Philippe Alcoy et Laura Varlet
Source: CCR du NPA
Cet article a pour but d’’apporter quelques éléments à
une réflexion qui ne doit pas s’arrêter à l’expérience de Paris 8 mais
doit servir à mieux préparer les bagarres à venir. Le choix de l’écrire
est lié à notre soutien actif de cette lutte à laquelle nous avons cru
dès le premier jour. Dans la mesure de nos possibilités et en lien avec
les personnels en lutte, nous avons essayé d’apporter des idées, de
proposer des initiatives et d’apporter un soutien matériel, pour que
cette mobilisation exemplaire aille le plus loin possible, permette aux
grévistes d’obtenir gain de cause sur leurs revendications et que la
grève des bas salaires de Paris 8 contribue à changer l’ambiance dans
une l’université ayant une longue tradition de lutte.
Après onze
semaines de grève et l’obtention d’une augmentation de 70 euros bruts
pour l’ensemble des personnels titulaires et contractuels sur des
fonctions pérennes, les grévistes de Paris 8 ont suspendu la grève.
Cette lutte acharnée, qui a duré plus de deux mois, est l’occasion de
tirer des leçons pour les mobilisations futures.
Si l’on ne considère que le résultat final de la
lutte du Collectif des Bas Salaires de Paris 8 au sein duquel étaient
organisés les grévistes, on pourrait penser qu’après de deux mois de
bagarre, le personnel de l’université n’a arraché qu’une victoire
partielle. Leur principale revendication étant une augmentation de 98
euros nets par mois, la présidence de l’université n’a, en effet que
concédé 70 euros bruts de hausse de salaire. Néanmoins, alors que la
présidente de l’université avait décidé de ne pas payer les jours de
grève, la détermination des grévistes a réussi à faire que tout le mois
de mars leur soit versé. Cependant, la Présidente « de gauche »,
Danielle Tartakowsky, a mis en place un recul historique qui va marquer
les esprits des salariés de l’université.
En effet, depuis longtemps,les
salariés de Paris 8 avaient imposéun rapport de forces qui faisait
qu’il n’y avait pas des retenues sur salaires lors des mouvements de
grève du personnel. Cette tradition a été rompu par cette présidente qui
aurait,comme disaient les grévistes, « le cœur à gauche, mais le
portefeuille à droite ».
Cependant, en rester là serait superficiel et
reviendrait à manquer ce qui a fait cette grève. Cela fait bien
longtemps en effet qu’une mobilisation aussi longue ne s’était pas vue
chez les personnels les moins bien payés de la fonction publique, même
s’il s’est agi d’une grève minoritaire. Après les défaites encaissées à
la suite des lois LRU et Fioraso, l’université a été fortement marquée
par un recul des luttes, à l’exception, si l’on prend le cas de l’année
universitaire en cours, de quelques exemples de mobilisation à
l’université du Mirail. Aussi, la grève de Paris 8 a fait émerger les
« invisibles », toutes ces « petites mains » qui font tourner
l’université, dans ce climat particulier post-réformes néolibérales.
La grève de Paris 8 fait écho à une situation plus
générale, dans un contexte où des luttes pour des augmentations de
salaire ont vu le jour en France au-delà de la traditionnelle période de
Négociations Annuelles Obligatoires. Cependant, la grève des bas
salaires de l’université Paris 8 ne s’est pas limitée à la question des
revenus, mais a également posé d’autres problèmes concernant notamment
la précarité et la transparence dans la gestion du budget. En ce sens,
la grève du personnel de Paris 8 offre beaucoup plus d’enseignements
quant aux difficultés mais aussi quant aux réussites d’une lutte dans un
secteur particulier.
Une organisation par en bas
Portée majoritairement par des femmes, cette grève a
mis en lumière le fait que pour lutter, pour relever la tête, pour
décider de ne pas se laisser faire, il n’y a pas forcément besoin d’être
un expert dans la matière ni d’avoir une expérience préalable. Presque
aucune d’elles n’était syndiquée ; très peu avaient l’expérience de la
grève et pratiquement personne n’avait d’expérience dans la direction
d’un conflit.
