Philippe Alcoy
Malgré le silence assourdissant des médias dominants vis-à-vis des
« petits candidats », il n’est un secret pour personne que Philippe
Poutou, candidat à la présidentielle du NPA, peine énormément à trouver
ses 500 parrainages pour pouvoir se présenter. C’est pour cela que les
militants sont mobilisés pour aller rencontrer les maires des petites
communes rurales, très souvent sans étiquette, pour obtenir leur soutien
démocratique pour qu’une voix anticapitaliste puisse s’exprimer lors de
ces élections.
Bien que certains maires se montrent réceptifs à nos
arguments, la tâche est très difficile. Certains maires refusent
directement : soit parce qu’ils ne « veulent pas diviser la gauche »,
soit parce qu’ils sont de droite et ne souhaitent pas parrainer un
candidat anticapitaliste, soit ils sont acquis au FN. Beaucoup se disent
aussi « apolitiques » et de ce fait ne veulent parrainer personne.
C’est le groupe le plus important.
En général, des maires apprécient « la visite » et profitent pour
expliquer les problèmes qu’ils rencontrent au jour le jour dans leur
commune ou dans le département, pour donner leur point de vue sur
l’élection aussi. La consternation face au « Penelope Gate » est l’un
des premiers sujets de discussion. « Tous pourris ! ». Et à ce propos il
n’est pas rare d’entendre dire que « la France ira bien quand un chef d’entreprise sera élu ».
Selon cette logique, un chef d’entreprise, par son succès économique,
serait la personne la mieux placée pour « bien gérer le pays ».
Évidemment, on ne peut pas exclure que cette logique réponde au fait que
beaucoup de ces maires sont des petits ou moyens exploitants agricoles
ou chefs d’entreprises liées au secteur agricole.
La visite à répétition de différents maires permet de comprendre
certaines logiques, repérer même les constantes urbanistiques des
villages : l’église, la mairie collée à l’école, le monument aux
« enfants du village » morts dans les carnages de la première et la
seconde guerre mondiale. Et ce dernier élément, qui peut sembler banal,
est très important. Tout village, de 50, 70, 120 ou 300 habitants
possède une plaque ou un monument rappelant ses « morts pour la
France ».
Et c’est là toute l’ironie. Car les maires qui demandent à ce que ce
soient les « chefs d’entreprise » qui gouvernent la France, administrent
des communes dont une grande partie des habitants sont des petits
paysans ou des travailleurs agricoles, étranglés souvent par les taux
d’emprunt des banques, oubliés des politiciens professionnels et des
grands médias détenus justement par ces « chefs d’entreprise à succès ».
Ce sont ces mêmes grands capitalistes qui profitent du nationalisme
réactionnaire qui se répand lourdement dans les campagnes et dans la
société en général. Ce sont ces mêmes capitalistes qui distillent ce
poison xénophobe et ces préjugés qui peuvent amener à des guerres
brutales dont la première et la seconde guerre mondiale ont été un
exemple dramatique. Et ce sont ces mêmes barons capitalistes qui demain
en cas de besoin viendront frapper à la porte de ces villages minuscules
pour recruter les futurs « enfants tombés pour la France ».
C’est une réalité historique très bien traduite par la « Chanson de
Craonne », cet hymne magnifique écrit en 1917 contre la première guerre
mondiale et surtout contre les capitalistes chefs de guerre. Voici ses
phrases finales :
C’est malheureux de voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font leur foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu de se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n’avons rien
Nous autres les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs-là
Tous ces gros qui font leur foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c’est pas la même chose
Au lieu de se cacher tous ces embusqués
Feraient mieux de monter aux tranchées
Pour défendre leurs biens car nous n’avons rien
Nous autres les pauvres purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendre les biens de ces messieurs-là
Ceux qu’ont l’pognon ceux-là reviendront
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau !
Car c’est pour eux qu’on crève
Mais c’est fini car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce sera votre tour messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau !
C’est bien pour dénoncer ce poison nationaliste et l’hypocrisie
morbide des capitalistes, et bien plus, qu’un candidat anticapitaliste
comme Philippe Poutou doit être présent à la prochaine élection
présidentielle.
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