Philippe Alcoy
Publié le 15 septembre 2015
Source:
Révolution Permanente
Ca ne sent pas bon autour d’eux. Un rat mort ? Un nid de rats morts ; « un nid de clandestins ». C’est de leur bouche que la pestilence sort. Une banlieue francilienne ; « c’est la préférence étrangère ». Un immeuble ; « des cours d’islamisation à l’intérieur sont spécialement prévus ».
Marine Le Pen et Wallerand de Saint-Just, tête de liste du Front
National en Île-de-France lancent leur campagne électorale pour les
régionales.
Le désastre migratoire. La barbarie capitaliste dans toute sa
splendeur s’exhibe aux frontières de l’Europe forteresse et à
l’intérieur de celle-ci. Et le Front National compte bien évidemment
faire un fond de commerce électoraliste du drame vécu par nos sœurs et
frères venus d’ailleurs échappant à la guerre, à la misère. Pour
certains il s’agit d’un retour aux fondamentaux de Marine Le Pen, mais
elle ne les a jamais quittés en réalité.
C’est ainsi qu’avec son candidat aux régionales en Ile-de-France,
elle est allée à Etréchy (Essonne) pour lancer la campagne à coups de
dénonciations d’une bassesse absolue contre les réfugiés qui dans la
bouche du duo deviennent « les clandestins ». A l’unisson ils ont dénoncé que « beaucoup
[de français] ont quitté Paris pour trouver des endroits où éduquer
leurs enfants. Mais aujourd’hui, dans les écoles, un grand nombre
d’enfants ne parlent pas français et sont de dix nationalités
différentes ». Oh, quelle horreur !
Ils affirment également que « cela a engendré une augmentation des effectifs d’un établissement scolaire voisin mais aussi une augmentation de l’insécurité ».
Or, venant d’un parti dont un membre vient d’être condamné pour avoir
brûlé lui-même des voitures pour créer une soi-disant climat
d’insécurité, que valent ces mots ?
Et cela d’autant plus que « le duo d’enfer » n’hésite pas à mentir de
façon éhontée dès le début de la campagne. Ainsi, pointant le doigt
vers une résidence hôtelière, tout en dénonçant la « submersion
migratoire », ils affirment qu’en réalité « l’immeuble est devenu propre à loger des clandestins. Des cours d’islamisation (…) [y] sont spécialement prévus ».
Cependant, une équipe de RTL a interrogé le gérant de la résidence sur
les affirmations des dirigeants frontistes et celui-ci a répondu : « En effet, j’ai 17 familles sociales qui sont des réfugiés politiques légaux et j’ai 23 locataires privés à côté ». Et quant aux fameux « cours d’islamisation », il répond : « Non, ce n’est pas vrai. Il y a des cours d’alphabétisation ».
Marine Le Pen a aussi eu le culot de dénoncer « ces migrants qui
viennent chercher des emplois que vous n’avez pas, des prestations
sociales que vous n’avez plus, des logements que vous recherchez
désespérément » ; par ailleurs elle déclarait que des « clandestins
bénéficient d’un accès à des droits aujourd’hui refusés aux Français
(…) Parfois, quand ils [les français] veulent être servis, ça leur coûte
de plus en plus cher, alors que ces services sont gratuits pour ceux
qui ne nous ont pas demandé notre avis pour venir s’installer chez nous ».
Or, face à ce discours démagogique sur la dégradation des services
publics pour les classes populaires en France (« françaises » dans la
bouche de Le Pen), nous rappelons que c’est son parti qui vient d’être
mis en cause par la Justice pour fraude contre l’Etat à travers la surfacturation des campagnes électorales ! Alors, qui sont les vrais profiteurs dans cette histoire ?
Et que dire de cette affirmation ridicule sur une supposée
« préférence étrangère » en Ile-de-France. Que le duo demande aux
réfugiés de la Chapelle et tous ceux et celles qui se font expulser tous
les jours en Ile-de-France et partout en France ce que la « préférence
étrangère » veut dire !
Le lancement de campagne du FN, marqué par un discours violemment
anti-migrants et présentant l’accueil des réfugiés comme insoutenable
pour la « pauvre France », a bénéficié d’une bonne couverture médiatique
et, dans l’écrasante majorité des cas, de toute la « neutralité » que
la profession exige. Marine Le Pen s’est même félicité que personne ne
parle plus de sa dispute avec son père.
La montée électorale du FN semble inéluctable. Et la crise migratoire
en Europe peut même devenir un atout pour ce parti profondément
réactionnaire. Les piliers du bipartisme français, PS et Les
Républicains (ex UMP), courent après les thématiques préférées du FN
pour essayer de ne pas perdre trop de voix face à lui. Cela ne fait que
renforcer le FN… et le racisme ambiant.
Regrettablement, même Jean-Luc Mélenchon, d’un point de vue différent
et en essayant de pointer les raisons du départ des réfugiés, a repris
récemment la logique selon laquelle l’Europe et particulièrement la
France ne peut pas accueillir tous les migrants. Ce sont des
déclarations qui ne font qu’approfondir la confusion parmi les
sympathisants du Front de Gauche et renforcer les préjugés racistes qui
gagnent du terrain.
Quant à notre duo, il n’a pas pu cacher sa vrai nature de classe et de la bouche de Monsieur de Saint Just on a pu entendre : « Nous ferons beaucoup de choses pour les entrepreneurs ». S’il y a au moins une promesse de campagne du FN à retenir pour les classes populaires c’est celle-là !
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