Mardi dernier, lors de la deuxième manifestation contre la hausse du prix des transports publics
appelée par le mouvement « Passe Livre » à São Paulo, la police a
durement réprimé les manifestants. Le prétexte de la police était que
les manifestants ne voulaient pas suivre le parcours qu’elle voulait
leur imposer, ce qui l’a « forcée » à les réprimer. L’objectif réel
était politique : empêcher que la manifestation ait lieu ou limiter au
maximum le nombre de participants en semant la peur.
Suite à la répression de mardi, 28 manifestants ont été blessés et il
y a eu 13 interpellations. Les images de la brutalité policière ont
envahi les réseaux sociaux et la presse nationale. Cependant, les
responsables politiques du gouvernement de l’État de São Paulo (PSDB,
droite) et de la ville (PT) ont soutenu l’action de la police.
Dans les grands médias nationaux le débat tournait autour de la
question de savoir s’il fallait obliger ou pas les manifestants à
déclarer en avance, comme en France, le parcours de la manifestation.
Centrer le débat là-dessus permet surtout de ne pas parler de la
question de fond : la hausse du prix d’un transport public de très
mauvaise qualité dans des villes immenses comme São Paulo. Autrement
dit, une attaque directe au portefeuille des travailleurs et les
secteurs populaires.
Les responsables du gouvernement de droite de l’État de São Paulo et
le PT de Dilma et Lula, qui dirige la ville de São Paulo, sont main dans
la main dans cette affaire : tous les deux sont pour la hausse du prix
des transports publics. C’est pour cela que, face à la mobilisation et à
la répression, ils ont juste proposé de créer une « médiation » entre
les pouvoirs publics, la police et les représentants des manifestants
pour… établir le parcours exact de la manifestation et « éviter » qu’il y
ait une nouvelle répression.
Cependant, la tension n’a fait qu’augmenter depuis mardi. Les
représentants du mouvement « Passe Livre » ne se sont finalement pas
rendus à la réunion. Et les déclarations provocatrices ont continué de
la part des représentants de l’État. Ainsi, le secrétaire de la sûreté
publique de l’État de São Paulo,Alexandre de Moraes, a accusé le
mouvement « Passe Livre » d’être lié aux « Black blocks » et d’être
complice des manifestants « masqués » (violents). Selon Moraes, les
manifestants portant des masques ou ayant le visage partiellement
couvert interpellés lors des manifestations seront jugés au même titre
que les trafiquants, pour participation à une organisation criminelle.
La police a même ouvert une enquête.
Il s’agit d’une tentative claire de division du mouvement, entre les
« bons » et les « mauvais » manifestants, pour finir par discréditer le
mouvement dans son ensemble. C’est pour cela qu’un des responsables du
mouvement « Passe Livre » a répondu : « ce n’est pas le rôle
du Mouvement Passe Livre de criminaliser des gens ni de créer un profil
du bon et du mauvais manifestant. (…) Toute personne qui veut lutter
contre la hausse du prix des transports est bienvenue ».
L’objectif principal de ce tournant répressif qui limite le droit de
manifestation est justement d’éviter qu’un mouvement similaire à celui
de juin 2013 se développe, voire même qu’il devienne plus important. En
effet le Brésil se trouve dans un contexte économique et politique très
délicat pour le patronat et la caste politicienne brésilienne
profondément corrompue. La jeunesse vient de remporter une victoire
importante contre la réforme des lycées voulue par ce même gouvernement
de l’État de São Paulo. La droite et le PT veulent tous deux empêcher
que cela se répète. Cela explique aussi l’accroissement significatif de
la répression. Cependant, rien ne peut assurer qu’ils arriveront à
atteindre leur objectif.
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