Le
délégué général de LREM, Stanislas Guerini, évoque une supposée
tentative d’invasion au siège du parti présidentiel et une atteinte à la
démocratie, alors que des grévistes se sont fait matraquer. Encore une
provocation à l’égard des grévistes opposés à la réforme des retraites.
Des grévistes de la RATP et de la SNCF, ainsi que des Gilets
Jaunes (dont Jérôme Rodrigues), des étudiants, des enseignants et autres
opposants à la réforme des retraites ont tenté de mener une action
symbolique surprise devant le siège du parti présidentiel, La République
en Marche, ce jeudi à Paris. L’action décidée par la coordination
RATP-SNCF d’Île-de-France a été brutalement réprimée.
Deux grévistes ont été blessés, trois manifestants se sont fait
interpeller et une partie des personnes mobilisées a été nassée pendant
au moins deux heures.
Après la matraque, le gouvernement, appuyé par les grands médias,
cherche à criminaliser les grévistes en se posant comme les garants de
la « démocratie ». LREM garant de la démocratie ? Cela aurait de quoi
faire sourire s’il ne s’agissait pas, derrière cet argument de
justifier la terrible répression qui s’est abattue sur les grévistes,
marquant le sol de leur sang. Mais c’est Stanislas Guerini, député et
délégué général du parti de Macron, qui est allé le plus loin dans cette
tentative de légitimer les coups de matraque et de criminaliser la
mobilisation, toujours soutenue par la majorité de la population.
Dans un tweet, Guerini a affirmé en effet : « je condamne la
tentative d’intrusion de manifestants radicalisés, dont la CGT et
Sud-Rail, au siège de LaREM. Vouloir pénétrer dans un mouvement
politique, effrayer ses salariés, ce n’est pas une expression
démocratique légitime. C’est faire primer la violence sur la démocratie ».
Je condamne la
tentative d'intrusion de manifestants radicalisés, dont la CGT
et Sud-Rail, au siège de LaREM. Vouloir pénétrer dans un mouvement
politique, effrayer ses salariés, ce n'est pas une expression
démocratique légitime. C'est faire primer la violence sur la
démocratie.
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) January
2, 2020
Le député LREM utilise l’expression « manifestants radicalisés » qui a
pris ces dernières années une connotation très négative car renvoyant
au champ lexical terrorisme islamiste (« jeunes radicalisés »). Cela
n’est pas un hasard. Les députés LREM tentent de créer cette association
d’idées pour stigmatiser les grévistes les plus résolus à se battre
contre la réforme de retraites. Ainsi, le week-end dernier la députée
LREM Fadela Mehal accusait Anasse Kazib d’exercer une sorte de
« terrorisme verbal ».
Le député essaye également de retourner la situation accusant les
manifestants d’être « violents » et de porter atteinte contre la
démocratie, alors qu’ils venaient de se faire gazer et frapper. Certains
dirigeants politiques ont réagi rapidement aux déclarations de Guerini
en dénonçant son double discours et son hypocrisie. Ainsi, Jean-Luc
Mélenchon de la France Insoumise a répondu au tweet du député En
Marche : « un syndicat de police d’extrême droite a assiégé la France
insoumise : Stanislas Guérini applaudissait. Après 35 mutilés de la
répression des manifestants : pas un mot de compassion de Guérini ».
Un syndicat de
police d'extrême droite a assiégé la France insoumise :
Stanislas Guérini applaudissait. Après 35 mutilés de la répression des
manifestants : pas un mot de compassion de Guérini. Des syndicalistes
lui font peur ? Il «n'est pas du même camp», c'est ça ?
https://t.co/cUzkd5yltt
—
Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January
2, 2020
Cependant, cette campagne odieuse de criminalisation de la
contestation sociale a reçu un coup du côté le moins espéré : la
préfecture de police. En effet, évoquant la soi-disant tentative
d’intrusion, la préfecture de police de Paris a déclaré à Franceinfo : « d’après
ce que nous savons, il y a peut-être eu un ou deux fumigènes mais il
n’y a pas eu de tentative pour pénétrer dans les lieux ». Après que la préfecture ait démenti la version du patron d’En Marche ! comme le titre Le Parisien
(« LREM dénonce une « tentative d’intrusion » à son siège, la
préfecture de police dément »), la même préfecture de police, surement
rappelée à l’ordre, a fini par confirmer la supposée intrusion. Quelle
que soit la vérité, l’un ou l’autre est bien l’auteur d’une « fake
news ».
Le fait est que même si le gouvernement tente, pour le moment, de ne
pas avoir recours aux niveaux de violence qu’il a employé contre le
mouvement des Gilets jaunes, de plus en plus il commence à matraquer les
grévistes et manifestants, à essayer de justifier la répression à
travers des passages sur les médias où l’on vise les « radicalisés »
dans les manifestations, dans les piquets, ou dans les organisations
syndicales. Le gouvernement joue le pourrissement, mais plus il se
trouvera en difficulté, plus il aura recours à la matraque.
Du côté des grévistes, les actions comme celles de ce jeudi, mais
aussi celles qui ont eu lieu depuis le début des vacances, montrent
qu’il n’y a pas de trêve dans la lutte, que la détermination à aller
jusqu’au bout est là. La semaine prochaine sera déterminante en ce sens.
Non seulement parce qu’il y aura la rentrée à l’éducation nationale
(l’autre secteur très mobilisé depuis le 5 décembre), mais aussi parce
que jeudi 9 janvier aura lieu la journée de mobilisation et de grève
nationale, une opportunité pour que d’autres secteurs rejoignent la
lutte.
Le gouvernement affirme qu’il ne reculera pas sur cette réforme des
retraites ; les grévistes, avec ces actions, sont en train de lui
répondre qu’ils ne comptent pas reculer non plus ; et qu’ils iront
jusqu’au retrait.
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