Philippe Alcoy
La chute du Mur de Berlin en 1989 symbolise la victoire du
capitalisme dans la Guerre Froide. Le capitalisme a effectivement gagné.
Pas contre le socialisme. Plutôt contre sa déformation-falsification
par des bureaucraties staliniennes. Une période de triomphalisme
capitaliste s’était ouverte à travers le monde également. Et cela avec
grande arrogance. Le capitalisme était devenu synonyme de « démocratie
et de liberté ». Peu importe si des acquis durement et, parfois,
héroïquement arrachés par les travailleurs ont été liquidés à une
vitesse inouïe. C’était pour le progrès, pour la paix, pour la
démocratie et la liberté. Le Mur est tombé. Et c’est la version ultra
néolibérale du capitalisme qui s’est imposée.
Oui, un mur réactionnaire est tombé. Mais d’autres ne sont jamais
tombés. D’autres ont même été érigés depuis. Le capitalisme
triomphaliste c’est vrai. Mais ni progrès, ni paix, ni liberté et encore
moins de démocratie on a vu. En tout cas pas pour les exploités. Car
les riches, eux, ont été libres comme jamais de s’enrichir à outrance.
Libres d’exploiter tout le monde, partout. Et c’est à coups de guerres
qu’ils nous ont vendu la paix. L’arnaque s’est incarnée dans la
"démocratie". Et quand l’arnaque démocratique signifiait trop de
contraintes, ce sont les dictateurs qui nous ont été présentés en
démocrates.
Leur victoire a été énorme. Notre défaite aussi. Mais dans un monde
où des Murs tiennent, les masques tombent quand même. La crise.
Aujourd’hui, le discours triomphaliste néolibéral n’est plus ce qu’il
était. Les coordonnées du monde de post-Guerre Froide changent. Il y a
des reconfigurations. Le discours triomphaliste néolibéral est en crise
mais ce n’est pas le socialisme qui relève la tête. En tout cas pas pour
le moment. Les masses se sont soulevées. Ont renversé des
« dictateurs-démocrates ». Cela n’a pas suffi. Et quand il y a un vide,
un espace politique, il le reste rarement longtemps. Ce sont des
tendances très réactionnaires qui veulent s’y engouffrer. Et le
capitalisme reste toujours gagnant.
Les États Unis, principale puissance impérialiste victorieuse dans la
Guerre Froide, terre du triomphalisme capitaliste des néfastes années
1990, voient aujourd’hui les conséquences de la crise du triomphalisme
néolibéral. Donald Trump président. Nationalisme. Protectionnisme.
Démagogie. Construire un mur à la frontière avec le Mexique. L’idée
n’est ni nouvelle, ni originale. Elle est aberrante. Comme la politique
impérialiste de Trump : notre Mur, le Mexique devra le payer ! Et sa
construction démarrera très rapidement.
L’impérialisme arrogant et agressif de Trump fera sans aucun doute
renaitre toute une génération de politiciens serviles dans les pays de
la périphérie capitaliste. Mais l’arrogance impérialiste ne manquera pas
de réveiller un profond sentiment anti-impérialiste parmi les exploités
et les opprimés à travers le monde.
D’un symbole international à un autre. D’une période à une autre. De
la chute d’un mur à la construction d’un autre. Seul le cynisme
persiste. Le capitalisme gagne, on le voit. Les exploiteurs et les
oppresseurs gagnent. Mais ils ne dorment pas tranquilles. Ni les murs,
ni leurs frontières et barbelés ne les protègeront longtemps. Le
capitalisme gagne, les bourgeois gagnent. Pour le moment...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire