12.6.20

Ode aux visiteurs de la nuit

Rhys Knight - Inferno - 2019


Il fait pénombre. Comme toutes les nuits, la nuit c’est le pire.
Vous commencez à être là. Pensez-vous que je ne vous entends pas ?
Vos pas, je les entends. Frénétiques, deux pas à la fois à toute vitesse.
J’entends vos pas froids et vos cœurs agiles.
Discrets la journée, pourquoi sortir la nuit qui tout entend ?
Mais tes rondes oreilles, arrogantes, n’entendent que le besoin.
Même si je ne vous vois pas je vous entends car vous êtes là. Vous ne pouvez pas être ailleurs que là, maintenant.
Si.
Je vous sens. Vous tentez de grimper dans mon lit. Je vous sens caresser mes pieds avec vos poils froids, doux. Douceur répugnante de corps mou.
Vous montez peu à peu, renifler et manger. Me manger. Petites Nyx endiablées que vous êtes.
Me manger la jambe.
Me manger le visage.
Me manger les yeux et les lèvres. Les paupières.
Me manger le ventre, depuis l’intérieur.
Vous êtes en moi. Dans ma gorge. Dans mon œsophage. Vous me rongez du dedans.
Je veux vous vomir avant que vous ne dévoriez mon cerveau.
Puis vous partez comme un papillon de nuit tapant sur une lampe, un plafond, une fenêtre. Une fenêtre qui tape, elle, à son tour. Ou un bout de bois du plancher qui craque.
Et le soleil lève la journée pour boucler votre routine draculiène.
Les bruits du jour remplacent les sons de la peur de toute une nuit.
Jusqu’à la prochaine nuit. Car la nuit c’est le pire.      

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