Le
président brésilien a annoncé que les fonctionnaires des États fédéraux
et les agents municipaux ne seront pas touchés par la réforme des
retraites. Une tentative de diviser les travailleurs mais aussi un recul
face à la mobilisation.
Pour faire baisser la pression de la rue contre la réforme des
retraites du gouvernement putschiste, le président Michel Temer, à la
surprise générale, a annoncé que les travailleurs du secteur public des
États fédéraux et des municipalités ne seront pas soumis à la réforme.
En effet, cette mesure qui repousse l’âge minimal de départ à la
retraite et augmente le nombre d’années de cotisation allait toucher
l’ensemble des salariés du pays (le gouvernement en avait déjà exempté
les forces armées, la police et les pompiers qui au Brésil sont
militaires). Et la réponse a été à la hauteur du mécontentement avec une
journée de grève et de mobilisation massive mercredi 15 mars dernier.
C’est précisément face à l’ampleur de cette mobilisation, imposée par
les travailleurs aux principales centrales syndicales, que le
gouvernement a décidé de faire baisser la pression en divisant le
mouvement. En effet, ce recul partiel du gouvernement et tactique. Il
prétend appliquer la réforme de façon échelonnée : d’abord les
travailleurs du privé dans l’industrie, le commerce, les services et les
fonctionnaires de l’État central ainsi que les travailleurs précaires
embauchés dans les États fédéraux et municipalités ; ensuite les
gouvernements municipaux et fédéraux devront appliquer, séparément, leur
propre réforme.
Cela crée évidemment des frictions entre le gouvernement central et
ceux au niveau fédéral et municipal qui devront appliquer eux-mêmes
cette mesure impopulaire et faire face à la gronde des salariés.
Mais si cette manœuvre de Michel Temer passe, la principale
conséquence sera la division du mouvement et l’isolement des secteurs
les plus combattifs du reste du mouvement. En effet, lors de la journée
de grève et mobilisation du 15 mars, ce sont précisément les enseignants
et autres secteurs qui dépendent des États fédéraux et des
municipalités qui étaient à la tête.
Mais au-delà de ces manœuvres, dont l’efficacité est tout sauf
garantie, ce que la décision de Temer montre c’est que ce gouvernement
illégitime et les capitalistes craignent profondément la mobilisation
des travailleurs. Ce gouvernement issu d’un coup d’État institutionnel,
entaché de diverses affaires de corruption, sait très bien qu’il a une
très faible légitimité et autorité pour appliquer des mesures
impopulaires face à la mobilisation des travailleurs.
Comme disent Diana Assunção et Felipe Guarnieri dans le quotidien brésilien d’extrême gauche Esquerda Diário : « Nous
pouvons gagner. Pour cela il faut garantir l’unité de la classe
ouvrière. Nous sommes conscients que la CUT [Centrale Unique des
Travailleurs] et la CTB [Centrale des Travailleurs et Travailleuses du
Brésil] ne veulent pas combattre vraiment les attaques du gouvernement,
mais ont un objectif stratégique de miner encore plus l’image de Temer
pour permettre l’élection de Lula en 2018. C’est pour cela que les
travailleurs doivent rentrer dans cette lutte en s’organisant dans les
lieux de travail, depuis la base et empêcher que la CUT et la CTB
négocient avec le gouvernement et dévient toute la prédisposition à la
lutte qui s’est exprimée le 15 mars dernier ».
Après une séquence de polarisation sociale et politique, où les
forces réactionnaires ont été à l’offensive, le mouvement ouvrier, allié
à la jeunesse précarisée et aux classes populaires, peut arrêter les
attaques du gouvernement putschiste et pro-patronal. Une victoire contre
la réforme des retraites non seulement mettrait sur la défensive Temer
sur d’autres dossiers, comme la réforme du code du travail, mais
constituerait un message encourageant pour les travailleurs de toute la
région.
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