Philippe Alcoy
Publié le 7 octobre 2015
Les « vieilles démocraties » occidentales avaient soi-disant
beaucoup de choses à apprendre aux pays en « transition » d’Europe
orientale après la chute du Mur de Berlin et la dissolution du « bloc
soviétique ». La lutte contre la corruption a toujours été l’une des
premières préoccupations des dirigeants occidentaux. Pourtant, le
silence de ces derniers est assourdissant alors que la multinationale
française Veolia se trouve au cœur d’un grand scandale de corruption en
Roumanie.
Le Département National Anticorruption (DNA) a révélé
qu’Apa Nova, entreprise détenue à 74% par Veolia et qui possède depuis
2000 et jusqu’en 2025 le monopole du service d’eau potable dans la
capitale roumaine Bucarest, aurait payé des pots de vin à des
responsables politiques locaux afin de pouvoir augmenter les tarifs de
l’eau.
Depuis 2008, le prix de l’eau à Bucarest a augmenté de 125% pour la population. Selon le site Romania Insider
le chiffre d’affaires d’Apa Nova s’élève en 2014 à 170 millions
d’euros, soit une augmentation de 70% par rapport à 2009, et son profit
net a doublé, passant à 32 millions d’euros dans la même période. De
plus, le montant des pots de vins s’élèverait à 12,4 millions d’euros,
versés entre 2008 et 2015 à des entreprises fantômes appartenant à des
politiciens locaux, dont un ancien candidat à la présidence et maire de
Bucarest.
Selon le DNA, la hiérarchie française de l’entreprise était tout à
fait au courant de la situation. À tel point que l’entreprise avait
organisé son propre « service de sécurité » composé d’anciens agents des
services de renseignement de l’Etat pour éviter que des informations
sur ces pratiques illégales ne soient révélées par les salariés d’Apa
Nova.
Depuis le début du processus de réintroduction du capitalisme dans
les pays d’Europe centrale et de l’Est, la corruption s’est répandue
dans tous les aspects de la vie quotidienne. Elle représente l’une des
questions qui concentrent la haine populaire contre les régimes mis en
place depuis le début des années 1990. La corruption a aussi été l’une
des caractéristiques principales du processus de privatisation des
entreprises et biens de l’Etat durant cette période.
Alors que les dirigeants impérialistes occidentaux n’hésitent pas à
utiliser la « lutte contre la corruption » comme une arme de pression
sur les gouvernements locaux, l’exemple de la multinationale française
Veolia montre que celles-ci emploient les méthodes les plus illicites
qui soient et que la corruption est au cœur même du capitalisme.
Au moment où patronat et gouvernement français montent au créneau
pour défendre « les fleurons de l’industrie nationale » tels qu’Air
France, qui envisage de licencier 2.900 salariés, les cas comme celui de
Veolia démontrent bien qu’il s’agit là d’entreprises qui ne cherchent
qu’à faire un maximum de profit sur le dos de leurs salariés et des
usagers. Et cela en France, en Roumanie et dans tous les pays où elles
s’implantent.
Source: RP
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