Philippe Alcoy
« Vous avez dit qu’on était en guerre. Non, non. Vous êtes en
guerre. Votre gouvernement est en guerre. Nous, on n’est pas en guerre.
Nous on se fait tirer dessus quand on va voir des concerts ». Voilà la
réplique de l’humoriste Jérémy Ferrari à Manuel Valls lors de l‘émission
« On n’est pas couché » sur France 2 samedi dernier. En juste quelques
minutes, Ferrari a dit quelques vérités au Premier ministre sur la
politique de son gouvernement suite aux attentats et sa tentative de
récupération politique ainsi que sur la politique internationale néfaste
de la France, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.
Des millions de personnes auraient rêvé de dire ces
quelques mots au Premier ministre ou au président Hollande et de
démasquer leur hypocrisie. « Moi ce que je vois simplement, c’est que
vous êtes venu nous parler de deux choses ce soir après les
événements : un livre sur vos plus beaux discours après les morts, c’est
formidable, on trouve ça génial, ça va nous aider ; et la deuxième
chose, c’est une loi qui ne concerne personne [déchéance de la
nationalité] (…) des 4 terroristes, il n’y en a qu’un qui est concerné », il a continué.
Ferrari s’est aussi attaqué à l’hypocrisie du « défilé des
dictateurs » le 11 janvier 2015 suite aux attentats contre Charlie Hebdo
et l’Hyper Cacher : « Comment vous expliquez qu’Ali Bongo [président
du Gabon, fils de l’ancien dictateur Omar Bongo] se retrouve au
[premier rang] d’une marche pour la liberté d’expression ? ».
Embarrassé, Valls a essayé de répondre tant bien que mal en donnant des
exemples, plus que douteux, d’autres chefs d’État « démocratiques » : « Dans
cette manifestation, celle du 11 janvier, il y avait des chefs d’État
et de gouvernement ; vous retenez Ali Bongo, moi je retiens, et le
président de l’Autorité Palestinienne, et le Premier ministre israélien,
et surtout un autre africain, élu lui, Ibrahim Boubacar Keita… », « Ah parce qu’il n’est pas élu Ali Bongo finalement ? » demande l’humoriste ; « Non… Pas comme on l’entend ». Et le piège s’est refermé sur le Premier ministre.
Cette affirmation, reconnaissant que le président gabonais, ami très
proche de l’impérialisme français, est arrivé au pouvoir de façon
irrégulière, a provoqué la réaction du gouvernement du Gabon. Son
ambassadeur en France a été immédiatement rappelé pour protester contre
ces déclarations du premier ministre français. Il faut savoir qu’en
2016, il y aura de nouvelles élections présidentielles dans le pays
africain et que Valls lui-même devrait se rendre dans le pays pour un
autre de ses « voyages d’affaires ».
Mais le Premier ministre ne s’est pas arrêté là, il a voulu ajouter
un peu de cynisme à ses déclarations et a fini par reconnaître d’autres
agissements courants de l’impérialisme français. Ainsi : « Des
soldats [français] se sont faits trouer pour aller soutenir un pays où
il n’y a pas un seul intérêt économique (…) pour libérer ce pays qui
allait être sous l’emprise du terrorisme… ». A cela, Ferrari a répondu en demandant « Quand on attaque le Mali, il n’y a pas de pays derrière qui ont des intérêts par contre ? ». « Si », rétorque Valls, « il
y en a un notamment, le Niger (…) et il y a un intérêt fondamental,
l’uranium pour nos industries, pour le nucléaire… Mais il n’y a aucune
honte à le dire… ».
Et voilà qu’en voulant vendre la « plus démocratique et noble » des
guerres, Valls n’a fait que s’embourber davantage ! Ce n’est un secret
pour personne que la France intervient au Mali pour des intérêts
économiques (directs ou indirects), géopolitiques et militaires. Or, de
l’entendre aussi sincèrement de la part d’un représentant de cette caste
politique parasitaire, prête à tout pour garantir les profits des
multinationales hexagonales, c’est très rare.
Quant à Jérémy Ferrari, des millions de personnes en France le
remercient sans aucun doute aujourd’hui car il a pu dire au moins
partiellement quelques vérités à ce premier ministre arrogant qu’est
Manuel Valls. Son interpellation aura contribué, au moins un peu, à
démasquer ce gouvernement répressif et à la botte du patronat.
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