Comme
si la présence de l’armée française dans plusieurs pays ne représentait
pas déjà une violation à leur souveraineté, maintenant, durement
frappée par le Covid-19, elle risque de devenir un facteur de
contamination des populations locales.
On savait depuis plusieurs jours déjà que l’armée française était
touchée fortement par le Covid-19. Le 10 avril dernier, la ministre des
armées, Florence Parly, faisait état de 5 036 militaires et civils
travaillant pour le ministère contaminés, déclarés ou potentiellement
contaminés. Mais c’est ce mercredi que la presse s’est emparée
massivement de la situation sanitaire au sein de l’armée : lors d’un
contrôle de 1767 marins du porte-avions nucléaire Charles De Gaulle, 668
ont été testés positifs et il reste encore à dévoiler 30% des tests.
Immédiatement, beaucoup de critiques ont surgi envers le commandement
et le ministère qui auraient ignoré les signaux indiquant que plusieurs
marins étaient probablement contaminés. Même après des cas avérés les
officiers auraient ordonné de poursuivre la mission qui allait
finalement être raccourcie et redirigée vers Toulon dix jours avant la
fin. Les tensions au sein de la mission sont rapidement montées. Un
marin est allé jusqu’à déclarer à la presse « l’armée a joué avec notre santé, notre vie ». De quoi alimenter encore plus les relations quelque peu tendues entre l’armée et l’exécutif.
Mais depuis plusieurs semaines, les missions à l’étranger de l’armée
française sont bouleversées par la pandémie de Covid-19. Ainsi, la Task
Force Monsabert, cœur de la force Chammal déployé en Irak est rentrée
plus tôt que prévu ; l’opération Corymbe qui agit au Golfe de Guinée a
également été suspendue ; pour sa part la relève de la « Task Force »
Jaguar chargée d’installer un radar de l’armée de l’Air dans la région
Est en Arabie Saoudite n’a pas pu se faire. Sur un autre plan, les
porte-hélicoptères amphibies Mistral et Dixmude ont été détournés de
leurs missions pour être envoyés dans la région de l’Océan Indien et
dans la région Caraïbes-Amérique latine, respectivement dans le cadre du
lancement de l’opération « Résilience » supposée lutter contre la
propagation du Covid-19.
Autrement dit, la pandémie de Covid-19 révèle à sa façon le
militarisme de l’impérialisme français dont l’armée est présente sur
différents théâtres d’opérations. En particulier l’opération Barkhane
qui agit au Sahel, dont la relève a également été repoussée d’un ou deux
mois à cause de la contamination de quatre soldats de l’opération,
diagnostiqués le 2 avril dernier.
Malgré le fait que l’état-major ait déclaré que ces soldats étaient
mis en isolement et certains rapatriés en France, il est évident que
cela représente un risque énorme pour les populations locales. En effet,
l’armée française pourrait devenir un facteur puissant de contamination
de la population locale qui est particulièrement vulnérable et exposée
au virus. N’oublions pas que les Casques Bleus de l’ONU avaient apporté
avec eux en 2010 le choléra à Haïti où l’épidémie a causé la mort de 10 000 personnes.
C’est en ce sens aussi qu’Elie Domota de l’UGTG (Union Générale des
Travailleurs de Guadeloupe) a demandé à ce que de tests soient effectués
sur les militaires à bord du porte-hélicoptères Dixmude qui doit
arriver dans la région ce vendredi 17 avril.
En effet, alors que toute la presse se fait écho de la situation des
marins et des militaires français durement touchés par le virus, d’un
point de vue des travailleurs et des opprimés par le militarisme de
l’impérialisme français, nous dénonçons cette présence qui bafoue la
souveraineté nationale des ex-colonies et des colonies actuelles de la
France (quoique avec d’autres noms et sous d’autres formes). Dans le
contexte pandémique actuel, l’armée française n’est nullement un rempart
pour lutter contre la propagation du virus. Sa présence ou le
renforcement de sa présence redouble l’oppression des peuples mais aussi
devient un danger supplémentaire de contamination pour les populations
locales déjà surexposées au virus par le sous-développement découlant de
la domination des puissances telles que la France.
Le gouvernement français, comme ceux des autres puissances
impérialistes, savent que le monde se précipite vers une crise
économique d’ampleur, combinée à une crise sanitaire, et dans un
contexte international de croissantes tensions géopolitique.
Probablement les armées seront appelées à jouer un rôle de plus en plus
important dans la prochaine période. C’est en ce sens que ces cas
d’infection deviennent un problème très important pour le gouvernement
français. Le mouvement ouvrier ne doit pas permettre que cette crise
serve à renforcer le militarisme de l’impérialisme français.
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