Ce manque d’expérience préalable n’a pas empêché les
grévistes d’entamer une lutte acharnée. Fatiguées des bas salaires, de
conditions de travail de plus en plus dégradées et de ne toucher, après
avoir travaillé parfois entre 20 et 30 ans, que des retraites d’à peine
700 euros par mois, elles ont compris la nécessité de commencer à
s’organiser collectivement. C’est ainsi qu’elles se sont constitué en
Collectif des Bas Salaires. La plupart des membres du Collectif
sont des fonctionnaires de catégorie C (l’échelon le plus bas de la
fonction publique), même si des salariés d’autres catégories y prennent
part également.
C’est peut-être en raison de cette composition du
Collectif qu’il a été peu pris au sérieux au début. Il n’y en avait pas
beaucoup pour penser que la grève pourrait aller au-delà de quelques
jours. Cependant, du moment où l’on a constaté que la grève tenait et
qu’elle risquait éventuellement d’attirer l’attention d’autres secteurs
de personnels de l’université, les tentatives de division de la part de
la présidence ont commencé. Ainsi, on a fait courir le bruit que le
Collectif ne défendait que les intérêts du personnel catégorie C et
qu’il voulait des augmentations de salaires au détriment des autres
secteur.
Mais les grévistes ont su contrer ces bruits de
couloir en expliquant clairement qu’elles se battaient pour des
augmentations de salaire pour l’ensemble du personnel titulaire, toutes
catégories confondues, ainsi que pour les contractuels (il y a autour de
30% de contractuels à Paris 8). C’est d’ailleurs l’une des raisons pour
lesquelles l’Assemblée Générale des grévistes avait refusé massivement
le deuxième offre de la présidence le 5 février : 70 euros bruts
d’augmentation mais en excluant les contractuels.
C’est ainsi que la grève rentrait dans une voie de
radicalisation ; un bras de fer qui allait se prolonger pendant
plusieurs semaines encore.
Le besoin de construire une grève militante
Une des conditions fondamentales pour le succès d’une
grève, notamment dans le cas de conflits de longue durée, c’est la
participation active de la base. Et cela non seulement pour éviter
l’isolement du groupe de direction de la grève et/ou des risques de
dérives bureaucratiques, mais aussi pour que l’ensemble des grévistes
s’approprie la lutte, pour souder le groupe en créant des liens de
confiance à travers l’expérience commune.
Le Collectif des Bas Salaires de Paris 8 n’échappait
évidemment pas à cette nécessité. Bien au contraire, le manque
d’expérience lui-même exigeait la participation active de chacun et
chacune non seulement pour prendre en charge les différentes tâches
qu’exige une grève mais pour réfléchir et décider ensemble des suites à
donner.
En ce sens, le piquet de grève a joué un rôle très
important. Il a pris la forme de la tenue d’une table, dès le matin, sur
un lieu de passage important à l’université où l’on pouvait boire un
café ou un thé, manger une part de gâteau mais aussi prendre un tract,
donner de l’argent pour la caisse de grève, discuter avec les grévistes…
En effet, tout en étant un point de repère qui permettait de rendre
visible la grève auprès du reste du personnel, des enseignants et des
étudiants, il était aussi un point de rassemblement où les grévistes
pouvaient se retrouver et discuter sur les activités à mener ainsi que
des problèmes qui se posaient au quotidien.
Des réunions régulières de ce qui faisait office de
comité de grève avaient lieu sur le piquet ou dans les salles proposées
le plus souvent par le département de philo de l’université qui a
soutenu la grève depuis le début. Ces réunions avaient pour objectif de
prendre chaque décision de manière collective et d’assurer la
participation de tous et toutes.
Un autre outil pour impliquer davantage la base des
grévistes et en même temps faire connaitre la lutte a été le journal de
grève dont les grévistes, aidés par des militants étudiants, ont publié
un numéro au cours du mouvement. La diffusion de ce journal a constitué
une opportunité pour aller faire le tour des services et discuter avec
les collègues qui n’avaient pas fait grève ou avaient déjà repris le
travail. Les grévistes ont alors pu constater que contrairement à ce que
bon nombre d’entre eux pensaient, ils bénéficiaient d’un grand soutien
et sympathie parmi les autres travailleurs et travailleuses de
l’université.
Cependant, au fur et à mesure que les jours passaient
et que la fatigue s’accumulait, le nombre de grévistes diminuait peu à
peu et il devenait de plus en plus difficile d’impliquer d’autres
grévistes de façon plus active.
Des soutiens multiples…
Si pour toute grève les démonstrations de soutien
sont très importantes, notamment pour le moral des grévistes, cela est
d’autant plus vrai quand une mobilisation s’étend sur la durée. Les
différents moments de solidarité de et soutien que les grévistes de
Paris 8 ont reçus ont été fondamentaux pour leur permettre de continuer
la lutte et se battre avec autant détermination.
On peut commencer par évoquer les multiples gestes de
solidarité et les mots d’encouragement reçus au quotidien de la part
des dizaines d’étudiants et d’enseignants qui passaient au piquet de
grève. Ensuite, les trois soirées de soutien qui ont réuni entre 100 et
200 personnes à chaque fois ont été très utiles pour renforcer le moral
des grévistes et faire la démonstration du soutien dont jouissait la
grève, mais aussi pour récolter l’argent nécessaire pour la caisse de
grève.
…côté syndicats
Un soutien important a été celui de la plupart des
syndicats des personnels de l’université. La CGT, le SNASUB-FSU et La
Dyonisoise, un syndicat local, ont soutenu la grève, ont poussé pour que
les revendications des grévistes soient entendues et ont ainsi
participé aux négociations avec la présidente. La CGT et la FSU ont,
respectivement, apporté à la caisse de grève 4.000 et 3.000 euros.
Un élément qui mérite d’être souligné est le fait que
les grévistes ont cherché à aller voir et à convaincre d’autres
salariés de l’université de l’intérêt de se joindre au mouvement, d’y
inclure de nouvelles revendications, qui auraient pu fédérer au-delà du
noyau dur de la grève. Une telle extension aurait pu jouer un rôle
supplémentaire dans l’entraînement d’autres secteurs et aurait pu donner
lieu à des initiatives pour étendre la grève. La CFDT, de son côté,
proche de la présidence, n’a jamais soutenu la grève, bien au contraire.
Elle a même à plusieurs reprises déclaré être contre.
…enseignants
Le soutien des enseignants a également joué un rôle
non négligeable dans le rapport de force en faveur des grévistes. 130
d’entre eux ont signé une lettre ouverte adressée à la présidente de
l’université pour lui demander de répondre aux revendications des
grévistes. Cet acte a largement contribué à rendre cette grève visible.
Malgré le mépris auquel Tartakowski nous a habitués pendant cette grève,
il n’était pas possible, pour une ancienne enseignante et spécialiste
des mouvements sociaux, de rester totalement sourde face à la demande
des enseignants. Malheureusement, cette dynamique n’a pas permis de
déclencher un mouvement de grève des enseignants en solidarité avec les
bas salaires de Paris 8 ou pour leurs propres revendications. Néanmoins,
cela a eu le mérite de poser le problème des inégalités qui existent au
sein de l’université.
…étudiants
Quant aux étudiants, nombreux étaient ceux et celles
qui passaient prendre un café, laisser une pièce ou qui glissaient un
mot de soutien en passant devant le piquet. Il y a également eu des
nombreuses démonstrations de soutien de la part des étudiants de l’UFR
Arts, là où il y avait le plus de grévistes. Come l’ont souligné les
grévistes à plusieurs reprises, le soutien a été particulièrement
important de la part d’un noyau d’étudiants organisés au NPA et à
Solidaire étudiant-e-s, par delà l’adhésion militante d’étudiants non
organisés et qui ont été avec la lutte du début à la fin. Néanmoins, on
peut regretter le fait qu’en dehors de ces noyaux militants, les
étudiants ne se sont pas mobilisés massivement pour soutenir les
grévistes, pour se joindre à leur mouvement alors même que le Collectif
des Bas Salaires avait intégré certaines revendications concernant leurs
conditions d’étude, comme le refus de la hausse des frais d’inscription
et le changement des règles de scolarité qui vont dans le sens
d’augmenter la sélection sociale aux portes des universités.
