Philippe Alcoy
Kayden Clarke s’était fait connaitre l’année dernière en postant
une vidéo de lui en pleine crise dans laquelle son chien le
« consolait » jusqu’à ce qu’il se calme. La vidéo avait fait le tour de
la planète à travers les réseaux sociaux notamment. Mais quel contraste
entre ces images de tendresse d’un animal en train de calmer son maitre,
atteint du syndrome d’Asperger, dans une situation de souffrance, et la
terrible et révoltante nouvelle, un an plus tard, de l’assassinat de
cette même personne par la police, alors elle traversait une nouvelle
crise !
« On s’est senti menacé », déclarent les policiers. « Ils
ont tiré et tué un autiste de 24 ans, un individu atteint d’une maladie
mentale, auquel ils étaient habitués à avoir à faire et étaient au
courant de ses besoins spéciaux », réplique sa mère.
En effet, dimanche soir la police d’Arizona est appelée pour un cas
de risque de suicide. Quand elle arrive à l’appartement Kayden Clarke,
jeune autiste trans, les agents lui tirent dessus car, selon leur
témoignage, il s’avançait vers eux avec un couteau. Mais selon la mère
de Kayden, « avant que la police n’arrive [il] ne posait aucune menace. Et la police est rentrée dans son propre logement ». L’enquête est toujours en cours.
Il n’y a effectivement aucune excuse pour un tel crime. L’assassinat
de Kayden par la police est profondément révoltant car il est le
résultat d’une combinaison entre la « liberté de tuer », dont la police
nord-américaine fait régulièrement usage, notamment contre les Noirs et
les pauvres, et la criminalisation des malades mentaux en les faisant
passer pour des personnes dangereuses pour la société.
Dans une interview de juin 2015 au Huffington Post,
suite à sa vidéo avec son chien, Kayden expliquait que c’était lui qui
avait dressé le chien à l’assister dans ses moments de crise. Il avait
posté la vidéo car il voulait aider les autres autistes dans leurs
moments de crise : « la raison pour laquelle j’ai posté cette vidéo
c’est parce que l’adulte [que tu pourrais voir] à même le sol en train
de donner des coups de pieds et en train de crier et ce gamin dans un
magasin en train de pleurer pour un jouet [sont en train de vivre
quelque chose qu’ils ne peuvent pas contrôler] (…) L’enfant dans le
magasin n’a pas besoin d’une claque ou d’une discipline plus ferme. Sa
colère c’est quelque chose qu’il ne peut pas contrôler ».
Le meurtre de Kayden est d’autant plus révoltant que, lors des
crises, les personnes atteintes du syndrome d’Asperger ou d’autres
maladies mentales ont plutôt tendance à s’auto-flageller et non à être
violents contre autrui. Ici ce sont les policiers qui ont agi
sauvagement. Alors, qui est la vraie menace ? Où est le vrai problème,
le vrai danger pour la société ? Surement pas les personnes atteintes de
maladies mentales…
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