Philippe Alcoy
L’annonce du FBI de la réouverture de l’examen de nouveaux mails
de Hillary Clinton pendant la dernière ligne droite de l’élection
présidentielle aux Etats Unis avait ouvert neuf jours d’incertitude et
de chute dans les sondages pour la candidate démocrate. Mais ce
week-end, le directeur du FBI James Comey a déclaré que l’analyse des
nouveaux emails n’avait donné aucun élément nouveau et que la police
fédérale finalement n’ouvrirait aucune enquête à l’encontre de H.
Clinton. La fin de cette longue « affaire des emails » ?
A quelques heures du début de l’élection, cette nouvelle
réconforte le camp démocrate qui espère dissiper les doutes quant à sa
candidate et pouvoir gagner la présidentielle face à Donald Trump.
Clinton n’a fait aucun commentaire après la déclaration du FBI. Cette
« affaire des emails » l’a poursuivi depuis le début de la campagne.
Elle est consciente qu’évoquer l’affaire même pour donner une nouvelle
positive pourrait jouer contre elle.
Trump, de son côté, a dénoncé un changement de discours douteux de la
part du FBI et, estimé qu’il était impossible d’analyser 650 000 mails
en neuf jours. Une situation qui lui sert pour mobiliser une dernière
fois son discours soi-disant « anti-élite » et dénoncer la « corruption
du système ».
Wall Street a pour sa part très bien réagit à cette annonce, alors
que l’on sait que les grandes fortunes aux Etats-Unis ont déclaré leur
soutien à Clinton. Mais même depuis plusieurs jours, Wall Street
montrait des signes allant dans le sens de prendre « au calme » le
rebondissement de l’affaire des mails de Clinton.
En effet, bien que l’on ne puisse écarter aucun résultat surprise,
une victoire de Clinton semble aujourd’hui le scénario le plus probable.
L’effet favorable à Trump provoqué par l’annonce du FBI le 28 octobre
dernier semblait limité aussi. La question principale qui se posait, et
se pose encore, pour les grandes fortunes nord-américaines qui
soutiennent Clinton, c’est la légitimité du nouveau gouvernement. Dans
un contexte de polarisation sociale et politique, de crises
géopolitiques ouvertes et irrésolues à l’étranger pour l’impérialisme
étatsunien et de crise économique, avoir un gouvernement faible dès le
départ peut ouvrir une situation de convulsions importantes dans la
principale puissance mondiale.
Il est difficile de savoir quelle était l’intension et le message
politique que le rebondissement dans l’affaire des mails cherchait. Ni
qui est derrière. Ce qui semble clair c’est que les mails portant des
informations officielles stockés dans un serveur privé des Clinton
seront une menace permanente sur son éventuel nouveau gouvernement.
Mais dans cette campagne présidentielle qui aura été la plus violente
en plusieurs décennies, l’annonce de la fin (temporelle ?) de l’affaire
des emails permettra-t-elle à Clinton d’obtenir une victoire dans
l’élection d’aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr. Les surprises et
« accidents » peuvent arriver, notamment dans une situation aussi agitée
que celle des Etats-Unis. Mais en fin de compte, ce n’est pas le nom du
vainqueur qui importe le plus mais sa capacité à diriger un
gouvernement dans une situation instable. Ce qui semble certain
cependant, c’est qu’il faudra à s’habituer à un monde où le régime
politique de la principale puissance impérialiste sera traversé par
l’instabilité et la perte de légitimité de ses partis et institutions.
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