Une démarche d’extension pour poser la question de la coordination des secteurs en lutte
Une mention spéciale doit être faite aux tentatives
des grévistes de Paris 8 pour se lier aux autres secteurs en lutte,
rechercher la solidarité externe et faire sortir le conflit des murs de
l’université. C’est ainsi que le 5 mars ils ont été reçus au ministère
de l’Enseignement Supérieur avec des représentants de Paris Sud/Orsay,
en lutte à ce moment-là. Par la suite, ils ont participé avec une
délégation à la manifestation rue de Grenelle, lors de la journée de
grève départementale de l’éducation nationale dans le 93. Plusieurs
articles de presse ont été publiés dans différents médias, comme Médiapart ou Le Parisien.
Les grévistes ont également été invitées sur le plateau de plusieurs
radios militantes (FPP, Radio Libertaire, ainsi que la Radio de Paris
8).
Mais l’évènement le plus important concernant le lien avec l’extérieur a sans doute été le meeting contre les bas salaires et la précarité
organisé le 19 mars à Paris 8. 250 personnes sont venues pour écouter
les représentants de plusieurs secteurs en lutte ou ayant lutté contre
la précarité et les bas salaires. Le fait de se rendre compte que leur
grève n’était pas la seule et qu’ailleurs d’autres travailleurs et
travailleuses se battaient pour les salaires, pour améliorer leurs
conditions de travail, contre les licenciements ou encore pour la
régularisation des travailleuses sans-papiers, comme c’était le cas des
salarié-e-s du salon de coiffure du Bd Strasbourg (qui ont fini par
gagner), leur a fait comprendre que les grévistes faisaient bien partie
d’une même classe et qu’ils n’avaient aucun intérêt à rester cantonnés
et isolés sur Paris 8.
Enfin, il faut mettre l’accent sur la solidarité qui s’est manifestée entre femmes travailleuses. En effet, les femmes grévistes ont constitué le noyau le plus actif du mouvement.
C’est ainsi qu’elles ont reçu la solidarité féministe et
internationaliste de la Commission de femmes de Madygraf (ex-Donneley),
une imprimerie industrielle de Buenos Aires actuellement sous gestion
ouvrière. En retour, les grévistes de Paris 8 ont marqué leur solidarité
avec les coiffeuses sans-papiers du « 57 boulevard Strasbourg » pour
qui elles ont fait tourner une caisse de grève pendant le meeting du 19
mars et avec qui ils et elles ont pu échanger lors d’une visite au salon
de coiffure pour leur donner les 400 euros qu’elles avaient récoltés
pour leur caisse de grève.
En définitive, se lier à d’autres secteurs en lutte
et faire sortir le conflit de l’université était fondamental pour
améliorer le rapport de forces des grévistes face à la présidence,
notamment à un moment où les négociations se trouvaient complètement
bloquées et où la seule réponse de la présidente aux grévistes était le
mépris.
Une présidence méprisante cherchant à délégitimer la grève et à instaurer la méthode piège du « dialogue social » au sein de l’université
Tout au long de la grève, l’attitude de la présidence
à l’égard des grévistes a relevé essentiellement du mépris. Mais ce
comportement était sans doute aussi le résultat d’une tactique qui
visait à délégitimer la grève comme méthode valable pour les
travailleurs afin de défendre leurs droits ou d’en exiger de nouveaux.
Ce n’est pas pour rien que la présidente Danielle Tartakowski refusait
de reconnaître le Collectif des Bas Salaires (c’est-à-dire les grévistes) comme un interlocuteur valable lors des négociations.
Par ailleurs le personnel avait réussi à imposer, à
Paris 8, que lors des mouvements de grève, la présidence ne procède pas à
de retenue de salaires, et ce depuis les années 1980. Tartakowski avait
elle-même bénéficié de cet acquis quand elle avait fait grève contre la
LRU en 2009. Mais sous sa présidence elle a décidé de « rompre avec la
tradition », et ce de surcroit conre une grève des bas salaires ! Comme
le dénonçaient les grévistes, « on lui demande de remplir nos caddies
et, elle, la présidente, elle vide nos frigos ! ».
