Des
milliers de manifestants dans tout le pays ont dénoncé une loi qui
semble un copier-coller de la législation de la dernière dictature. Des
affrontements ont eu lieu aux alentours du parlement à Athènes.
Jeudi dans la soirée le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a
fait voter au parlement grec une loi limitant le droit de manifester.
187 députés ont voté pour la nouvelle loi, dont ceux de l’extrême-droite
nationaliste, et 101 s’y sont opposés. « Cette loi est un simple
copier-coller de celle de 1971, adoptée en pleine dictature des colonels
(1967-1974). (…) Jusqu’alors, en Grèce, une manifestation pouvait avoir
lieu sauf si elle était interdite ; désormais, manifester est interdit,
sauf s’il y a eu une demande préalable d’autorisation », déclarait l’écrivain grec Vassílis Vassilikós dans les colonnes de Libération il y a quelques jours.
En effet, selon la nouvelle loi les manifestations doivent désormais
avoir la permission préalable de la police et une personne devra figurer
comme responsable de celle-ci. La police peut ainsi décider de ne pas
autoriser une manifestation ou un rassemblement, notamment si elle juge
que cela poserait un danger pour la sécurité publique ou pourrait
interrompre la circulation. En outre, la personne responsable du
rassemblement ou de la manifestation devra répondre pénalement pour tout
éventuel « débordement » ou « dégradation ». « Le droit de rassemblement sans restrictions n’existe nulle part dans la planète », déclarait le ministre de la Protection des Citoyens, Michalis Chrysohoidis, rendant explicite l’objectif du gouvernement.
Ainsi, cette législation, qui est très proche de celle qui existe en
France où il y a une obligation de déclarer les manifestations et les
rassemblements, implique clairement un recul des droits démocratiques,
notamment pour les travailleurs et les classes populaires. Et cela
n’arrive pas à n’importe quel moment. Comme dans toute la planète la
crise du Covid-19 est en train d’accélérer les contradictions
économiques et la Grèce se prépare à connaître des difficultés. Les
attaques contre les travailleurs et travailleuses vont se multiplier
sans doute. Le gouvernement en est conscient et entend limiter le plus
possible les voies de contestation tout en renforçant l’arsenal
judiciaire répressif contre tous ceux et celles qui résisteraient.
C’est pour cette raison que plusieurs milliers de personnes ont
manifesté à Athènes et dans tout le pays jeudi lors du vote au
parlement. C’est pour cela aussi que la répression a été très forte,
avec des jets de gaz lacrymogènes, de bombes étourdissantes, plusieurs
arrestations. En face des manifestants ont répondu par des jets de
cocktails molotov.
Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à une tendance à
l’accentuation des traits autoritaires de plusieurs régimes politiques
en Europe et dans les principaux pays capitalistes. La crise économique
risque de jeter dans la rue des dizaines et des centaines de milliers de
personnes. Les capitalistes et leurs gouvernements se préparent à cette
éventualité en faisant passer des lois liberticides, limitant les
droits démocratiques des classes exploitées. Maintenant, en Grèce, le
gouvernement de droite avance sur les limitations du droit à manifester.
Mais comme l’a démontré le mouvement des Gilets Jaunes en France, ce
ne sont pas ces législations qui réussiront à empêcher les explosions
sociales. En fin de comptes c’est le rapport de forces qui définit tout
cela. C’est en ce sens que la mobilisation dans les rues reste
fondamentale pour faire reculer le gouvernement et toutes ses attaques
contre les libertés démocratiques. En Grèce et ailleurs.
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