Alors
que le pays se trouve dans une crise politique profonde depuis
plusieurs mois, l’attaque par des partisans de l’ex premier ministre
Nikola Gruevski contre des députés sociaux-démocrates et leurs alliés
albanais, risque d’accentuer les tensions.
Les députés sociaux-démocrates et leurs alliés des partis de la
minorité albanaise (25% de la population) – 67 députés sur un total de
120 – ont élu un nouveau président du parlement et cela a suffi pour
déclencher la colère des sympathisants de l’ex-premier ministre Nikola
Gruevski, de la droite nationaliste.
45 personnes ont été blessées dont plusieurs députés et notamment le
chef des sociaux-démocrates Zoran Zaev. Une députée sociale-démocrate,
Radmila Sekerinska, a été traînée par les cheveux par un des
nationalistes, après avoir reçu un dur coup dans la tête avec un pied
métallique d’appareil photo, comme on peut voir dans la vidéo
ci-dessous.
En effet, Gruevski, qui a bâti un régime totalement dépendant de son
pouvoir pendant les dix ans où il est resté à la tête du pays, se bat
pour empêcher l’ancienne opposition, aujourd’hui soutenue par l’UE et
les Etats Unis, d’élire un nouveau premier ministre issu des rangs
sociaux-démocrates et soutenu par les partis albanais.
Lors des dernières élections parlementaires, aucun parti n’a réussi à
avoir la majorité absolue mais les sociaux-démocrates ont obtenu le
soutien de deux partis de la minorité albanaise pour élire un nouveau
premier ministre, Zoran Zaev.
Gruevski et son parti nationaliste, ainsi que des associations
nationalistes de la « société civile » ont dénoncé cette alliance en
affirmant que les sociaux-démocrates auraient passé un accord avec les
partis albanais mettant en risque l’unité de la Macédoine.
Des manifestations ont eu lieu pour exiger le respect d’une
« Macédoine Unie » et le président, lié à Nikola Gruevski, a bloqué,
depuis lors, la nomination d’un premier ministre issu de l’ancienne
opposition.
Il est évident qu’aujourd’hui en Macédoine ce qui est en jeu n’est
pas « l’unité du pays », ni une avancée nationaliste de la minorité
albanaise, mais la survie du régime bâti par Nikola Gruevski. Et
celui-ci est prêt à tout pour préserver son pouvoir, y compris à
manipuler le nationalisme.
Il n’est pas inutile de rappeler que Gruevski a lui-même gouverné
pendant 10 ans avec l’un des partis albanais qui, aujourd’hui,
soutiennent les sociaux-démocrates.
De leur côté, les puissances occidentales essayent de tirer profit de
la situation en s’appuyant sur les sociaux-démocrates, même si,
auparavant, elles soutenaient sans aucun problème Gruevski. Et la
Russie, pour sa part, fait de même en soutenant les nationalistes
macédoniens contre la population albanaise et les impérialistes
occidentaux.
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