Philippe Alcoy
Publié le 28 septembre 2015
Dimanche matin l’Elysée a annoncé officiellement le début des
frappes aériennes de l’aviation française en Syrie. Hollande l’avait
promis et c’est fait. Avec un « succès » même. Les six avions qui ont
participé des frappes auraient rempli leur objectif : détruire un centre
d’entraînement de djihadistes.
Hollande et son gouvernement l’avaient déjà dit : la France
intervient en Syrie car c’est son droit, son droit à la « légitime
défense », puisque depuis la Syrie Daech serait en train de préparer des
attaques terroristes contre l’Europe, et notamment la France.
Par là, la France déclare également qu’elle est « autonome »
vis-à-vis de la coalition anti-Daech créée il y a un an et menée par les
Etats-Unis en Syrie. Pourtant la France fait partie de cette même
coalition en Irak. D’ailleurs, dans un contexte de rapprochement entre
les puissances occidentales et la Russie en Syrie, Obama a proposé à la
Russie d’intégrer la coalition anti-Daech, ce à quoi le ministre des
affaires étrangères russe, Sergei Lavrov, a répondu que « théoriquement
c’était possible ».
Ce qui expliquerait cette position de la part du gouvernement
français c’est que face à une possible solution négociée de la crise en
Syrie, il chercherait à être considéré comme un acteur à part entière à
la table de négociations et ainsi par permettre aux capitalistes
hexagonaux de participer, à terme, à une possible reconstruction du pays
et se occuper de nouveaux segments de marchés.
La position « intransigeante » de Hollande vis-à-vis de Bachar
Al-Assad, exigeant le départ de celui-ci avant d’entamer toute
négociation, pourrait traduire ainsi le besoin de Paris de gagner du
temps pour pouvoir s’installer dans le paysage comme une force
intervenante légitime. De cette façon, la France aurait un rapport de
force plus favorable pour être accepté comme un interlocuteur réel et
autonome des Etats-Unis.
Ainsi, le timing du début des frappes pourrait aussi révéler une
manœuvre de l’Elysée. Non seulement le début des bombardements a lieu au
milieu de l’Assemblée Générale de l’ONU qui se déroule actuellement à
Washington, mais il se produit également à la veille de la rencontre
entre Vladimir Poutine et Barak Obama pour discuter de la Syrie.
Alors que les puissances impérialistes et régionales sont en train de
tracer les contours d’un plan de « sortie de crise » en Syrie sur le
dos des masses, l’intervention « autonome » de l’impérialisme français
ne fait que révéler plus clairement son caractère charognard.
Alors que la France ces dernières années s’est caractérisée par le
déclenchement d’une intervention militaire par an à l’étranger, la
réaction du mouvement ouvrier et des classes populaires s’est située en
deçà de nos besoins politiques et objectifs. D’autant plus que ces
interventions ne font qu’empirer la situation sur place, aggravant les
souffrances des classes populaires locales. Il serait fondamental que
les travailleurs et la jeunesse de France se mobilisent pour obtenir le
retrait immédiat de l’armée française des terrains d’intervention et
pour empêcher que les gouvernements se lancent dans de nouvelles
« aventures » guerrières à l’avenir.
Source: RP
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire