24.6.15

Tsipras s’incline face aux exigences des créanciers


Philippe Alcoy
 
Malgré un weekend où, après l’échec de l’Eurogroupe de jeudi dernier, les déclarations alarmistes fusent de partout, ce lundi, les signaux quant à un cours « positif » des négociations se sont multipliés de la part des responsables politiques et des dirigeants des institutions financières internationales.

Le gouvernement grec fait encore des concessions

 

Les déclarations « optimistes » des différents dirigeants mondiaux par rapport aux « négociations » avec la Grèce ne sont pas le fruit d’un soudain sens du compromis mais de toute une série de concessions nouvelles faites par le gouvernement Syriza-Anel.

En effet, alors que l’augmentation de la TVA et les coupes dans les retraites étaient jusqu’à présent des points sur lesquels Tsipras et ses ministres ne voulaient pas davantage reculer, dans la nouvelle proposition d’accord avec ses créanciers le gouvernement grec aurait proposé de laisser en place les trois différents taux de TVA et d’en augmenter le taux sur certains produits et services, notamment ceux liés au tourisme.

Pour ce qui est des retraites, même si Yanis Varoufakis, ministre de l’Economie grec, continue à affirmer que les petites pensions ne seront pas touchées, son gouvernement serait prêt à mettre fin aux préretraites dès 2016 et à diminuer les retraites supplémentaires supérieures à 1500 euros par mois. Des coupes dans le budget de la défense seraient aussi en effectuées. Selon des sources, la Grèce continuera avec le plan de privatisations, y compris la privatisation controversée de l’aéroport d’Athènes.

A l’issu de la réunion d’aujourd’hui, les dirigeants de la Troïka ont déclaré qu’il restait encore du travail. Pour la première fois, cependant, ils ont également déclaré que d’ici à la fin de la semaine, un accord serait probable. Bien qu’en partie le ton optimiste soit lié aux fortes concessions faites par Tsipras, l’enjeu est également de chercher à empêcher une fuite de capitaux avec des conséquences économiques et politiques imprévisibles.

Gagner du temps, le meilleur résultat possible

 


L’agence d’analyse géopolitique Stratfor, liée aux intérêts de l’impérialisme nord-américain, considère, par rapport aux négociations en cours, que « le maximum qu’Athènes et ses créanciers peuvent espérer à présent, c’est un accord temporaire pour éviter un défaut de paiement grec et gagner du temps pour poursuivre les négociations, mais les risques d’une sortie de la Grèce de la zone euro demeurent ».

En effet, la facture de la dette grecque ne pourra jamais être payée, et tout le monde en est conscient. Ce n’est pas par hasard si le gouvernement grec insiste autant vis-à-vis de ses ses créanciers pour que l’accord qui est négocié actuellement aborde la question des discussions sur une restructuration de cette même dette. Cependant, pour le moment, la Troïka ne souhaite pas s’engager sur cette question : le gouvernement grec semble aussi avoir cédé sur ce point et accepterait un accord à court terme avant une négociation à long terme.

Pour que la Troïka accepte de mettre la question d’une ouverture des discussions sur une éventuelle restructuration de la dette, Tsipras devra démontrer qu’il est capable d’appliquer les mesures d’austérité exigées par la Troïka. Et cela comporte d’énormes risques politiques pour lui et son gouvernement.

22/06/15

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