Après
la prestation du candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, Philippe
Poutou, lors du « Grand Débat » il y a un air de Coupe du Monde remporté
face à la caste politicienne parmi les militants et les sympathisants.
Tout s’y prêtait. La presse avait voulu en faire un évènement
après le scandaleux « Grand débat » à cinq sur onze. C’était une
première. Les onze candidats allaient s’affronter. Le stade, à la Plaine
St-Denis, était plein à craquer. Mais cette fois pas le Stade de
France. Juste quelques heureux pouvaient assister au match en live alors
que des millions devaient se contenter de la transmission télé. Dans
les tribunes des « personnes importantes » se mêlaient à d’autres
inconnus.
On se réunissait pour regarder l’évènement en groupe. Avec des amis ;
avec des camarades. « Vous êtes où ? Ca va commencer ? », demande-t-on
aux derniers retardataires qui se sont arrêtés pour acheter quelque
chose à boire et à manger à la dernière minute.
Et c’est parti. Au début tout le monde se teste même si chacun montre
un peu de quoi il ou elle est capable. Pour Philippe Poutou c’est un
début un peu tiède. « Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Il est
impressionné par le décor ? ». La pression monte. Quelques attaques
par-ci ; quelques attaques par-là. Défense. Contre-attaque. Peu
d’émotions quand même.
La première mi-temps est faible pour le nôtre. En face, des rivaux
durs, difficiles. Des malins qui savent tricher quand l’arbitre tourne
le dos ou présente un regard bienveillant. A vrai dire, on craint un peu
qu’on nous écrase.
Fin de la première mi-temps. Il faut se ressaisir. La seconde
mi-temps peut commencer. Et là on sent déjà que ça monte. Ce n’est pas
pour rien qu’on est arrivé jusqu’ici. On voit qu’il y a une brèche. Et
là, mémorable : « Fillon, voilà, il est en face de moi, que des
histoires. Et plus on fouille, plus on sent la corruption, plus on sent
la triche. En plus, c’est des bonhommes qui nous expliquent qu’il faut
la rigueur, qu’il faut l’austérité, et eux-mêmes piquent dans les
caisses publiques ». Dribbles incroyables, petit pont au meilleur
défenseur (du système) !
Le public commence à s’enflammer. L’action continue : « Ensuite il y a
aussi Le Pen, à côté. Pareil, on pique dans les caisses publiques.
Alors là, ce n’est pas ici, c’est l’Europe. Alors, pour quelqu’un qui
est anti-européen ça ne le gêne pas de piquer de l’argent de l’Europe.
Le pire c’est qu’en plus le FN qui se dit antisystème ne s’emmerde pas
du tout et se protège grâce aux lois du système, grâce à l’immunité
parlementaire. Et donc, refuse d’aller aux convocations policières ».
Magistral.
Les attaquants rivaux reviennent désespérés pour contrer cette
avancée ! On essaye même de le tacler : « Sur ce coup là vous êtes pour
la police ? ». Mais rien n’y fait. Il y a trop d’inspiration et cette
tentative médiocre ne fait qu’augmenter le ridicule du rival : « quand
on est convoqué par la police, nous ouvriers par exemple, on n’a pas
d’immunité ouvrière, désolé, on y va. Vous avez une chance, le système
vous protège, tant mieux pour vous. Ca veut bien dire que l’antisystème
c’est de la foutaise ! ».
Buuuuuuuuuut ! Dans la lucarne ! Le public explose ! Même le public
rival applaudit. Devant la télé les supporteurs explosent aussi. Il y a
des cris, des applaudissements. Il ne manque plus que les feux
d’artifice !
Le rival est abasourdi, déconcerté. On ne s’attendait pas à ça.
Encore moins de la part d’un joueur aussi hors cadre, hors norme. Coup
psychologique qui pèse plus lourd que la fatigue ; plus lourd que le
boulet des affaires. Le rival, les rivaux, essayent de rattraper le
coup. Mais rien n’y fait. Il reste du temps mais il est trop tard. C’est
le condamné qui attend l’exécution. Il n’y a qu’à attendre la fin :
Philippe Poutou champion !
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