », lundi 15 mai. Même si, depuis plusieurs jours, le nom
d’Edouard Philippe était mis en avant. Méconnu du grand public, qui est
ce député-maire Les Républicain qui décide de devenir le premier
ministre d’Emmanuel Macron ?
Jeune, comme Emmanuel Macron, Edouard Philippe (46 ans) est énarque,
tout comme son chef. Bien que Philippe ait commencé sa carrière
politique au sein du PS, rapidement il s’est rapproché de la droite et
d’Alain Juppé. C’est avec celui-ci qu’en 2007 il a fait partie du
cabinet du ministère de l’Ecologie. Mais pour une courte période
seulement étant donné que le maire de Bordeaux a perdu l’élection
législative de cette année-là et a quitté son poste ministériel.
C’est précisément en 2007 qu’Edouard Philippe est embauché chez Areva
en tant que directeur des affaires publiques. Sa mission, en clair, est
de faire du lobbying auprès des députés pour favoriser les affaires du
géant du nucléaire en Afrique, notamment au Niger, principal source
d’uranium pour les centrales françaises.
C’est ainsi que Philippe s’est rapproché du député de l’Eure, Marc
Vampa, président du groupe d’amitié France-Niger à l’Assemblée
Nationale. En janvier 2008 un accord était signé entre la multinationale
française et le gouvernement nigérien sur l’exploitation de l’uranium.
La France exploite l’uranium nigérien depuis des décennies et cela
n’a jamais favorisé ni le développement du pays, ni les populations
locales. Au contraire, beaucoup d’associations et d’acteurs locaux
dénoncent le fait que l’extraction de l’uranium a contaminé les nappes
phréatiques et rendu les terres inutilisables pour l’agriculture.
À cela il faut ajouter la répression politique et militaire de l’Etat
nigérien contre les populations touarègues expulsées de leurs terres.
Le tout avec le soutien d’Areva et de l’Etat français.
Edouard Philippe est resté chez Areva jusqu’à 2010 quand il est
devenu maire du Havre. Il est important de dire qu’il a perçu un double
salaire de 2007 à 2010 en tant que salarié d’Areva et adjoint au maire
du Havre.
Mais quitter Areva ne signifiait apparemment pas pour Philippe de
rompre ses liens avec l’entreprise et durant son mandat de maire du
Havre la multinationale a réussi à « décrocher » un contrat pour
installer deux usines d’éoliennes off-shore dans la ville. Cependant, ce
projet a été abandonné l’année dernière.
Il est intéressant également de remarquer ici l’attitude de Philippe
en tant que maire du Havre pendant le mouvement contre la Loi Travail,
l’année dernière. Surtout parce que le Havre a été l’un des lieux forts
de la contestation mais aussi parce que la vile possède une tradition de
lutte ouvrière et populaire forte.
Ainsi, en mars de l’année dernière, Philippe se plaignait que le
gouvernement, face à la contestation de la jeunesse, ait retouché sa
première version de la loi, avec laquelle il était d’accord. Pour lui il
était « extravagant que l’on donne autant d’importances aux syndicats
étudiants (…) On marche sur la tête dans ce pays, on écoute les
responsables de syndicats étudiants qui représentent peu de jeunes, et
on n’écoute pas le prix Nobel d’économie Jean Tirole ou un grand nombre
de chefs d’entreprise évoquer les freins à l’embauche ».
Il est difficile à l’heure de savoir si Edouard Philippe restera
premier ministre de Macron après les élections législatives de juin.
Mais une chose est certaine : il semble avoir tout à fait le profil
profondément pro-patronal, néolibéral, pro-impérialiste, recherché et
incarné par Macron lui-même. Le capital impérialiste français sait
également qu’avec Philippe il a plus qu’un allié au gouvernement.
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