10.11.16

Face à la victoire de Trump. Pourquoi remettre la révolution et le communisme au goût du jour ?



Philippe Alcoy
 
C’est un tremblement de terre politique mondial. Tout le monde le dit. C’est le résultat du mécontentement contre « l’establishment ». Les « perdants de la globalisation » ont voté pour le candidat se présentant hypocritement comme « anti système ». Les raisons pour les classes populaires de rejeter « l’élite » et ses politiques néfastes étaient (et sont) très nombreuses effectivement. Cependant, l’élection de Trump, ainsi que le vote pour le « Brexit » et la montée des courants populistes à travers l’Europe, ne sont que des expressions réactionnaires de ce mécontentement populaire profond. Face à l’establishment et aux alternatives réactionnaires, il est donc urgent de commencer à construire une alternative qui réponde réellement aux problèmes des travailleurs et des masses opprimées, qui s’attaque à la racine du problème : le système capitaliste.

Les principaux journaux internationaux, dont l’écrasante majorité avait soutenu et parié sur une victoire de Clinton, annonçaient la « tragédie » ce mercredi matin. La victoire de Trump ne va pas seulement avoir des répercussions internes mais aussi internationales. Mais surtout cette victoire est l’expression (réactionnaire) la plus importante des crises profondes des régimes politiques instaurés après la crise économique des années 1970 et l’offensive néolibérale dans le monde. La plus importante car elle a lieu au cœur de la plus grande puissance impérialiste mondiale.

En effet, la victoire de Trump ne peut pas être expliquée à travers des analyses simplistes conjoncturelles sur les rebondissements de « l’affaire des emails » de Clinton ou sur la « manipulation » d’un secteur de la population. On ne peut pas comprendre la victoire de Trump sans le bilan désastreux pour les masses des huit ans de gouvernement de Barack Obama. On ne peut pas comprendre ce résultat réactionnaire sans prendre en compte la politique cynique des démocrates au cours de la dure crise économique mondiale qui a touché principalement les secteurs ouvriers et les classes populaires.

Hillary Clinton est une représentante directe de l’establishment. Elle a été « première dame » dans les années 1990, a été élue pendant des années et a même été ministre des affaires étrangères d’Obama. Clinton est aussi milliardaire que Trump. Et surtout elle et sa famille sont parmi les plus puissants représentants de la caste politicienne de l’impérialisme nord-américain. Elle n’avait rien pour attirer l’enthousiasme de ces secteurs populaires profondément mécontents de la société étatsunienne. Bien au contraire, elle avait tout pour gagner leur mépris.

Trump de son côté n’est pas moins membre de ce détesté « 1% ». C’est un milliardaire populiste, raciste, sexiste et vulgaire. Le pire produit du capitalisme néolibéral et arrogant. Il n’est pas moins un ami de la famille Clinton d’ailleurs. Avec ses discours virulents et réactionnaires il a séduit les secteurs moins conscients de la classe ouvrière blanche, qui a vu son niveau de vie et ses emplois disparaître. Des secteurs profondément touchés par la crise et les politiques antipopulaires des démocrates au pouvoir aussi.

Dans cette élection, pas plus que dans les antérieures, il était clair qu’il n’existait aucune alternative indépendante et progressiste qui défende les intérêts des travailleurs, de la jeunesse, des Noirs et des Latinos opprimés par le racisme d’Etat, des femmes victimes de violences machistes, des LGBT dont la discrimination est énorme et violente dans le pays qui s’arroge le titre de « principale démocratie mondiale ». Dans cette caricature de démocratie pour les riches et par les riches, il n’y avait rien à tirer pour les victimes de la crise économique capitaliste. Rien.

C’est entre ce mécontentement populaire profond et la décomposition des régimes politiques en crise qu’apparaissent et se développent des phénomènes monstrueux comme Trump, mais aussi tous les courants populistes réactionnaires comme le Front National en France et tant d’autres à travers le monde. Et la victoire de Trump est une très mauvaise nouvelle. Une catastrophe pour les travailleurs et les classes populaires. Non pas parce que Clinton était mieux. Mais parce que Trump arrive à canaliser la colère d’une grande partie des couches populaires, des travailleurs, des jeunes, et même le pourcentage de Noirs et Latinos qui votent pour lui progresse par rapport au dernier candidat républicain. Sa victoire va renforcer sans aucun doute les tendances réactionnaires en Europe et dans le monde.

Mais les travailleurs, la jeunesse, les minorités raciales, les LGBT et les couches populaires durement frappées par la crise n’avaient pas à choisir entre la peste et le choléra, entre le mauvais et le pire. Au contraire, la victoire de Trump vient pointer encore une fois l’urgence qu’il y a à construire une alternative qui défende réellement et de façon intransigeante les intérêts des travailleurs et de tous les secteurs opprimés de la société. Une alternative radicale dans le sens qu’elle s’attaque à la racine du problème, le système capitaliste. Une alternative qui mette au cœur du débat public et à une échelle de masses la nécessité de s’organiser pour la révolution socialiste. Une perspective où les exploités et opprimés prennent dans leurs mains les clés de leur propre destin. Non seulement pour faire payer la crise capitaliste mondiale aux riches, aux banquiers, aux actionnaires, aux exploiteurs et oppresseurs. Mais pour un objectif bien plus ambitieux. Pour construire une société débarrassée de l’exploitation et de l’oppression. Pour le communisme.

Autrement, ce sont les forces réactionnaires du capitalisme, générées dans la décomposition des régimes politiques néolibéraux, qui prendront le dessus et amèneront le monde tout entier vers plus de barbarie encore.

Le germe pour lutter pour une perspective progressiste, révolutionnaire, existe. Il se trouve dans les millions de jeunes et de travailleurs qui se sont mobilisés toutes ces dernières années à travers la planète contre les mesures d’austérité, contre les gouvernements corrompus, contre les violences racistes et les violences policières comme le Mouvement Black Lives Matter, la jeunesse noire « insolente » et les mineurs héroïques en Afrique du Sud, les millions de personnes mobilisées pendant le « printemps arabe », entre tant d’autres. Voilà le germe de l’avenir de l’humanité. Voilà nos alliés. Voilà où se trouve la force des exploités et des opprimés de ce monde face à l’impérialisme et ses aberrations comme Donald Trump.

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