Philippe Alcoy
Source: Révolution Permanente
Malgré un weekend où, après l’échec de l’Eurogroupe de jeudi dernier,
les déclarations alarmistes fusent de partout, ce lundi, les signaux
quant à un cours « positif » des négociations se sont multipliés de la
part des responsables politiques et des dirigeants des institutions
financières internationales.
Le gouvernement grec fait encore des concessions
Les déclarations « optimistes » des différents
dirigeants mondiaux par rapport aux « négociations » avec la Grèce ne
sont pas le fruit d’un soudain sens du compromis mais de toute une série
de concessions nouvelles faites par le gouvernement Syriza-Anel.
En effet, alors que l’augmentation de la TVA et les
coupes dans les retraites étaient jusqu’à présent des points sur
lesquels Tsipras et ses ministres ne voulaient pas davantage reculer,
dans la nouvelle proposition d’accord avec ses créanciers le
gouvernement grec aurait proposé de laisser en place les trois
différents taux de TVA et d’en augmenter le taux sur certains produits
et services, notamment ceux liés au tourisme.
Pour ce qui est des retraites, même si Yanis
Varoufakis, ministre de l’Economie grec, continue à affirmer que les
petites pensions ne seront pas touchées, son gouvernement serait prêt à
mettre fin aux préretraites dès 2016 et à diminuer les retraites
supplémentaires supérieures à 1500 euros par mois. Des coupes dans le
budget de la défense seraient aussi en effectuées. Selon des sources, la
Grèce continuera avec le plan de privatisations, y compris la
privatisation controversée de l’aéroport d’Athènes.
A l’issu de la réunion d’aujourd’hui, les dirigeants
de la Troïka ont déclaré qu’il restait encore du travail. Pour la
première fois, cependant, ils ont également déclaré que d’ici à la fin
de la semaine, un accord serait probable. Bien qu’en partie le ton
optimiste soit lié aux fortes concessions faites par Tsipras, l’enjeu
est également de chercher à empêcher une fuite de capitaux avec des
conséquences économiques et politiques imprévisibles.
Gagner du temps, le meilleur résultat possible
L’agence d’analyse géopolitique Stratfor, liée aux intérêts de l’impérialisme nord-américain, considère, par rapport aux négociations en cours, que « le
maximum qu’Athènes et ses créanciers peuvent espérer à présent, c’est
un accord temporaire pour éviter un défaut de paiement grec et gagner du
temps pour poursuivre les négociations, mais les risques d’une sortie
de la Grèce de la zone euro demeurent ».
En effet, la facture de la dette grecque ne pourra
jamais être payée, et tout le monde en est conscient. Ce n’est pas par
hasard si le gouvernement grec insiste autant vis-à-vis de ses ses
créanciers pour que l’accord qui est négocié actuellement aborde la
question des discussions sur une restructuration de cette même dette.
Cependant, pour le moment, la Troïka ne souhaite pas s’engager sur cette
question : le gouvernement grec semble aussi avoir cédé sur ce point et
accepterait un accord à court terme avant une négociation à long terme.
Pour que la Troïka accepte de mettre la question
d’une ouverture des discussions sur une éventuelle restructuration de la
dette, Tsipras devra démontrer qu’il est capable d’appliquer les
mesures d’austérité exigées par la Troïka. Et cela comporte d’énormes
risques politiques pour lui et son gouvernement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire