Philippe Alcoy
Source: CCR du NPA
On s’attendait à ce que le vote de confiance au
gouvernement à l’Assemblée Nationale soit serré. En effet, hier sur 566
votants, 269 ont voté pour, 244 contre et 53 députés se sont abstenus.
Parmi ceux-ci il y avait 31 « frondeurs » du groupe PS à l’Assemblée.
Ainsi, ils augmentent considérablement leur nombre par rapport au
dernier vote de confiance début avril où ils étaient seulement 11. Lors
de ce vote le gouvernement avait obtenu 306 votes en sa faveur. De cette
façon le PS perd la majorité absolue au Parlement, ce qui n’était pas
arrivé depuis 20 ans.
Evidemment la
raison de fond de cette crise politique qui traverse le gouvernement (et
le régime de la cinquième république) c’est la crise économique
persistante, le taux de chômage élevé et des indices de pauvreté de plus
en plus importants. C’est cela qui est à la base aussi du départ des
ministres écologistes du gouvernement, qui hier se sont abstenus presque
à l’unanimité (17 députés sur 18).
Cherchant à nuancer ce nouveau revers pour le
gouvernement, la presse remarque qu’il y a eu des députés liés à des
secteurs « oppositionnels » au sein du PS qui ont voté la confiance au
gouvernement car ils « ont considéré que la question posée étant
globale, l’exigence de rassemblement devait prévaloir sur les désaccords
d’orientation économique » (Les Echos, 16/9). Cependant,
cela ne vaut pas dire que sur tel ou tel vote dans le futur ces députés
ne s’opposent pas au gouvernement, réduisant encore plus sa majorité à
l’Assemblée.
Quoi qu’il en soit, l’image d’un gouvernement complètement affaibli n’a pas pu être renversée.
Valls a essayé mais n’a pas réussi
Justement pour changer cette image de fragilité et
pour « limiter la casse », avant le vote Manuel Valls avait prononcé un
discours qui faisait des « clins d’œil » à l’opposition interne, ce qui
confirme une tendance que nous remarquions il y a quelques jours.
Il a annoncé deux mesures sociales cosmétiques (baisse d’impôts limitée
pour les classes populaires et une augmentation ridicule du minimum
vieillesse), il a défendu le « modèle social français » (SMIC, 35
heures) et a lancé un « avertissement » contre les « provocations et les
surenchères » du MEDEF.
En effet, le président du MEDEF, Pierre Gattaz, le
jour même du vote avait tenu un discours néolibéral offensif devant la
presse disant précisément que lemodèle social français avait « vécu ».
On pourrait analyser ces déclarations comme une tentative de
contrecarrer la tendance à faire des « concessions » à l’opposition
interne de la part de Hollande et son gouvernement.
Ce qui est sûr en tout cas c’est que les capitalistes
n’ont pas à s’inquiéter quant à la proximité de Hollande avec leurs
intérêts. C’est plutôt l’incapacité du gouvernement à appliquer les
réformes pro-patronales qui doit les empêcher de dormir.
Le principal danger pour Hollande viendra des rues
Bien que les prochaines semaines et mois le
gouvernement devra faire face à des échéances parlementaires importantes
comme le vote du budget 2015 en octobre, le défit le plus important
peut venir des rues et des entreprises et non du parlement. La grève des pilotes d’Air France
représente à sa manière un danger en ce sens. Ce n’est pas par hasard
que Valls, Macron et Cambadélis se sont prononcés pour l’arrêt de la
grève. On pourrait se demander d’ailleurs avec quelle autorité ce
gouvernement complètement affaibli peut demander quoi que ce soit à des
travailleurs en lutte ?
Quoi qu’il en soit, aussi bien le gouvernement que
l’ensemble des députés PS (mais aussi ceux de l’opposition) et le
patronat craignent profondément une explosion sociale qui mette en échec
Hollande. A leur façon c’est ce que « l’opposition » interne du PS
essaye d’éviter en défendant une orientation économique qui mette moins
l’accent sur l’austérité.
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