Tartakowski, spécialiste des mouvements sociaux,
désormais aspirante à devenir « présidente/gestionnaire modèle » en
temps austéritaires, considérait que les revendications du personnel ne
pouvaient être satisfaites que dans le cadre de l’application du décret
RIFSEEP qui vise à mettre en concurrence les salariés de différentes
catégories et y compris les salariés au sein d’une même catégorie. Pour
ce faire, elle a mis en place un « groupe de travail » auquel devraient
participer les différents syndicats de l’université. En voyant ce piège,
les salariés organisés en Collectif des Bas Salaires autant que les
syndicats CGT et FSU ont refusé d’y prendre part.
Malheureusement, les représentants du syndicat local,
La Dyonisoise, qui par ailleurs soutenaient la grève, sont restés dans
le groupe de travail, ce qui lui donnait une certaine légitimité. Cela
est devenu un obstacle objectif considérable pour la grève. En effet, la
présidente se servait de l’existence de ce groupe de travail pour
refuser de dialoguer avec le Collectif. Or, ce groupe de travail dans
lequel ne participaient, outre La Dyonisoise, que la CFDT serait devenu
une coquille vide si le syndicat local l’avait quitté, obligeant ainsi
la présidence à négocier avec le Collectif et ce bien avant la fin du
mouvement. Cela aurait mis en lumière, de façon beaucoup plus explicite,
les contradictions de la direction de Paris 8.
Cependant, malgré toutes ces tentatives, et bien
au-delà du résultat concret de la grève, la présidente n’a pas réussi à
délégitimer la grève comme l’une des armes les plus efficaces des
travailleuses et travailleurs. Au contraire, les grévistes sont fiers de
leur lutte, d’avoir su relever la tête et déjouer les multiples
manœuvres mises en place par cette soi-disant présidence de « gauche ».
Ils ont par ailleurs réussi à poser le problème de la transparence dans
la gestion du budget de l’université et ont dénoncé l’opacité dans la
distribution des primes, qui se fait la plupart du temps au « mérite »,
ce qui met en concurrence les personnels de l’université. Ce mécanisme
va s’accentuer avec la mise en place du nouveau décret de la fonction
publique, le RIFSEEP.
« Avoir lutté, c’est déjà une victoire »
« Avoir lutté c’est déjà une victoire ». Ce sont les
mots de l’une des grévistes à la dernière soirée de soutien. Dans un
contexte d’austérité généralisée, où l’on nous répète à longueur de
journée, qu’il n’y a pas d’argent, elle soulignait ainsi combien se
battre contre les bas salaires et la précarité, poser clairement ces
problèmes qui touchent des millions de salariés dans le pays est en
quelque sorte déjà une victoire.
Au cours de cette grève, ces travailleuses et
travailleurs ont démontré un courage et une ténacité qui vont bien au
delà de la lutte en tant que telle. L’expérience gagnée au cours de la
grève constitue sans aucun doute un acquis qui permettra à ces salariés
de ne pas partir de zéro dans les luttes à venir.
En tant que militants du NPA Paris 8, nous sommes en
effet convaincus de l’importance de reprendre à notre compte la
tradition de l’unité des luttes étudiantes et des travailleurs ; un
héritage direct de Mai 68 dont l’université de Vincennes a été l’un des
exemples les plus remarquables. Alors que l’on essaye d’accentuer la
« normalisation » de Paris 8, nous affirmons la défense de cet héritage
et de l’unité ouvrière-étudiante que certains « spécialistes » des
mouvements sociaux voudraient effacer.
Nous nous battons pour étudier, pour nos conditions
d’étude, mais nous nous battons également pour avoir le droit de
questionner et de remettre en cause l’université telle qu’elle est
conçue au sein de la société capitaliste dans laquelle nous vivons. La
défense de l’université contre les attaques actuelles, nécessaire, est
inséparable de la question de l’université telle qu’elle existe
aujourd’hui, une université au service de quoi et au service de qui ?
Remettre en cause une université où les intérêts des patrons sont de
plus en plus prioritaires à travers les différentes réformes appliquées
ces dernières années et où les filières qui ne sont pas « rentables »
sont supprimées, voilà pour nous un combat fondamental. Défendre et
soutenir la lutte des bas salaires, c’était aussi pour nous
indissociable de cette perspective plus générale.
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