11.7.20

Grèce. Offensive gouvernementale contre le droit à manifester et réactions dans tout le pays


Des milliers de manifestants dans tout le pays ont dénoncé une loi qui semble un copier-coller de la législation de la dernière dictature. Des affrontements ont eu lieu aux alentours du parlement à Athènes.
Philippe Alcoy

Jeudi dans la soirée le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a fait voter au parlement grec une loi limitant le droit de manifester. 187 députés ont voté pour la nouvelle loi, dont ceux de l’extrême-droite nationaliste, et 101 s’y sont opposés. « Cette loi est un simple copier-coller de celle de 1971, adoptée en pleine dictature des colonels (1967-1974). (…) Jusqu’alors, en Grèce, une manifestation pouvait avoir lieu sauf si elle était interdite ; désormais, manifester est interdit, sauf s’il y a eu une demande préalable d’autorisation », déclarait l’écrivain grec Vassílis Vassilikós dans les colonnes de Libération il y a quelques jours.

En effet, selon la nouvelle loi les manifestations doivent désormais avoir la permission préalable de la police et une personne devra figurer comme responsable de celle-ci. La police peut ainsi décider de ne pas autoriser une manifestation ou un rassemblement, notamment si elle juge que cela poserait un danger pour la sécurité publique ou pourrait interrompre la circulation. En outre, la personne responsable du rassemblement ou de la manifestation devra répondre pénalement pour tout éventuel « débordement » ou « dégradation ». « Le droit de rassemblement sans restrictions n’existe nulle part dans la planète », déclarait le ministre de la Protection des Citoyens, Michalis Chrysohoidis, rendant explicite l’objectif du gouvernement.

Ainsi, cette législation, qui est très proche de celle qui existe en France où il y a une obligation de déclarer les manifestations et les rassemblements, implique clairement un recul des droits démocratiques, notamment pour les travailleurs et les classes populaires. Et cela n’arrive pas à n’importe quel moment. Comme dans toute la planète la crise du Covid-19 est en train d’accélérer les contradictions économiques et la Grèce se prépare à connaître des difficultés. Les attaques contre les travailleurs et travailleuses vont se multiplier sans doute. Le gouvernement en est conscient et entend limiter le plus possible les voies de contestation tout en renforçant l’arsenal judiciaire répressif contre tous ceux et celles qui résisteraient.

C’est pour cette raison que plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Athènes et dans tout le pays jeudi lors du vote au parlement. C’est pour cela aussi que la répression a été très forte, avec des jets de gaz lacrymogènes, de bombes étourdissantes, plusieurs arrestations. En face des manifestants ont répondu par des jets de cocktails molotov.

 
Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à une tendance à l’accentuation des traits autoritaires de plusieurs régimes politiques en Europe et dans les principaux pays capitalistes. La crise économique risque de jeter dans la rue des dizaines et des centaines de milliers de personnes. Les capitalistes et leurs gouvernements se préparent à cette éventualité en faisant passer des lois liberticides, limitant les droits démocratiques des classes exploitées. Maintenant, en Grèce, le gouvernement de droite avance sur les limitations du droit à manifester.

Mais comme l’a démontré le mouvement des Gilets Jaunes en France, ce ne sont pas ces législations qui réussiront à empêcher les explosions sociales. En fin de comptes c’est le rapport de forces qui définit tout cela. C’est en ce sens que la mobilisation dans les rues reste fondamentale pour faire reculer le gouvernement et toutes ses attaques contre les libertés démocratiques. En Grèce et ailleurs.

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