Alors
que la droite veut régler ses comptes avec son candidat frustré au
lendemain de la défaite à la présidentielle, François Fillon fait un pas
à côté. Il se "sacrifie" pour préserver l’unité de la droite dans les
législatives.
« Ma victoire aux primaires avait enclenché une grande
espérance. Elle a été brisée par un pilonnage intensif (…) Je vais
redevenir un militant de cœur parmi les autres. Je vais devoir penser ma
vie autrement, panser aussi les plaies de ma famille ». Encore une
« victime » du système en effet, mais pas une comme les autres. François
Fillon est une victime de la chute du « système », du bipartisme
français. En effet, le tour de manche pour créer l’illusion d’un départ
volontaire ne tient pas une seconde. Si François quitte le navire, c’est
pour éviter un déshonneur de plus. Celui de se faire éjecter par les
autres pontes des Républicains, aujourd’hui que le crédit des primaires
est épuisé pour l’ex premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Les partisans du « débranchement » au sein de Les Républicains (LR)
obtiennent une « victoire ». Reste à savoir si la page Fillon n’est pas
tournée trop tard. Car si ce n’est pas (encore) le sauve qui peut, nul
doute que l’élection désormais programmée d’Emmanuel Macron pourrait
opérer un appel d’air d’une ampleur cataclysmique sur l’aile du parti
située au "centre droit", et notamment autour d’Alain Juppé. Ainsi
Fillon, en déclarant qu’il n’est plus « légitime » pour mener la
bataille des législatives, essaye de sauver ce qui peut l’être du
capital politique de son parti. Un recul certes forcé, mais qui, au vu
de la rapidité de l’annonce, sonne aussi comme une tentative de ne pas
griller définitivement le peu de plumes qui restent sur ses ailes, et
avoir encore un rôle à jouer dans le paysage politique français.
En ce sens, selon lui il faut s’abstenir de « combinaisons
préélectorales » avant les législatives. Eviter que Macron, dans une
éventuelle victoire au second tour, « aspire » une partie de la droite
« prématurément ».
Car pour LR le pari c’est de peser aux législative, pour maintenir en
vie l’appareil malgré la défaite à la présidentielle. Autrement dit,
créer une situation inouïe depuis le gouvernement de Lionel Jospin sous
la présidence Chirac (1997-2002) : la cohabitation et peser sur les
recompositions à droite. En attendant, François aura tout à loisir de
s’occuper de ses "ennuis" judiciaires, même si les précédents Christine
Lagarde et autres seront à même de le rassurer. Pour les puissants, la
justice sait être complaisante !
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