2.1.20

Action au siège de LREM. Pour criminaliser les grévistes, Guerini invoque un « acte contre la démocratie »


Le délégué général de LREM, Stanislas Guerini, évoque une supposée tentative d’invasion au siège du parti présidentiel et une atteinte à la démocratie, alors que des grévistes se sont fait matraquer. Encore une provocation à l’égard des grévistes opposés à la réforme des retraites.
Philippe Alcoy

Des grévistes de la RATP et de la SNCF, ainsi que des Gilets Jaunes (dont Jérôme Rodrigues), des étudiants, des enseignants et autres opposants à la réforme des retraites ont tenté de mener une action symbolique surprise devant le siège du parti présidentiel, La République en Marche, ce jeudi à Paris. L’action décidée par la coordination RATP-SNCF d’Île-de-France a été brutalement réprimée. Deux grévistes ont été blessés, trois manifestants se sont fait interpeller et une partie des personnes mobilisées a été nassée pendant au moins deux heures.

Après la matraque, le gouvernement, appuyé par les grands médias, cherche à criminaliser les grévistes en se posant comme les garants de la « démocratie ». LREM garant de la démocratie ? Cela aurait de quoi faire sourire s’il ne s’agissait pas, derrière cet argument de justifier la terrible répression qui s’est abattue sur les grévistes, marquant le sol de leur sang. Mais c’est Stanislas Guerini, député et délégué général du parti de Macron, qui est allé le plus loin dans cette tentative de légitimer les coups de matraque et de criminaliser la mobilisation, toujours soutenue par la majorité de la population.

Dans un tweet, Guerini a affirmé en effet : « je condamne la tentative d’intrusion de manifestants radicalisés, dont la CGT et Sud-Rail, au siège de LaREM. Vouloir pénétrer dans un mouvement politique, effrayer ses salariés, ce n’est pas une expression démocratique légitime. C’est faire primer la violence sur la démocratie ».

  

Le député LREM utilise l’expression « manifestants radicalisés » qui a pris ces dernières années une connotation très négative car renvoyant au champ lexical terrorisme islamiste (« jeunes radicalisés »). Cela n’est pas un hasard. Les députés LREM tentent de créer cette association d’idées pour stigmatiser les grévistes les plus résolus à se battre contre la réforme de retraites. Ainsi, le week-end dernier la députée LREM Fadela Mehal accusait Anasse Kazib d’exercer une sorte de « terrorisme verbal ».

Le député essaye également de retourner la situation accusant les manifestants d’être « violents » et de porter atteinte contre la démocratie, alors qu’ils venaient de se faire gazer et frapper. Certains dirigeants politiques ont réagi rapidement aux déclarations de Guerini en dénonçant son double discours et son hypocrisie. Ainsi, Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise a répondu au tweet du député En Marche : « un syndicat de police d’extrême droite a assiégé la France insoumise : Stanislas Guérini applaudissait. Après 35 mutilés de la répression des manifestants : pas un mot de compassion de Guérini ».

  

Cependant, cette campagne odieuse de criminalisation de la contestation sociale a reçu un coup du côté le moins espéré : la préfecture de police. En effet, évoquant la soi-disant tentative d’intrusion, la préfecture de police de Paris a déclaré à Franceinfo : « d’après ce que nous savons, il y a peut-être eu un ou deux fumigènes mais il n’y a pas eu de tentative pour pénétrer dans les lieux ». Après que la préfecture ait démenti la version du patron d’En Marche ! comme le titre Le Parisien (« LREM dénonce une « tentative d’intrusion » à son siège, la préfecture de police dément »), la même préfecture de police, surement rappelée à l’ordre, a fini par confirmer la supposée intrusion. Quelle que soit la vérité, l’un ou l’autre est bien l’auteur d’une « fake news ».

Le fait est que même si le gouvernement tente, pour le moment, de ne pas avoir recours aux niveaux de violence qu’il a employé contre le mouvement des Gilets jaunes, de plus en plus il commence à matraquer les grévistes et manifestants, à essayer de justifier la répression à travers des passages sur les médias où l’on vise les « radicalisés » dans les manifestations, dans les piquets, ou dans les organisations syndicales. Le gouvernement joue le pourrissement, mais plus il se trouvera en difficulté, plus il aura recours à la matraque.

Du côté des grévistes, les actions comme celles de ce jeudi, mais aussi celles qui ont eu lieu depuis le début des vacances, montrent qu’il n’y a pas de trêve dans la lutte, que la détermination à aller jusqu’au bout est là. La semaine prochaine sera déterminante en ce sens. Non seulement parce qu’il y aura la rentrée à l’éducation nationale (l’autre secteur très mobilisé depuis le 5 décembre), mais aussi parce que jeudi 9 janvier aura lieu la journée de mobilisation et de grève nationale, une opportunité pour que d’autres secteurs rejoignent la lutte.

Le gouvernement affirme qu’il ne reculera pas sur cette réforme des retraites ; les grévistes, avec ces actions, sont en train de lui répondre qu’ils ne comptent pas reculer non plus ; et qu’ils iront jusqu’au retrait.


 

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