16.4.20

L’armée française devient un risque de contamination dans les pays où elle intervient


Comme si la présence de l’armée française dans plusieurs pays ne représentait pas déjà une violation à leur souveraineté, maintenant, durement frappée par le Covid-19, elle risque de devenir un facteur de contamination des populations locales.
Philippe Alcoy

On savait depuis plusieurs jours déjà que l’armée française était touchée fortement par le Covid-19. Le 10 avril dernier, la ministre des armées, Florence Parly, faisait état de 5 036 militaires et civils travaillant pour le ministère contaminés, déclarés ou potentiellement contaminés. Mais c’est ce mercredi que la presse s’est emparée massivement de la situation sanitaire au sein de l’armée : lors d’un contrôle de 1767 marins du porte-avions nucléaire Charles De Gaulle, 668 ont été testés positifs et il reste encore à dévoiler 30% des tests.
 
Immédiatement, beaucoup de critiques ont surgi envers le commandement et le ministère qui auraient ignoré les signaux indiquant que plusieurs marins étaient probablement contaminés. Même après des cas avérés les officiers auraient ordonné de poursuivre la mission qui allait finalement être raccourcie et redirigée vers Toulon dix jours avant la fin. Les tensions au sein de la mission sont rapidement montées. Un marin est allé jusqu’à déclarer à la presse « l’armée a joué avec notre santé, notre vie ». De quoi alimenter encore plus les relations quelque peu tendues entre l’armée et l’exécutif.

Mais depuis plusieurs semaines, les missions à l’étranger de l’armée française sont bouleversées par la pandémie de Covid-19. Ainsi, la Task Force Monsabert, cœur de la force Chammal déployé en Irak est rentrée plus tôt que prévu ; l’opération Corymbe qui agit au Golfe de Guinée a également été suspendue ; pour sa part la relève de la « Task Force » Jaguar chargée d’installer un radar de l’armée de l’Air dans la région Est en Arabie Saoudite n’a pas pu se faire. Sur un autre plan, les porte-hélicoptères amphibies Mistral et Dixmude ont été détournés de leurs missions pour être envoyés dans la région de l’Océan Indien et dans la région Caraïbes-Amérique latine, respectivement dans le cadre du lancement de l’opération « Résilience » supposée lutter contre la propagation du Covid-19.

Autrement dit, la pandémie de Covid-19 révèle à sa façon le militarisme de l’impérialisme français dont l’armée est présente sur différents théâtres d’opérations. En particulier l’opération Barkhane qui agit au Sahel, dont la relève a également été repoussée d’un ou deux mois à cause de la contamination de quatre soldats de l’opération, diagnostiqués le 2 avril dernier.

Malgré le fait que l’état-major ait déclaré que ces soldats étaient mis en isolement et certains rapatriés en France, il est évident que cela représente un risque énorme pour les populations locales. En effet, l’armée française pourrait devenir un facteur puissant de contamination de la population locale qui est particulièrement vulnérable et exposée au virus. N’oublions pas que les Casques Bleus de l’ONU avaient apporté avec eux en 2010 le choléra à Haïti où l’épidémie a causé la mort de 10 000 personnes.

C’est en ce sens aussi qu’Elie Domota de l’UGTG (Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe) a demandé à ce que de tests soient effectués sur les militaires à bord du porte-hélicoptères Dixmude qui doit arriver dans la région ce vendredi 17 avril.

En effet, alors que toute la presse se fait écho de la situation des marins et des militaires français durement touchés par le virus, d’un point de vue des travailleurs et des opprimés par le militarisme de l’impérialisme français, nous dénonçons cette présence qui bafoue la souveraineté nationale des ex-colonies et des colonies actuelles de la France (quoique avec d’autres noms et sous d’autres formes). Dans le contexte pandémique actuel, l’armée française n’est nullement un rempart pour lutter contre la propagation du virus. Sa présence ou le renforcement de sa présence redouble l’oppression des peuples mais aussi devient un danger supplémentaire de contamination pour les populations locales déjà surexposées au virus par le sous-développement découlant de la domination des puissances telles que la France.

Le gouvernement français, comme ceux des autres puissances impérialistes, savent que le monde se précipite vers une crise économique d’ampleur, combinée à une crise sanitaire, et dans un contexte international de croissantes tensions géopolitique. Probablement les armées seront appelées à jouer un rôle de plus en plus important dans la prochaine période. C’est en ce sens que ces cas d’infection deviennent un problème très important pour le gouvernement français. Le mouvement ouvrier ne doit pas permettre que cette crise serve à renforcer le militarisme de l’impérialisme français.

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