17.2.20

L'ultragauchiste semi-libertaire et la prise de l'Elysée...


"Sous l’Arc de Triomphe il y avait une marée humaine qui sans parler se dirigeait vers le palais présidentiel. Tendue. Comme bouche d’enfant de sept ans où il manque plusieurs dents, sous l’imposant monument le sol était troué, plusieurs plaques de bronze avaient été extirpées. Déchaînés, somme arrivés en chantant et en s’agitant. Peu à peu nous nous fondîmes dans la masse et la masse fut gagnée par nos slogans. La foule descendait l’avenue des Champs Elysées qui étrangement était déserte de policiers. Au loin on percevait une autre masse de gens, agitée. Comme nous descendions l’avenue, nous constations la rage populaire abattue sur les vitrines, les kiosques de journaux. Plusieurs restaurants de luxe étaient incendiés. Des magasins de vêtements de marque dévalisés, saccagés. Les gens s’appropriaient les fines fringues ; ils déshabillaient les mannequins et les rhabillaient de leurs oripeaux. En arrivant à un coin de rue, il y eut comme un brouhaha. Des cris et des poings en l’air. Plusieurs manifestants étaient blessés, avec des brûlures graves. Tout en haut d’un immeuble très bourgeois, un couple de personnes âgées trop riches déversa de l’huile bouillante depuis leur balcon sur des manifestants aux cris de : « racaille, vous êtes en train de ruiner la France ! ». Une Jeep militaire s’y précipita, freina au coin de la rue. Un homme tout de noir vêtu, portant un manteau et une ceinture en cuire aux boucles en argent, des bottes de skinhead, sortit une mitrailleuse et commença à tirer vers la fenêtre des petits vieux réactionnaires. Il ne les tua pas, ne les toucha même pas, mais détruisit la fenêtre sous les « vivat » de la cohue. Ce qui semblait être un majordome se pencha au bord du balcon, boutonné jusqu’au cou, des gants blancs, et lança vers les manifestants des ballons remplis d’un acide fatal pour la peau. Plusieurs manifestants furent brûlés. La mitrailleuse lança à nouveau une salve de balles. Le majordome tenta de retourner à l’intérieur de l’appartement, mais la porte était déjà bloquée. Les papis réactionnaires avaient poussé une armoire et l’interposèrent entre eux et le balcon. La seconde rafale de balles arriva, elle transperça le corps du majordome et les balles se clouèrent au le mur. Le corps sans vie du domestique s’appuya sur le garde-corps et, telle une balançoire horizontale, son corps s’inclina vers le vide et tomba, la tête en premier, les bras collés au corps, et s’écrasa sur le trottoir. Il y eut des cris de joie et encore des vivats. A ce moment-là je reconnus l’ultragauchiste semi-libertaire qui avec son charisme habituel déclama à la foule enhardie par la haine antibourgeoise : « ne soyez pas stupides, au lieu de faire la fête vous devriez chercher des armes et m’accompagner. Nous sommes en train d’occuper un McDonald’s dans le dixième arrondissement ! ». Un manifestant lui expliqua que nous nous dirigions vers le palais de l’Elysée pour renverser le président Gaulard, ce qui ne fit qu’élever au maximum le niveau de misanthropie de l’ultragauchiste. « Imbéciles - dit-il - on ne peut pas combattre notre ennemi avec ses propres armes ! On s’en fout du pouvoir. Il faut construire le communisme libertaire autogestionnaire égalitaire écologiste anti-spéciste tout de suite ! Il faut occuper ! Venez avec moi, nous sommes en train d’occuper un McDonald’s, traîtres ! Idiots ! ». Quelqu’un proposa de soumettre au vote l’idée. Et l’ultragauchiste ne tarda pas à répondre: « voter ? Et puis quoi encore ? Cette bande d’aliénés va me dire ce que je dois faire ? Voter c’est bourgeois ! Ceux qui sont d’accord avec moi montez dans la Jeep et on s’en va à la Commune Libre du McDonald’s occupé ». Un autre lui demanda des armes. Il ne lui répondit même pas, on entendait juste ses dents grincer. Et ainsi l’ultragauchiste monta sur la Jeep avec un citoyen vêtu d’un gilet de pêche qui le suivit, et ils partirent à toute allure vers leur occupation. Un manifestant lui cria : « au revoir Ronald !... »".

- Traduction d’un extrait de « Y así los insurrectos parisinos avanzaron al grito de “soy Varela”… » (http://www.laizquierdadiario.com/Y-asi-los-insurrectos-parisinos-avanzaron-al-grito-de-soy-Varela).

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