Philippe Alcoy
Source: CCR du NPA
Dans la nuit du 20 au 21 octobre, la presse informait
du décès du PDG de Total, Christophe de Margerie. Son avion privé a
heurté une déneigeuse au moment du décollage à l’aéroport de Vnukovo
près de Moscou. Comme on pouvait s’y attendre, tout le personnel
politique bourgeois (de droite comme de « gauche ») ainsi que la presse
ont salué la mémoire d’un « grand dirigeant ». Lors de l’accident trois
membres de l’équipage sont également décédés.
Selon les
autorités russes, le conducteur de la déneigeuse aurait été ivre au
moment de l’accident. Cependant, on ne peut pas leur faire confiance car
elles pourraient vouloir faire peser toute la responsabilité sur ce
travailleur de 63 ans. D’ailleurs, l’avocat de celui-ci a déclaré qu’au
« moment des faits [le travailleur] n’était pas ivre (…) mon client
souffre d’une maladie chronique du cœur donc il ne boit pas, ce qui peut
être confirmé par sa famille et médecins ».
Les mauvaises conditions météorologiques peuvent
aussi avoir pesé et ces derniers jours on a pointé la responsabilité des
contrôleurs aériens russes. Les autorités de l’aéroport viennent de
démissionner également. L’enquête est encore en cours.
Pragmatisme et cynisme
Dans la presse bourgeoise nationale et internationale
on trouve une grande quantité d’articles rendant hommage à « un grand
stratège », un homme avec un « très bon sens de l’humour », un
« aventurier ».
La réalité c’est que Christophe de Margerie était un
héritier d’une famille ultra riche et liée au grand capital. Côté
maternel, il est le petit-fils du fondateur de la maison de luxe
Taittinger ; quant à son père, Pierre-Alain Jacquin de Margerie, il a
longtemps été à la tête de ce qui allait devenir le premier assureur
français, AXA.
De Margerie est entré chez Total très jeune dans les
années 1970, en pleine « crise du pétrole ». Grâce à son talent de
négociateur et pour établir de bonnes relations avec ses interlocuteurs,
il a été promu en 1992 dans l’équipe de commerce pour le Moyen-Orient.
Trois ans plus tard, il devient directeur général affecté à cette
région.
De Margerie était un expert des « subtilités des
négociations avec les bouillants pétroliers vénézuéliens, les hiérarques
russes, les potentats africains assoiffés de pétrodollars, les satrapes
d’Asie centrale. Et surtout les princes du Golfe assis sur les deux
tiers des réserves d’or noir de la planète » (Le Monde, 21/10).
En réalité, ce qu’on essaye de présenter aujourd’hui
comme un « grand atout », ce sont les affaires obscures de Margerie avec
tous types de tyrans et oppresseurs des peuples de toute la planète.
D’ailleurs, De Margerie était l’un des rares
dirigeants de multinationales impérialistes à afficher ouvertement sa
« sympathie » envers la Russie, allant même jusqu’à condamner les
sanctions économiques contre Poutine et son entourage. Evidemment, tout
cela suivait une logique purement affairiste. En effet, Total a
l’intention de faire de la Russie sa principale source de gaz et de
pétrole.
Total « exonéré » d’impôts en France
Malgré le fait que Total soit l’entreprise française
la plus riche et celle dégageant les plus grands profits, elle ne paye
pas un centime d’impôts en France (comme la plupart des grands groupes
français d’ailleurs).
Le prétexte mis en avant c’est que l’activité de
Total en France ne serait pas rentable, et que légalement une entreprise
qui a des « pertes » n’a pas à payer d’impôts. Cyniquement, De Margerie
déclarait il y a quelques mois qu’il « rêvait » de payer des impôts en
France ; entendez : que l’activité de Total devienne « rentable » en
France.
Même si de temps à autre, certains politiciens se
plaignent hypocritement de cette situation, l’Etat français est
pleinement complice des magouilles financières de Total. C’est grâce à
un mécanisme financier instauré par celui-ci que ce type d’entreprises
ne paye pas d’impôts. Et ce, sans parler des juteux marchés que l’Etat
impérialiste français offre à son « champion ». Aurait-on déjà oublié
que les bombardements sur la Lybie ont aussi eu comme résultat des
perspectives de gains très importants pour cette multinationale ?
Pire encore, comme si c’était une provocation, c’est
De Margerie lui-même qui déclarait dans une interview aux Echos en août
dernier que l’Etat devait « rétablir ses comptes publics » !
La classe ouvrière n’a rien perdu !
En effet, c’est avec le prétexte de la « non
rentabilité » de son activité en France que Total prétend depuis
quelques années réduire son activité dans le pays. C’est ainsi qu’en
2010, l’entreprise annonçait la fermeture de la raffinerie de Dunkerque,
ce qui a provoqué une grève de solidarité au niveau national dans le
secteur, laissant la France au bord de la pénurie. Ce n’est qu’une
trahison des directions syndicales, qui ont subitement mis fin à la
grève, qui a permis à Total de sauver sa peau.
Cependant, cette grève historique ainsi que celle menée quelques mois plus tard dans le cadre de la lutte contre la réforme des retraites de Sarkozy en 2010,
ont constitué un traumatisme pour le patronat (et ses politiciens).
C’est ce qui explique qu’aujourd’hui ils prennent beaucoup de
précautions pour évoquer des fermetures de sites ou même la réduction de
l’activité dans les raffineries en France.
Dans ce contexte, le communiqué de la fédération chimie-énergie de la CFDT est tout simplement scandaleux. On y affirmeque « Christophe
de Margerie était un stratège industriel reconnu de tous. Il avait
initié un dialogue social de qualité dans le groupe et placé la
performance sociale au même titre que les performances économiques ou
environnementales. La FCE-CFDT tient à lui rendre un hommage sincère ». On se demande sincèrement jusqu’où ira la décomposition pro-patronat de ce syndicat !
Les travailleurs et travailleuses n’ont rien à
regretter de la mort de Christophe de Margerie. Il était un patron sans
scrupules prêt à pactiser avec n’importe quel petit tyran pourvu que
cela lui garantisse de gros profits. Un des leurs est parti. Les
capitalistes en trouveront rapidement un autre pour prendre sa place. La
victoire définitive de notre classe ne pourra venir que du renversement
de ce système d’oppression et d’exploitation.
C'est vrai que Cuba est une fabrique d'hommes libres...qui pendant des décennies n'ont pu sortir du pays!!Et c'est vrai que le PSG de votre Besancenot est un exemple pour les travailleurs esclaves du Qatar!!
RépondreSupprimerMerci pour votre contribution, je vais y réfléchir...
SupprimerRéfléchissez bien aussi à ce que vous écrivez comme "fabrica de hombres libres"à propos du travail des enfants à partir de 10 ans chez votre ami Evo Morales...pour en faire des hommes libres?Comme les esclaves du Qatar?Il vaut mieux sans aucun doute être salarié de Total en France qu'enfant au travail en Bolivie.Mais là-dessus,pas un mot de vous!!!
RépondreSupprimerIl y en a marre de ces gens en France qui glorifient des pays dont les conditions sociales et de libertés ne nous arrivent même pas à la cheville.Personne ne dit que tout va bien ici mais de là à dire que le paradis est dans ces pays-là,non,non et NON!!!
RépondreSupprimerCher anonyme, je ne sais pas de quoi tu parles... Tu débattes avec tes propres préjugés et c'est très bien! Mais tu pourrais t'écrire un mail à toi même et t'auto-répondre, ce serait plus pratique. A quel moment on parle d'Evo morales, de Cuba ou je ne sais pas quoi dans cet article? Tout est dans ta tête cher Anonyme.
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