Lors
de la manifestation organisée par la base des grévistes de la RATP et
de la SNCF ce jeudi, le message était très clair : on ira jusqu’au
retrait !
Il n’y a aucun doute que la manifestation organisée les
grévistes de la RATP et de la SNCF, rejointe par des enseignants en
lutte, des étudiants, des postiers, des Gilets Jaunes (dont Jérôme
Rodrigues), entre autres, a été un succès. Certes, on n’a pas vu le
nombre impressionnant de manifestants des journées de mobilisation
nationale appelées par les grandes confédérations syndicales
précédemment, mais l’enthousiasme, la détermination et aussi la joie des
grévistes étaient bien là. Beaucoup de sourires malgré les importantes
pertes d’argent après 22 jours de grève, malgré la fatigue et la
campagne de diabolisation menée par le gouvernement et les principaux
médias.
Cette manifestation, dont le parcours allait de Gare de l’Est jusqu’à
St-Lazare, a fait suite à l’action de lundi dernier à Gare de Lyon où
des salariés de la RATP et de la SNCF se sont mobilisés afin de dénoncer
la violence policière contre les grévistes et leurs soutiens mais aussi
pour dire haut et fort qu’il n’y avait pas de trêve et que la lutte
continuait tant que la réforme n’était pas retirée. Le tout dans un
contexte où certaines confédérations, qui appelaient ouvertement à faire
une « pause » dans le conflit (UNSA ferroviaire), ou une trêve (CFDT)
ont été désavouées par leurs bases, avec de nombreuses unions régionales
de l’UNSA qui continuent à faire grève malgré les déclarations de la
direction, et la CFDT cheminots qui continue également la grève. La date
du 9 janvier appelée notamment par la CGT et l’Intersyndicale, est bien
trop éloignée et ne correspond ni à la radicalité de la base, ni à
l’urgence de la situation. La détermination à la base est forte : peu
importent les décisions des directions syndicales, la « trêve de fait »
n’aura pas lieu !
C’est pour cela que cette manifestation, et toutes les actions
décidées par la base de grévistes présents à la rencontre RATP-SNCF
vendredi dernier, revêtent un caractère fondamental pour le moral des
grévistes et donc pour la poursuite de la grève. Ainsi parmi les
participants on trouvait les dépôts de bus de Lagny (Paris-Est), de
Flandre (Pantin), de Belliard, d’Ivry, de Pleyel, de Saint-Denis, de
Pavillons-sous-bois, de Fontenay ; du côté des lignes du métro on a pu
voir des délégations de la ligne 13, des 3 et 3bis et de la ligne 5. Du
côté de la SNCF, les technicentres de Châtillon et du Landy ont pris
part à la manifestation ainsi que les cheminots du Bourget, et de
plusieurs secteurs de Paris-Nord, St-Lazare et Gare de l’Est. A tout
cela il faut ajouter une grande délégation d’enseignants mais aussi de
Gilets jaunes.
L’arrivée de la manifestation à Saint-Lazare entre chants, slogans mais aussi au son de « Freed from desire »
a été impressionnante. Tout le quartier en a été impacté par l’énergie
et la combativité qui se dégageait des grévistes. Des passants filmaient
et tout au long du parcours beaucoup de signes d’encouragement et de
sympathie ont été lancés à l’égard des manifestants. La manifestation a
été l’occasion également de rappeler l’importance des caisses de grève
et de la solidarité financière pour tenir. Ainsi, plusieurs groupes de
grévistes sont venus avec leurs caisses de grève, en revendiquant même
cet élément central pour continuer à se battre et montrant qu’ils se
sont appropriés de cet outil, ce qui n’était pas du tout une évidence au
début de la grève.
Avant de finir la manifestation, contrairement aux manifestations
syndicales habituelles, il y a eu une prise de parole des représentants
des principaux secteurs mobilisés. Lors de celle-ci tous les
intervenants ont affirmé leur volonté de se battre jusqu’au bout,
beaucoup ont remercié les participants en rappelant l’importance des
décisions des grévistes à la base, qu’eux aussi étaient capables
d’organiser des manifestations et des actions importantes. On a
également affirmé que cette manifestation ne s’opposait nullement à
celles organisées par les directions syndicales. Tout le contraire. Et
en ce sens, Anasse Kazib a appelé à être « dix fois plus nombreux » à la manifestation de samedi 28 décembre prochain convoquée par les syndicats.
Cette manifestation, et toute cette semaine de mobilisation malgré
les fêtes de Noël, montrent qu’il existe une grande détermination parmi
les grévistes pour faire plier le gouvernement et sa néfaste
contre-réforme des retraites. Les grévistes à la base ont conscience que
ce qui est en jeu va bien au-delà de la simple question des retraites,
c’est tout un projet de société et une vision du monde, de l’égalité et
de la justice sociale qui est en jeu. Cet aspect montre qu’il y a eu une
sorte de « giletjaunisation » de la base ouvrière qui commence à parler de plus en plus de « faire dégager tout un système », même si pour le moment cela reste assez général.
Quoi qu’il en soit, la volonté de continuer à s’organiser, à la base,
est toujours là. En ce sens, ce vendredi se tiendra une nouvelle
réunion de coordination entre les grévistes de la SNCF et de la RATP
pour déterminer le calendrier d’actions de la semaine prochaine pour
continuer à maintenir la pression sur le gouvernement et le patronat,
mais aussi pour que la grève reste entre les mains des grévistes et non
entre celles de directions syndicales qui seraient tentées de trahir le
mouvement.
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