20.7.20

La rencontre d’un Nerveux et d’un Escroc


"Before The Monkey Duel", Edmund Bristow.

Deux hommes, masculins. L’un un escroc, l’autre un nerveux. L’un va, l’autre vient. Sur le même trottoir. Ils se croisent.


- Tchiiiiii…
- T’as dit quoi connard ?!
(Vous aurez reconnu qui est qui)
- Rien, rien… je chante moi !
- Ah bon ? C’est ça chanter ?
- Bah oui…
- Alors vas-y Cindy Lauper, chante ton morceau !
- Eh, je ne peux pas vraiment…
- Tu te fous de moi ?!
- Non, je te jure… Je ne connais pas les paroles
- Mais si tu ne connais pas les paroles comment tu étais en train de chanter ? Tu te fous de moi et je vais te massacrer !
(Le Nerveux se remontait les manches, menaçant)
- Mais non, c’est une chanson acoustique indonésienne…
- Mais je vais te casser la gueule toi !
- …je ne connais que les sons approximatifs…
- Chante ! Vas-y ! Je vais te démolir toi ! Chante !
- Tchiiiii…
- Ta gueule enculé ! Je vais te tuer !

Le Nerveux lançait aussitôt un coup en direction de l’escroc qui réussit cependant à l’esquiver ; il prit ses jambes à son cou en s’éloignant à toute allure. Arrivé au coin de la rue, à plus ou moins 150 mètres, il se sentit plus en sécurité. Le Nerveux ne lui courut pas après. Et là l’Escroc commença à lui faire des gestes grossiers, en pintant ses testicules, et en lançant des insultes vulgaires contre la mère et la grand-mère du Nerveux.

- T’as de la chance que j’aille acheter de la mort aux rats ! Fils de chien ! (lançait le Nerveux au loin)
- Ah mais ces produits ne servent à rien, je suis dératiseur et il n’y a que ceux que nous utilisons, nous les pros, qui marchent ! Pauvre type !
- Ah ouais ? Et tu le trouves où ton matériel pro, crapule ?!
- Importation directe, depuis l’Allemagne !
- Ah ouais ? Et c’est combien ?
- Bah 300 euros… minimum !
- Et c’est efficace au moins, tête de mule ?!
- Alors là je t’arrête tout de suite ! On passe un contrat pour un traitement, on ne peut pas garantir l’extermination des rats, connard !
- Ah ouais ? Laisse tomber je vais mettre un boitier ultrason, enflure !
- Pffff… Vas-y… Ca ne sert à rien (en faisant semblant de rire et en pointant à nouveau ses testicules). Il n’y a que nos matériaux pro qui marchent, technologie hollandaise !
- Vas-y, 250 !
- Va te faire voir ! 300 minimum, on est des pros !

Le Nerveux commença à courir en direction de l’Escroc en proférant des menaces, en insultant ses parents, en promettant de faire des choses avec un gros couteau, en parlant de membres découpés. L’Escroc entama sa course à son tour, en poussant les passants qui se trouvaient sur son chemin. Un agent de la police municipale en voyant la scène arrêta les deux hommes.

- Monsieur l’officier, cet homme est fou, il veut me tuer, arrêtez-le !
- Ce connard il a voulu m’entuber avec ses pièges à rats !
- Mais je chantais tranquillement mes chansons acoustiques indonésiennes moi, c’est lui qui a commencé !
- Il a dit un truc sur ma mère, à la Mamma tu ne touches pas fils de chien !
- Ah ouais, et ça tu me dis quoi ? (encore en pointant vulgairement ses testicules)

Le policier sortit son pistolet et tira deux coups en l’air avant de les amener au poste, où ils restèrent trois longues nuits à s’insulter et négocier des pièges à rats.  

Philippe Alcoy.

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